in

AFRIQUE DU SUD: Le bain de sang de la mine de Marikana est révélateur des frustrations des sud-africains

Un massacre qui… mine le pays!

Le mécontentement général couvait déjà depuis des mois dans l’industrie minière d’Afrique du Sud. Ce qui avait commencé par une demande de hausse des salaires s’est terminé en massacre, signe révélateur de la frustration croissante qui règne en Afrique du Sud.

Les mineurs s’étaient rassemblés il y a une semaine à Marikana, sur la colline près de la troisième plus grande mine de platine du monde. Enveloppés dans des couvertures pour se protéger du froid qui règne cet hiver en Afrique du Sud, armés de machettes, de bâtons et de couteaux, ils demandaient le triplement de leurs salaires. Ce différend s’est terminé par la mort de 44 personnes.

Ils s’étaient mis en grève sans autorisation, car ils se sentaient abandonnés par la NUM, (National Union of Mineworkers), le syndicat des mineurs, qui soutient le président Jacob Zuma et son parti au pouvoir, l’ANC. Ce parti est de plus en plus décrié pour son inertie en matière de combat contre la pauvreté et est accusé de se remplir les poches. Les mécontents se sont réunis dans un syndicat plus actif, l’AMCU (Association of Mineworkers and Construction Union), qui a essayé d’enrôler les mineurs mécontents dans ses rangs.

La police a affirmé qu’elle n’avait pas le choix et qu’elle avait dû se défendre. Mais nombreux sont les Sud-Africains qui ont été outragés après avoir vu les images de cette tragédie. L’année dernière, un homme avait été tué alors qu’il manifestait contre ses mauvaises conditions de vie

« La police aurait dû être capable de régler cette affaire d’une autre manière que par des tirs et des tueries. On a déjà vu la police dans d’autres manifestations montrer son incapacité à maîtriser les événements d’une manière contrôlée. Ce n’est pas un problème qui va se dissiper. Le chômage dans le pays est élevé, et la population travaille pour des salaires de misère. Ceci aurait pu arriver partout ailleurs« , affirme Gosebo Mathope, un directeur de marketing de 33 ans, habitant à Johannesburg, qui espère que cette tragédie servira à faire naître un changement.

Le fait de penser que cette tragédie aurait pu survenir dans d’autres domaines a son importance, car les mineurs se sentaient jusqu’alors seuls dans leur désillusion sur leurs vies depuis la fin de l’apartheid. On constate une augmentation des manifestations ces dernières années dans d’autres secteurs.

« Et ces manifestations en Afrique du Sud deviennent de plus en plus violentes. Chaque fois que la police est confrontée avec de la violence, je ne m’attends pas à les voir répondre d’une autre manière. Deux de leurs collègues sont déjà morts cette semaine« , affirme Quinton Mtyala, un homme de 34 ans résidant au Cap

La grève dans les mines n’était pas une surprise. D’autres grèves et rivalités ont déjà été fatales pour d’autres personnes au début de cette année. Mtyala pense que le conflit est trop resté sous silence.

« Ce gouvernement aurait dû intervenir. Il est triste de voir des personnes tuées comme ça.  Maintenant, il est important que tout le monde ne se rejette pas la faute mais que les parties impliquées se posent des questions« , pense Hilton Johnson, un jeune trentenaire, chef de projet chargé de la mise en place de micro-entreprises, soulignant: « Il ne sert à rien de pointer du doigt qui que ce soit. Nous devons prendre des responsabilités collectives. Nous ne devrions pas nous cacher la tête dans le sable sur le niveau d’inégalité dans notre pays et sur le fait que les gens en ont assez. La machine politique doit comprendre que cela ne peut plus continuer comme ça« .

CAMEROUN: Hommage au journaliste Stéphane Tchakam

MADAGASCAR: Sommet de la SADC – Le 3ème round des négociations entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, accouche d’une souris