L’emprise des milices complique la tâche du CNT à Tripoli.
Les combats qui éclatent à Tripoli soulignent le manque de prise qu’ont les autorités du Conseil national de transition (CNT) sur les milices rivales. Le chef du CNT, Mustapha Abdeljalil, espère néanmoins que la majorité des révolutionnaires auront rejoint l’armée nationale dans les deux mois.
Des combats ont éclaté entre des milices rivales, à Tripoli autour d’une résidence de Saadi, l’un des fils de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi. Aucun mort n’a été signalé mais les combats à l’arme lourde et à l’arme légère ont duré près d’une heure. Des combats similaires dans la capitale avaient fait 4 morts, au début du mois de janvier, entre des brigades qui échappent au contrôle des autorités de transition.
L’accrochage a opposé pendant plus d’une heure des milices de Misrata – qui occupent depuis plusieurs mois la villa de Saadi Kadhafi – et les katibas de Zentane.
Les révolutionnaires de ces deux villes ont joué un rôle de premier plan dans les combats qui ont fait chuter le régime de feu Mouammar Kadhafi, il y a 4 mois. Ces katibas (milices) ignorent les injonctions du Conseil National de Transition et refusent de regagner leur ville, occupant des écoles, des centres de vacances, des bâtiments administratifs de la capitale et parfois des centres de détention.
Des milices de Misrata étaient déjà impliquées dans les affrontements avec des révolutionnaires locaux qui ont fait quatre morts le mois dernier. En janvier, Mustapha Abdeljalil lui-même avait déjà déclaré que le pays risquait de sombrer dans la guerre civile, si les milices révolutionnaires ne rentraient pas dans les rangs. Le chef du CNT espère maintenant que, d’ici deux mois, 60% à 70% des combattants révolutionnaires auront rejoint l’armée nationale, qui n’existe à ce jour que sur le papier.
Faute d’armée régulière, la présence de milices semble parfois faire l’affaire du CNT. Les brigades de Zentane, par exemple, règnent en maître sur l’aéroport international de Tripoli et les autorités de transition n’envisagent pas, pour le moment, de les en chasser. Elles sont en charge de la sécurité de l’aéroport et elles en profitent pour organiser des trafics.
«Nous n’avons pas le choix : nos policiers n’ont même pas de chaussures pour travailler», concède un membre du CNT, un rien désabusé.