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Fraudes de sanatoria

Rome, 06 septembre. Certains ont payé des milliers d’euros et ils risquent gros, après avoir perdu leurs sous.

Il y a une vaste zone floue dans la « sanatoria » (régularisation de masse), peuplée de travailleurs étrangers à la recherche d’un permis de séjour et de malins qui ont profité de leur situation pour se taper des sous. La « sanatoria » était réservée aux travailleurs domestiques (colfs et badanti) avec des conditions plutôt rigides sur les revenus et les horaires de travail, ce qui a exclus des centaines de milliers d’immigrés.

Beaucoup ont cependant essayer de rentrer dans la « sanatoria », en se procurant des employeurs fictifs, prêts à présenter la demande pour eux: parfois des amis et des parents, plus souvent des volontaires inconnus recrutés par des intermédiaires et agences qui se sont fait payer divers milliers d’euros pour le dérangement.

Le petit jeu n’a pas marché surtout quand l’employeur ne se contentait pas d’une seule demande, comme prévoyait la loi, mais en a expédiés autant de clients qu’il en a trouvés, boostant son gain.

Les « Sportelli Unici per l’Immigrazione » (S.U.) ont rejeté les demandes en excès et signalé les anomalies à la police, qui est en train de dévoiler les fausses régularisations dans toute l’Italie.

Le cas Reggio Emilia

 

Le cas le plus éclatant est sorti à  Reggio Emilia, où ont été dénoncés 46 employeurs et 210 immigrés.

«Il s’agit pour la plupart de jeunes gens qui travaillent au noir dans la construction et qui se sont fiés de ‘intermédiaires et agences déjà impliquées dans d’autres fraudes et d’employeurs qui promettaient de les mettre en règle comme colfs ou badanti. Ces pauvres diables ont déboursé de 3000 à 15.000 euros, mais les employeurs ont présenté des dizaines de demandes à tete et ont donc été découverts et dénoncés», explique Simone Ruini  du « Comitato No Pacchetto Sicurezza », qui est en train de faire pression, sans résultat, pour une solution politique de l’affaire.

«Avec une condamnation pour fraude et faux, ces travailleurs seront expulsés et ils pourront difficilement rentrer en Italie. Tout le monde sait qu’il est très difficile d’arriver à un permis de séjour de manière linéaire; ils n’ont fait que tenter de sortir de la clandestinité et de l’exploitation. Et à présent, ils ont perdu leurs épargnes et plongent dans le désespoir».

Khaled, manoeuvre égyptien de  25 ans, en Italie depuis 6 ans, «sans permis de séjour, a payé 3000 euros pour se régulariser mais l’employeur a présenté  des tas de demandes. Quand j’ai réclamé mes sous, l’égyptien qui m’avait porté dans l’agence a menacé ma famille de mort», a-t-il dit à « Stranieriinitalia.it ».

La demande d’un autre égyptien (32 ans) a été refoulée parce que l’employeur en avait déjà présenté une autre: «Au patronat, on nous avait dit que ça pouvait se faire; j’ai payé à l’employeur 3.500 euros et 1.500 autres pour faire recours quand, l’année dernière, ma demande a été refoulée. Mon fils est né en Egypte  après mon départ et j’aurais même payé plus pour avoir le permis de séjour pour aller le voir».

Il y a aussi d’autres histoires comme celle de Rufina, une philippine de 38 ans, qui vit à Rome. C’est une vraie colf mais son employeur est philippin mais n’a pas la carte de séjour, document  indispensable pour les employeurs étrangers qui veulent régulariser un travailleur domestique.

«J’ai payé 1000 euros à une philippine qui a une agence; on m’a dit que mon employeur pouvait faire la demande. Maintenant qu’elle a été refusée, elle me dit de ne pas m’inquiéter, qu’on peut faire recours. Mais comment gagner sans les conditions?», dénonce Rufina qui ne sait pas comment se faire rembourser.

 

Pas d’illusion!

 

C’est le pointe d’un iceberg.  Plusieurs demandes sont rejetées mais on n’enquête pas toujours pour dénicher les fraudeurs.

Le comble est qu’il y a même qui a payé pour une demande jamais expédiée, beurré avec un faux récépissé! Que faire dans ces cas?

Un clandestin n’ira jamais à la Police pour dénoncer celui qui l’a fraudé, ce serait le moyen le plus express pour écoper d’une expulsion. C’est pareil dans toute l’Italie.

«Nous avons reçus plusieurs qui ont payé le contrat jusqu’à même 6.000 euros et se retrouvent actuellement avec leur demande rejetée. Nous ne pouvons pas leur faire d’illusion, dans ces cas, il y a de toute façon un concours de responsabilité et c’est très difficile qu’ils réussissent à avoir un permis de séjour pour attente d’emploi»,  dit Maurizio Bove, Responsable immigration du syndicat CISL de Milano, qui souligne: «Il faut cependant distinguer les  responsabilités: d’un coté, il y a les exploiteurs qui spéculent et, de l’autre, des gens qui ont tenté de se régulariser déboursant des milliers d’euros épargnés au noir. Le problème est en amont: si la régularisation était ouverte à tous et pas aux seuls travailleurs domestiques, il n’y aurait pas eu toutes ces fraudes».

Actuellement on semble loin d’une solution politique, une sorte de « sanatoria » de la « sanatoria ». Entre-temps, les chiffres ne peuvent qu’empirer car la plupart des fausses demandes sont parties en fin septembre 2009, dans les derniers jours de la régularisation et plusieurs « Sportelli Unici » n’ont pas encore commencé  à les examiner.

Elvio Pasca

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