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GUINEE: Les démons de la violence interethnique

Stop aux guerres fratricides!

Les démons de la division et de la violence ont la peau dure en Guinée Conakry. La ville de N’Zérékoré dans l’extrême Sud-Est a offert un triste spectacle, le lundi 15 juillet 2013. Des affrontements entre autochtones Guerzés et allogènes Koniakés d’origine Manding ont fait des morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels importants, notamment des domiciles privés incendiés.

altUn correspondant de la radio d’État guinéenne RTG, a décrit le drame dans toute son horreur, soulignant qu’on ne saura « peut-être jamais le nombre de personnes tuées dans ces affrontements, parce que des corps des gens découpés à la machette ne sont pas transportés à l’hôpital ».

Les deux camps se seraient affrontés à coup de fusils traditionnels et de machettes. C’est le meurtre dans la nuit du dimanche à lundi, d’un présumé voleur de l’ethnie Koniaké commis par un gardien de station service d’ethnie Guerzé, qui a mis le feu aux poudres. De vengeances en vengeances, plusieurs quartiers ont été mis à feu et à sang, provoquant la terreur des habitants. N’Zérékoré est connue pour être la ville natale, le fief de l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, et la deuxième ville après Conakry, en termes de population.

L’affaire a été prise au sérieux par le président guinéen, Alpha Condé, qui y a envoyé son ministre chargé de la Sécurité présidentielle, Claude Pivi dit « Coplan », originaire de la région, pour éteindre le feu et ramener le calme. On peut se féliciter de cette prompte réaction du président Condé, mais il reste à savoir si son missi dominici réussira à cicatriser les plaies, lui qui a été inculpé le 27 juin, pour son rôle dans les massacres du 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

Certes, le président Alpha Condé a hérité de cette division et ces violences qui fragilisent aujourd’hui la cohésion sociale en Guinée. Pourtant, un grand pas avait été fait le 3 juillet avec l’accord entre le pouvoir et l’opposition qui doit permettre l’organisation fin septembre d’élections législatives. Attendues depuis plus de deux ans, la tenue de ces législatives a longtemps alimenté la violence, dont les partisans de l’opposition se disaient les principales victimes.

En effet, l’opposition accusait le pouvoir de préparer des fraudes pour s’arroger la majorité à l’Assemblée nationale. Ainsi, de nombreuses manifestations avaient dégénéré à Conakry et dans d’autres villes de l’intérieur, faisant depuis le début de l’année, une cinquantaine de morts et de nombreux blessés. L’accord signé le 3 juillet est donc importante, en ce sens qu’il garantit une certaine transparence, en prenant en compte les revendications des deux parties. Le document précise que le scrutin devrait avoir lieu, 84 jours après la signature de l’accord, alors que ces élections auraient dû intervenir dans les six mois après l’intronisation de Alpha Condé en décembre 2010.

L’accord entérine aussi le choix de l’opérateur technique sud-africain Waymark commis pour l’enrôlement des électeurs, alors qu’il était jusqu’alors contesté par l’opposition qui l’accusait d’être de mèche avec le pouvoir. Waymark devra présenter son travail à des « experts électoraux » des deux camps avant qu’il ne soit accepté.

Un gros nuage sur la tenue des législatives, également dissipé par l’accord, c’est le droit de vote accordé aux Guinéens de l’étranger pour ce scrutin, ce qui était rejeté jusqu’alors par le pouvoir.

L’accord stipule en outre que la Commission électorale nationale indépendante dont l’indépendance a été mise en cause par les opposants, devra « remédier » à ses dysfonctionnements internes avant les élections. On le voit, seuls le dialogue, les concessions mutuelles et la bonne gouvernance peuvent sortir la Guinée de l’instabilité,  » ce triple scandale : politique, moral et économique », selon les termes de Alpha Condé.

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