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LIBYE: Amnesty International demande des enquêtes sur les frappes aériennes de l’OTAN

OTAN… en a emporté le vent?

Jusqu’à présent, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) n’a pas enquêté sur les nombreuses pertes civiles causées par les frappes aériennes lancées par ses forces en Libye, écrit Amnesty International, dans une nouvelle synthèse, publiée un an après le déroulement des premières frappes.


Dans ce document intitulé « Libya: The forgotten victims of NATO Strikes » (Libye: Les victimes oubliées des frappes aériennes de l’OTAN), l’organisation explique que de très nombreux civils libyens,  qui n’étaient pas impliqués dans les combats, ont été tués et beaucoup d’autres blessés, pour la plupart chez eux, par les frappes aériennes de l’OTAN. Elle ajoute que l’OTAN n’a pas mené les investigations nécessaires, ni même tenté d’entrer en contact avec les survivants et les familles des victimes.

L’organisation estime qu’il convient de mener des enquêtes dignes de ce nom et d’accorder aux victimes et à leurs familles des réparations pleines et entières.

«Il est profondément décevant que plus de quatre mois après la fin de l’opération militaire, les victimes qui ont survécu et les familles des personnes tuées par les frappes aériennes de l’OTAN ne sachent toujours pas ce qui s’est passé, ni qui était responsable. Les dirigeants de l’OTAN ont mis en avant à plusieurs reprises leur détermination à protéger les civils. Ils ne sauraient aujourd’hui balayer d’un revers de main la mort de nombreux civils en se contentant de vagues déclarations de regret, sans enquêter dûment sur ces funestes événements», a estimé Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International.

Les enquêtes doivent déterminer si les pertes en vies humaines au sein de la population civile sont la conséquence de violations du droit international et, le cas échéant, les responsables présumés doivent être déférés à la justice.

Amnesty International a recensé 55 civils identifiés, dont 16 enfants et 14 femmes, tués dans le cadre de frappes aériennes à Tripoli, Zlitan, Majer, Syrte et Brega.

Nombre de ces pertes sont dues à des frappes aériennes lancées contre des logements privés, où Amnesty International, pas plus que d’autres, n’a découvert d’éléments prouvant qu’ils étaient utilisés à des fins militaires au moment de l’attaque.

Dans la soirée du 8 août 2011, deux maisons appartenant aux familles Gafez et al Jaarud ont été touchées à Majer, à l’ouest de Misratah. Selon des membres de la famille qui ont survécu à cette attaque, 34 civils, dont 8 enfants et 8 femmes, ont été tués et plusieurs ont été blessés, lors de trois frappes distinctes. D’après la famille, aucune personne n’était présente, ni aucune activité engagée près de leur domicile qui pourrait expliquer ces attaques.

La réponse de l’OTAN affirmant que «responsabilité première» de conduire des enquêtes revient aux autorités libyennes, «équivaut à un refus d’assumer la responsabilité de ses actes. Elle donne aux victimes et à leurs familles le sentiment qu’elles ne sont pas prises en compte et n’ont aucunement accès à la justice», a déploré Donatella Rovera.

Tous les survivants et les proches des victimes tuées lors des frappes de l’OTAN qu’Amnesty International a interviewés ont assuré qu’ils n’avaient jamais été contactés par l’OTAN ni par le Conseil national de transition libyen.

L’OTAN doit veiller à ce que des enquêtes indépendantes, impartiales et approfondies soient menées dans les meilleurs délais sur toutes les allégations de graves violations du droit international imputables aux participants de l’opération Unified Protector et à ce que leurs conclusions soient rendues publiques. Lorsqu’il existe suffisamment de preuves recevables, les suspects doivent être poursuivis.

 

Complément d’information

Selon l’OTAN, la campagne militaire aérienne et maritime qui a duré sept mois en Libye a englobé plus de 9 700 frappes et détruit plus de 5 900 cibles militaires. Dans le cadre de ses opérations militaires, l’OTAN était tenu de respecter les règles du droit international humanitaire applicables dans les conflits armés et, plus particulièrement, dans le cas de sa campagne aérienne, prendre toutes les précautions en vue d’éviter, ou tout au moins de réduire au minimum, les dommages causés aux civils, notamment :

■ faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires ;

■ sélectionner le type d’armes et la méthode d’attaque en vue de réduire au minimum les pertes en vies humaines dans la population civile et les dommages aux biens de caractère civil ;

■ évaluer la proportionnalité de l’attaque prévue ; annuler ou suspendre une attaque lorsqu’il s’avère qu’elle n’est pas dirigée sur la bonne cible ou qu’elle est disproportionnée ; et

■ donner un avertissement en temps utile dans le cas d’attaques pouvant affecter la population civile, à moins que les circonstances ne le permettent pas.

 

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