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CECILE KYENGE: Une ministre en butte à l’infamie raciste

Vers l’Italie 2.0!

Originaire de la RDC, Cécile Kyenge est la première ministre noire d’Italie. Depuis sa nomination, le 28 avril, à l’Intégration, elle a été confrontée à de nombreuses insultes racistes, provenant essentiellement de l’extrême droite xénophobe de la Ligue du nord.

altLa gravité des insultes racistes qu’a reçues Cécile Kyenge Kashetu lors de sa première apparition comme membre du gouvernement à la Chambre des députés, la semaine dernière, déshonore l’Italie toute entière. C’est allé de «ministre bonga-bonga» (en référence d’une part au «bunga-bunga» de Berlusconi et, d’autre part, au « bongo bongo » proféré, il y a quelques années, par le fondateur de la Ligue du Nord, Bossi, à l’endroit des immigrés africains, en référence du titre d’un film où l’acteur italien Adriano Celentano interprétait une espèce de « Tarzan », un homme-singe) à «singe congolais», en passant par «négresse» ou «zouloue»…

De fait, depuis sa nomination, le 28 avril dernier, la première ministre noire de la péninsule, chargée du portefeuille de l’Intégration, est confrontée à l’infamie d’une extrême droite haineuse qui s’assume comme telle.

«Qui l’a dit, qu’elle est italienne? Sa nomination a été une grande connerie», a déclaré à la radio Erminio Boso, un ex-sénateur de la Ligue du nord se revendiquant comme «raciste». «La ministre Kyenge doit rester chez elle, au Congo. C’est une étrangère dans ma maison», a-t-il poursuivi.

«C’est un choix de merde, un éloge à l’incompétence», a déclaré de son côté le député européen de la Ligue, Mario Borghezio. Des attaques qui ont obligé le gouvernement et la presse à réagir. «Cécile Kyenge est fière d’être noire et nous sommes fiers de l’avoir dans notre gouvernement comme ministre de l’Intégration», ont affirmé dans un communiqué conjoint le chef du gouvernement Enrico Letta (gauche) et son adjoint, Angelino Alfano (droite).

La ministre, quant à elle, a répondu avec dignité à la bassesse des insultes proférées à son égard. «Je ne suis pas une femme de couleur, je suis noire et je le dis avec fierté», affirme-t-elle. Dimanche dernier, elle a en outre reçu le soutien de Mario Balotelli: «Je suis disponible pour toutes les initiatives ou propositions provenant des institutions et dont l’objectif est de lutter contre le racisme et la discrimination», a annoncé le célèbre footballeur d’origine ghanéenne (AC Milan), premièr joueur noir de la sélection italienne, qui a lui-même déjà été victime de cris racistes de la part des supporteurs des équipes adverses.

D’origine congolaise (RDC), Cécile Kyenge est arrivée à l’âge de 18 ans en Italie, où elle a obtenu la nationalité par mariage. Son projet politique est clair: elle veut «changer concrètement le pays», en s’attaquant notamment aux lois sur l’immigration et la citoyenneté votées en 2002, et en lançant une grande campagne pour l’intégration. Un programme qui a de quoi déranger le parti ultra-xénophobe de la Ligue du nord.

Mais, comme son Premier ministre, Kyenge affirme que «l’Italie n’est pas un pays raciste, c’est une terre d’accueil et d’hospitalité». Reste que l’immigré souffre d’un sérieux problème d’image sur la troisième terre d’immigration en Europe: il est souvent associé au clandestin qui débarque à Lampedusa, ou à celui qui est exploité dans une usine de Grana Padano ou dans les champs d’oranges du sud… Le chemin risque d’être long pour éradiquer complètement dans la péninsule l’idée qu’il «n’y a pas d’Italiens noirs»…

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