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ZAMBIE: Un vice-président blanc!

Une première en Afrique subsaharienne, depuis les élections multiraciales de 1994 en Afrique du Sud.

Le 5ème président de la Zambie Michael Sata, a désigné comme vice-président, Guy Scott, un ancien secrétaire général du parti au pouvoir, le Front patriotique. Rien là que du très normal si ce n’est que Guy Scott est un Blanc, une première à ce niveau en Afrique subsaharienne, depuis les élections multiraciales de 1994 en Afrique du Sud.

Ce qui aurait pu être un handicap est devenu pour Guy Scott le signe «que la Zambie est en train d’écrire un nouveau chapitre de son histoire». Et l’histoire de la Zambie, Guy Scott 67 ans, la connaît sur le bout des doigts. Lui, et avant lui, son père immigré britannique, mais anti-impérialiste dans l’ancienne Rhodésie du Nord en 1927, scellent leur destin avec celui de la Zambie qui devient indépendante en 1964.

Guy Scott a alors 20 ans et termine des études d’économie à l’université de Cambridge. Diplôme en poche, il revient aussitôt à Lusaka en 1965 où il intègre le ministère des Finances qu’il quittera dans les années 1970 pour se lancer comme entrepreneur dans l’agriculture avant de rejoindre l’université d’Oxford dans les années 1980 où il mène des recherches en robotique.
Guy Scott a déjà 46 ans quand il rejoint le Mouvement pour la Démocratie Multipartite( MMD). Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître, son parti gagne les élections face au père fondateur de l’indépendance zambienne, le Dr Kenneth Kaunda. Lui, le Zambien blanc, est nommé ministre de l’Agriculture, un domaine où son expérience renforce sa crédibilité. Il passe à l’opposition en 2001 et rejoint le Front Patriotique créé par Michael Sat,a sous la bannière duquel il est élu député de Lusaka en 2006.

La nomination de Scott comme vice-président, si elle est remarquable dans la région et dans la Zambie, voisine du Zimbabwe, ne semble guère remuer la population. Zambien de naissance avant d’être un Blanc comme le rappellent certains de ses partisans, Guy Scott porte en effet les couleurs de son pays de même qu’il maîtrise parfaitement le bemba, la langue de l’ethnie majoritaire en Zambie.

En Zambie comme ailleurs en Afrique, les retombées de la colonisation demeurent, des décennies après les indépendances, sujet à controverse. Interrogé à ce propos, Guy Scott ne botte pas en touche, quitte à choquer, quand il estime que «le peuple est nostalgique [de cette période], non pas de l’exploitation et des divisions mais du niveau de vie de l’époque coloniale. A l’hôpital il y avait des médicaments, à l’école des livres, et quand vous alliez dans les magasins, il y avait des produits en vente».

Soulignant la différence avec le Zimbabwe, indépendant depuis 1980, le nouveau vice-président zambien observe que sa nomination a pu avoir lieu peut-être parce que la Zambie, qui a conquis son indépendance depuis plus longtemps, a fait plus de chemin sur la voie de l’oubli et du pardon. C’est pourquoi son accession à la vice-présidence est la preuve, pense-t-il que «la Zambie est en train de passer d’une société post-coloniale à une société plus cosmopolite».

De plus, la Constitution zambienne prévoyant qu’en cas de vacance du pouvoir due au décès de président ou pour tout autre motif, c’est le vice-président qui doit prendre la relève jusqu’aux élections qui doivent se tenir dans les 90 jours.

Ainsi, Guy Scott pourrait se retrouver président de la Zambie si, ce qu’à Dieu ne plaise, Michael Sata qui a 74 ans, ne terminait pas son mandat.

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