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CONGO-BRAZZA: Traitement de la maladie – Entre l’hôpital, l’église et le fétichisme

Malade en ballade? 

On pensait qu’avec la forte urbanisation et l’entrée fulgurante dans la modernité, le féticheur et l’église de réveil, en raison de leurs gesticulations et spéculations parfois fantaisistes, n’auraient plus leur place dans le traitement des divers maux dont souffre l’homme. Erreur! Car ces deux moyens de traiter des pathologies continuent d’avoir une place de choix dans le mental de certains, quand il faut réfléchir sur où aller lorsqu’un membre de la famille tombe malade.

altLe constat est que plus les prouesses de la médecine s’affirment et se confirment en matière de traitement de nombre de pathologies, plus certaines personnes considèrent l’église ou le fétichisme l’absolue voie pour éliminer les maux dont souffre l’homme. Les parents de malades ont toujours des points de vue divergents, et on ne saurait imaginer qu’ils cessent définitivement de conduire leurs malades à l’église de réveil ou chez le féticheur. À dire vrai, les statistiques montrent qu’une majorité écrasante souhaite conduire leurs malades dans des hôpitaux, mais elle se heurte à l’opposition d’une minorité divisée elle-même en deux extrêmes, l’une préconisant l’église tandis que l’autre, sous le poids des pesanteurs socioculturelles, appelle à la guérison fétichiste.

Si l’hôpital cherche avant tout à trouver la cause du mal à travers les différents diagnostics posés pour proposer au malade un traitement en connaissance de cause, les deux autres moyens, c’est-à-dire le charlatanisme et l’église dite de réveil surtout, recherchent avant tout la cause sociale, avec des affirmations toutes gratuites du genre : c’est l’oncle, la tante, le cousin, le grand-père, l’ami ou le camarade qui serait l’auteur de la pathologie, avant de déboucher le plus souvent sur un traitement imaginaire et subjectif qui a peu de chance de réussir.

Une chose est claire, c’est surtout les membres de la famille, à cause de leur contradiction bizarre, qui rendent l’itinéraire de guérison de la maladie complexe, et c’est le malade qui en subit les conséquences. Est-ce que le paludisme, la tuberculose, le choléra, l’anémie, le diabète, l’ulcère de Buruli, l’abcès de sang et autres infections sanguines ou toute autre pathologie organique peuvent facilement et de manière spontanée être traités par le féticheur et l’église de réveil si elles ne vous endorment pas dans le labyrinthe des causes sociales divisionnistes de la famille ? Donc pour ces quelques maladies citées, l’hôpital devrait en réalité avoir plus d’adeptes, car les pistes de traitement sont soutenables et objectives.

Les psychiatres le disent: même les maladies dites mentales qui divisent tant de familles à cause des révélations mensongères et grossières des féticheurs et églises de réveil ont toujours une origine bio-sociologique et environnementale liée à un parcours de vie de l’individu souffrant. Et ces maladies qui peuvent se résumer par les termes génériques de trouble mental peuvent se traiter, selon la psychiatrie, par une rééducation bio-physiologique associée à l’administration de certaines molécules appropriées. Car au moment où le féticheur-détecteur est en train d’accuser l’oncle ou la tante, l’hôpital à travers sa branche psychiatrique peut proposer des pistes de solutions soulageantes. La quatrième voix combine les trois moyens : hôpital, église de réveil et féticheur. Et tout dépendra du bout par lequel le traitement a commencé, ce que les spécialistes des sciences sociales appellent l’itinéraire triangulaire de la guérison. Cela peut compliquer la situation, si l’on n’a pas commencé par le bout qu’il faut.

Une chose est vraie, on a comme l’impression que plus les villages s’urbanisent, plus on assiste à un transfert du féticheur vers la ville, car la ville continue d’accueillir des porteurs d’illusions fétichistes et à forte dose. Ils sont à Brazzaville, à Pointe-Noire, Dolisie, Owando, Makoua, Mossendjo, Sibiti, Épéna, Ntokou, Mossaka, Mvouti, Dongou, Impfondo et autres. Ces gens-là existent et continuent d’avoir une petite parcelle d’autorité. Ils se catégorisent en féticheurs, féticheurs-détecteurs, féticheurs-guérisseurs, et féticheurs-protecteurs spécialistes des amulettes. Et pour les églises de réveil, en acteurs de dons. Ils ont, semble-t-il, des dons de vision, des dons de guérison, des dons de chasseurs de malfaiteurs, des dons de protection, et bien d’autres.

Cela étant, pour notre part, il nous paraît souhaitable de choisir la piste hospitalière en cas de maladie, vu les prouesses et les succès de l’hôpital. Le féticheur ou l’église de réveil resteront toujours balbutiants envers la progéniture issue d’un couple souffrant partiellement d’anémie, car pour ce couple le risque est grand que le féticheur accuse l’oncle de sorcellerie, alors que la solution est ailleurs.

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