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SENEGAL: Scènes obscènes!

Les clips des danses « obscènes » s’enchaînent, l’opinion condamne.

Les danses obscènes diffusées dans les différentes chaînes de télévision ont suscité des commentaires. Au point que le président Wade, recevant les patrons de presse, en fin janvier, s’en était indigné. Cela ne devrait-il pas sonner le glas de ces programmations tant décriés aussi par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)? Autopsie d’une pratique controversée…

«C’est devenu un truisme de dire que les programmes musicaux font la part belle à un véritable concours de sensualité où les limites de la décence sont sans cesse dépassées. Car, à la vulgarité des chants, s’ajoutent la quasi nudité et les contorsions suggestives des danseurs et danseuses qui provoquent l’indignation générale», déplore avec force le directeur de la Communication, Papa Atoumane Diaw.

Pour l’ancien journaliste de la RTS (Radio Télévision Sénégalaise)ts, du fait de la concurrence féroce, nos télévisions ont «renoncé à leurs obligations de véhiculer des programmes plus conformes à nos valeurs et à nos cultures. Le président de la République a raison de s’indigner. Nous devons mettre un terme à ces pratiques avilissantes qui nous sont étrangères. Les programmations participant à la dépravation de nos moeurs vivent leurs derniers moments de télé».

De son côté, la directrice des programmes de la RTS, Marième Selly Kane, plaide pour «la réhabilitation de la danse». Elle s’émeut de l’obscénité de certains clips montrés à la télévision.

«Je suis tout a fait d’accord avec le constat que le président de la République a fait. J’en suis consciente qu’au niveau de la RTS, nous avons apporté des correctifs. Nous avons pensé que les clips ne doivent pas être balancés sans aucune réflexion préalable. Je pense que les images indécentes sont les mêmes dans presque toutes les télévisions. Cela est incompréhensible. De 9 heures 30 à midi, les télévisions ciblent la bonne ménagère qui est chez elle. On m’a raconté l’histoire du président de la République qui a voulu montrer la richesse des télévisions de son pays à ses collègues chef d’Etat depuis l’étranger. Ils ont pris les télés par câble et, sur toutes les chaînes, ils tombaient sur les mêmes danses. Et bien sûr, cela ne lui a pas du tout plu».

Interpellé, le président de la Commission culture et communication de l’Assemblée nationale, Ousmane Guèye, avance qu’il faut qu’on «moralise la danse car il n’est pas normal de copier la culture occidentale. Je crois que quand on voit ce qui se passe à la télévision, on se rend compte qu’on est en train de détruire en partie notre tradition. Il est temps de s’interroger sur ces pratiques. On n’a pas le droit de verser dans l’aliénation culturelle. Il s’agit de sensibiliser ceux qui ont en charge des programmes télévisuels. Lles danses érotiques ne peuvent être dissimulées dans des pantalons moulants. Cela ne suffit pas», affirme-t-il.

Tout en reconnaissant la vulgarité des esquisses de danses montrées en boucle dans les chaînes de télévision, les danseuses ne veulent point porter le bonnet d’âne et dégagent en touche, rejetant la corrélation tenue indécent-danse obscène.

Pour Mbathio Ndiaye par exemple, qui veut fonder une famille et être entourée de sa progéniture, certains producteurs ont une part de responsabilité: «Vous ne verrez pas leurs enfants porter ce genre de tenues. La danseuse doit être intransigeante par rapport à ses principes».

Quant à Aïda Fall, alias Aïda Dada du groupe « Les Lionnes », elle lance: «le jour où j’aurai un mari, je laisserai la danse».

Les producteurs et diffuseurs interpellés sur la question font savoir que certains clips sont réellement indécents.

«Cela dépend des types de clips», répondent au bout du fil Moussa Mballo du groupe Guélongal et Bara Sow. Mais le premier s’empresse d’ajouter: «On n’impose à personne de porter des tenues indécentes. Il y a des clips hyper sexys. Si on les diffusait, ce serait la catastrophe», témoigne-t-il.

Nafi Digo

 

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