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BAYO OGUNLESI – Ce nigérian a acheté ITALO: la plus grande compagnie ferroviaire privée italienne

Portrait du président du fond GIP (Global Infrastructure Partners) qui a acheté la compagnie de chemin de fer. L’aéroport de Gatwick est également dans le portefeuille de ses fonds. A l’extérieur de sa porte il y a une file d’investisseurs parce qu’il gagne 24% par an. Même Donald Trump l’a appelé, mais par la suite… 

 

C’est son Global Infrastructure Partners (GIP), un fonds d’investissement privé spécialisé dans le secteur des infrastructures, qui a acheté la compagnie ferroviaire créée par les hommes d’affaires italiens Luca Cordero di Montezemolo et Diego Della Valle.

En réalité, Ogunlesi voulait être avocat et c’est pourquoi en 1979 il a obtenu son diplôme de droit à Harvard, alors que la faculté de droit de l’université américaine n’admettait généralement pas les étudiants ayant étudié en dehors des États-Unis.

«J’étais le seul non-américain, je venais du Nigeria, avec un mec d’Arabie Saoudite et un autre d’Iran: trois grands pays producteurs de pétrole. Je crois que Harvard pensait que nous aurions fait retour dans nos pays, fait fortune et  financé une chaire dans notre patrie bien-aimée», auto ironise, Ogunlesi, esprit jovial et différent des stéréotypes des banquiers de Wall Street: «Je ne porte pas les bretelles et, quand je les avais, je ne me peignais pas les cheveux en arrière avec la brillantine», souligne encore Ogunlesi qui, depuis qu’il est aux affaires, a montré un bon flair et de la poigne.

Son curriculum vante des études de premier ordre, grâce à sa famille d’origine, appartenant à l’élite nigériane: Papa Theophilus a été le premier prof de médecine à l’Université d’Ibadan, la première fondée après l’indépendance. C’est ainsi qu’Ogunlesi a d’abord fait ses études au King’s College à Lagos, puis en Grande-Bretagne, à Oxford (philosophie, politique et économie) et ensuite à Harvard (USA) où il a également obtenu le MBA.

Sa passion pour la loi l’a conduit à la capitale, Washington DC où il a travaillé, de 1980 à 1983, à la Cour suprême juge Thurgood Marshall: premier non-américain à etre admis au plus haut tribunal aux États-Unis.

A sa décision de passer à la pratique privée, il déménagea à New York pour entrer dans le cabinet d’avocats Cravath, Swaine Moore. Mais il n’y restera que 9 mois car, un jour, l’appela un ami du Nigeria qui travaillait pour le Ministère du pétrole sur un projet avec la banque d’affaires américaine First Boston. Cette dernière a sollicité Ogunlesi comme conseil pendant quelques mois: «J’aimerais bien dire que c’était ma brillante capacité juridique qui intéressait First Boston, mais ce n’était pas le cas. Il ne peut pas échapper le fait que si la banque employait un bon ami de son client, elle espérait être avoir un coup de main dans la conclusion de l’affaire» dit-il dans une interview « entre le sérieux et le facétieux », en 2002.

Au contraire, six mois après le début de ses conseils, un coup d’Etat au Nigeria muta le gouvernement et son ami finit presque en prison. Mais First Boston voulut garder parmi ses rangs Ogunlesi, qui évidemment pendant ces mois, sut se faire apprécier, et débuta ainsi sa carrière dans le monde de la finance spécialisée dans les opérations d’infrastructures, du pétrole au transport: d’abord comme responsable du groupe de Financement du projet, puis du groupe opérationnel sur le pétrole et le gaz, auquel s’est ensuite ajouté le groupe de Chimie.

 En 1990, Credit Suisse a acquis First Boston et, de cette fusion, est née Credit Suisse First Boston (CSFB), où Ogunlesi continua de grimper la hiérarchie jusqu’à sa promotion à Chef mondial des services bancaires d’investissement en 2002, avec pour tache de rerentabilier cette activité, qui l’année précédente, avait perdu près d’un milliard USD, à cause des chevauchements du personnel et des fonctions engendrées par l’acquisition, en 2000, d’une autre banque d’affaires: Donaldson, Lufkin Jenrette.

 «Je vais briser un tas de verre« , avait annoncé Ogunlesi aux managers sous ses ordres, lors de la première réunion après la nomination. Et il maintint sa promesse, coupant des centaines de têtes et les dépenses (stop aux limousines aux banquiers) et reportant le bilan de CSFB en positif, dans l’espace d’un à peine.

 En juillet 2006, il décide de se mettre à son propre compte, mais en collaboration avec Credit Suisse, fondant GIP. La même année, Ogunlesi marque son premier coup: l’achat (en joint-venture avec le groupe d’assurance AIG) de l’aéroport de London City. Le chiffre payé n’est pas connu, mais selon les rumeurs du marché, l’opération a généré un profit de 2,5 milliards USD quand, il y a 10 ans, GIP a revendu la structure aéroportuaire.

 Les infrastructures de transport aérien sont le dada d’Ogunlesi: la presse nigériane l’a surnommé «L’homme qui a acheté Gatwick» lorsqu’il a acquis, en 2009, le deuxième plus grand aéroport du Royaume-Uni pour trafic des passagers. Ogunlesi lui-même Ogunlesi a investi son propre argent dans l’opération, toujours en cours. Désormais, les investisseurs se bousculent pour participer aux initiatives de GIP: le deuxième fonds, lancé en septembre et un fort d’un capital de 8,25 milliards USD, a, selon les estimations Bloomberg, réalisé un profit  moyen de 24,2% par an.

 Entre-temps, le banquier nigérian n’a pas oublié son pays et son continent: il conseille les les gouvernements nigérians sur les politiques fiscales et économiques et collabore avec Africa Finance Corporation (AFC), une institution visant à stimuler la reprise économique africaine.

Il a également accepté de donner des conseils à Donald Trump, lorsque le nouveau président a été indtitué, en décembre 2016, un forum d’hommes d’affaires sur «la stratégie politique et économique» pour les Etats-Unis et l’avait invité à s’y joindre. Dommage que Trump ait ensuite  démantelé le forum, peu de mois plus tard. Qui sait si avec l’actuelle relance des projets de rénovation des infrastructures et l’idée de rendre plus grande encore l’Amérique, Trump ne revienne pas demander l’avis d’Ogunlesi… même si le banquier vient d’un des pays que  le président américain, a apostrophé par un épithète décidément inélégant.

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