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NIGER: Le président de l’Assemblée nationale Hama Amadou en fuite!

D’emblée, l’Assemblée… sans président?

Le président de l’Assemblée Nationale du Niger, ex-allié du président Issoufou devenu le principal opposant au régime, a quitté son pays dans la clandestinité pour se réfugier à Ouagadougou, au Burkina Faso, qui n’a pas encore précisé s’il accordait l’asile politique à l’opposant Hama Amadou. Le Niger n’a pas encore formulé de demande d’extradition.

Le président de l’Assemblée Nationale du Niger, ex-allié du président Issoufou devenu le principal opposant au régime, a quitté son pays dans la clandestinité pour se réfugier à Ouagadougou, au Burkina Faso, qui n’a pas encore précisé s’il accordait l’asile politique à l’opposant Hama Amadou. Le Niger n’a pas encore formulé de demande d’extradition.  Le leader du parti « Moden FA Lumana » a pris la clé des champs, à la suite d’une requête adressée par le gouvernement au bureau de l’Assemblée nationale du Niger, demandant l’arrestation du président de l’Assemblée, cité dans une affaire de trafic de bébé nigérians. Lundi 25 août déjà, le ministre d’Etat chargé de l’Agriculture Abdou Labo, l’un des alliés du régime du président socialiste Mahamadou Issoufou, avait été écroué à la prison de Saye.

Les épouses des deux hommes politiques avaient été déjà inculpées et écrouées depuis deux mois, dans le cadre de l’affaire dite des « bébés importés », pour le délit de « supposition d’enfant », qui réprime, au Niger, la fausse maternité. Les enquêteurs auraient mis au jour des preuves que les enfants, presque tous jumeaux, baptisés depuis plusieurs mois dans plusieurs familles de la haute société nigérienne, provenaient d’un trafic organisé au Nigeria autour d’une clinique de l’Etat d’Ondo.

Règlement de comptes politique ?

Alors, cette affaire de bébés importés serait-elle un prétexte pour évincer un rival politique ? C’est l’hypothèse soulevée notamment par le site d’information « Guinée Conakry Infos »: «Après un an d’une guerre tantôt ouverte, tantôt sournoise, le vent semble enfin tourner en faveur du président Mahamadou Issoufou. Depuis qu’en août 2013, le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine et son président Hama Amadou se sont publiquement offusqués de la part incongrue, à eux accordée, dans la composition gouvernementale, ce n’est pas la paix entre les deux alliés. Percevant le président de l’Assemblée Nationale comme un adversaire qui assume de plus en plus son statut, Mahamadou Issoufou n’a pas ménagé ses efforts pour faire regretter à Hama Amadou « son audace et son impertinence. C’est ainsi qu’on a dernièrement assisté à l’arrestation et à l’incarcération de certains de ses militants pour, dit-on « attentat contre la sureté de l’Etat ». De même, des proches, dont son fils, Ismael Hama Amadou, sont persécutés. Dans la même veine, sa garde rapprochée lui a également été retirée. La seule chose qu’on n’avait pas réussi jusqu’ici, c’était de le démettre du poste de président de l’Assemblée Nationale ! Mais avec l’affaire très embarrassante des « bébés importés », Hama Amadou aura du mal à sortir son épingle du jeu, estime le site guinéen. Sujet éminemment moral dans un pays où la quasi-totalité des populations est de confession musulmane, il ne sera pas évident pour le président de l’Assemblée Nationale de se tirer d’affaire. Certes, il soutient son épouse, en indiquant que les deux jumeaux supposés importés du Nigeria sont de sa chair. Il se dit prêt pour un test ADN, à condition que ce soit avec une structure indépendante. Mais, avec l’aide des médias, il est probablement déjà perçu comme coupable aux yeux de l’opinion publique. »

Leçon de démocratie ?

A contrario, le journal burkinabè « Le Pays » ne croit pas trop à cette hypothèse du règlement de compte politique… « On a des raisons de penser que l’affaire est purement judiciaire, affirme-t-il. En effet, dans cette affaire de trafic de bébés, un ministre d’Etat du régime est lui-même dans la nasse de la Justice. Sauf à démontrer qu’on est dans le genre de situation où le chef de l’Etat fait arrêter un proche pour en faire un moyen d’atteindre un adversaire, on peut y voir un indice de crédibilité de ces poursuites judiciaires, relève Le Pays. De plus, il faut bien croire que la Justice nigérienne a déjà donné, de par le passé, des gages de son indépendance vis-à-vis de l’exécutif. On a en mémoire le refus de la Cour constitutionnelle de ce pays de cautionner les initiatives de révision constitutionnelle de Mamadou Tandja, alors chef de l’Etat. On se rappelle aussi la relaxe par la Justice, de journalistes mis aux arrêts par le régime de Mahamadou Issoufou. Toujours est-il que si manipulation politique il y a, c’est que les présumés manipulateurs ont de la matière, estime Le Pays. Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu ? On ne plaisante pas avec ce genre de choses, s’exclame le quotidien ouagalais, et il serait ahurissant que les autorités judiciaires de Niamey ne disposent pas de preuves ou d’indices de ce qu’ils avancent. »

Et « Le Pays » de conclure : « en demandant des comptes au plan judiciaire à de hautes personnalités, y compris à un ministre d’Etat, proche du chef de l’Etat lui-même, le Niger donne ainsi une belle leçon de démocratie aux autres pays, surtout du continent noir. »

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