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DROITS HUMAINS: Indice mondial de l’esclavage – Les pays africains enregistrent les pires performances

L’esclavage ravage!

Quinze pays africains ont le plus fort taux de prévalence de l’esclavage moderne dans le monde, selon le premier Indice mondial de l’esclavage publié par Walk Free, une ONG australienne. La Mauritanie se classe en tête de l’Indice, avec la plus grande proportion de la population au monde réduite en esclavage.

altEn Afrique beaucoup de gens continuent de souffrir de l’esclavage mais sous des formes modernes. Quinze pays africains ont le plus fort taux de prévalence de l’esclavage moderne dans le monde, selon le premier Indice mondial de l’esclavage, publié lundi 14 octobre 2013.

«C’est la première année de publication de cet indice de l’esclavage, mais il peut déjà influencer nos initiatives nationales et internationales en vue de l’éradication de l’esclavage moderne en Afrique et dans le monde entier. Nous savons maintenant que plus des trois quarts des victimes de l’esclavage moderne se situent dans seulement dix pays. L’essentiel de nos efforts pour éradiquer l’esclavage doivent se concentrer sur ces nations», explique le directeur général de Walk Free Foundation, Nick Grono.

Conçu en consultation avec un groupe international d’experts issus d’organisations internationales, de groupes de réflexion et d’institutions universitaires, l’Indice mondial de l’esclavage a été adopté par des personnalités.

Il s’agit notamment de l’ancienne Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, des anciens Premiers ministres Tony Blair, Gordon Brown et Julia Gillard, ainsi que de grands philanthropes tels que Bill Gates, Sir Richard Branson et Mo Ibrahim, des académiciens, des leaders d’entreprise, et des décisionnaires politiques.

«La Mauritanie se classe en tête de l’Indice, avec la plus grande proportion de la population au monde réduite en esclavage. Ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui est caractérisé par un système d’esclavage héréditaire profondément ancré, compterait 150 000 esclaves pour seulement 3,8 millions d’habitants. La Mauritanie est suivie par le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Gambie et le Gabon parmi les dix premiers de l’Indice», renseigne l’Indice mondial de l’esclavage.

Il «identifie également des facteurs qui mettent en lumière le risque d’esclavage moderne dans chaque pays et s’intéresse à la réponse du gouvernement face à cette question dans les 20 pays au sommet et en bas du classement de l’indice».

Il prend en compte la priorité accordée à l’éradication de l’esclavage moderne, les méthodes utilisées à cet effet, et les moyens d’amélioration envisageables pour chaque pays.

En 2013, l’esclavage moderne se présente sous de nombreuses formes, et est connu sous de nombreux noms : trafic humain, travail forcé, pratiques d’esclavage ou apparentées à l’esclavage (une catégorie qui comprend la servitude pour dette, le mariage forcé ou avec asservissement, la vente ou l’exploitation d’enfants lors de conflits armés).

«Les victimes de l’esclavage moderne sont privées de leur liberté et utilisées, contrôlées et exploitées par une autre personne à des fins de profit, sexuelles, ou pour le plaisir de la domination. Les estimations en matière de prévalence de l’esclavage moderne sont une mesure combinée de trois facteurs: la prévalence estimative de l’esclavage moderne en fonction de la population, une mesure du mariage des enfants et des données relatives au trafic humain en provenance et à destination d’un pays», explique le directeur général de Walk Free Foundation, Nick Grono.

Il souligne que la recherche, qui offre aussi des recommandations à l’intention des décideurs politiques d’Afrique et du monde entier, met en avant les faits suivants:

1. L’extrême pauvreté, les conflits et les pratiques traditionnelles telles que le mariage des mineurs et l’esclavage héréditaire contribuent aux taux élevés d’esclavage dans de nombreux pays africains;

2. Un nombre important des personnes déplacées venant de pays voisins, tels que la Somalie, le Soudan et l’Éthiopie, se sont réfugiées au Kenya. Ces immigrants, souvent sans papiers, peuvent être contraints de vivre dans des conditions s’apparentant à l’esclavage. Les Kenyans sont aussi exploités à l’étranger;

3. Parmi les pays les mieux classés, Maurice se classe 143e sur les 162 pays de l’Indice et se trouve en tête de file dans la région en termes de stabilité et de protection des droits de l’homme et des travailleurs. L’Afrique du Sud, en 115e place, a suscité les éloges des auteurs du rapport en raison de ses politiques favorisant la lutte contre l’esclavage. «Plus de 29 millions de personnes dans le monde vivent dans des conditions d’esclavage moderne. Haïti, une nation des Caraïbes où l’esclavage des enfants est également répandu, se classe à la deuxième place de l’indice, le Pakistan décrochant la troisième position», selon l’Indice mondial de l’esclavage.

Le directeur général de Walk Free Foundation, Nick Grono est d’avis qu’«il serait bien sûr rassurant de se convaincre que l’esclavage est une relique du passé, mais il continue à gangréner les sociétés sur chaque continent».

«La plupart des gouvernements ne s’intéressent pas en profondeur à l’esclavage pour de nombreuses mauvaises raisons. Il existe des exceptions, mais de nombreux gouvernements ne veulent pas entendre parler des personnes qui n’ont pas le droit de vote, qui sont cachées, et qui sont probablement en situation irrégulière. Il existe des lois, mais il manque les outils et les ressources et la volonté politique correspondante. Comme les esclaves cachés ne peuvent pas facilement être comptés, il est facile de faire comme s’ils n’existaient pas. C’est ce que l’indice entend changer», précise le principal chercheur auteur de l’étude, le professeur Kevin Bales.

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