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CAN 2012: La bande à Drogba – Génération maudite?

Une génération de joueurs talentueux qui risquent de ne rien gagner!

La 28ème coupe d’Afrique des nations (CAN) de football a baissé ses rideaux sur la consécration de la Zambie, qui est venue à bout de la Côte d’Ivoire, à l’issue de l’insoutenable épreuve des tirs au but (7-6), les deux équipes n’ayant pu se départager au terme du temps réglementaire et des prolongations.


Les réputés gros bras (Cameroun, Egypte, Nigeria et Algérie) de la scène footballistique africaine n’ayant pu se qualifier pour cette édition, la bande à Didier Drogba, à côté d’autres candidats tels les Sénégalais ou les Ghanéens, apparaissait pourtant comme l’un des superfavoris de cette épreuve, que l’on disait, à tort, dévaluée.

On sait ce qu’il est advenu des «Lions de la Teranga», une constellation hétéroclite de vedettes sans âme, éliminée dès le premier tour, et des «Black Stars», qui n’auront pas vraiment été à la hauteur de leur réputation et qui ont fini par tomber en demi-finales face à de surprenants (?) Zambiens.

Dame Coupe est capricieuse, et elle se sera encore fait particulièrement désirer par le meilleur de ses prétendants, du moins sur le papier: les Éléphants de Côte d’Ivoire, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont parvenus en finale, sans encaisser le moindre but. Il faut le faire!

Pour une formation volontiers portée vers l’attaque, le moins qu’on puisse dire est qu’elle a appris à assurer ses arrières. Pour mémoire, dans l’histoire, vieille de 55 ans de cette compétition, il faut remonter à Sénégal 92 avec (déjà) la Côte d’Ivoire de Yéo Martial et à Mali 2002 avec le Cameroun pour voir une telle performance, qui n’est jamais le fait du hasard. A coup sûr, c’est le résultat combiné du talent, de l’effort et de la rigueur dans tous les compartiments du jeu.

Voilà des enfants qui sont nés avec une boule de cuir dans les pieds comme d’autres arrivent au monde une cuillère d’argent dans la bouche, mais qui étaient convaincus d’être au sommet avant d’avoir gravi la première marche. Ils arrivaient, de ce fait, à la CAN enflés d’orgueil, sûrs de leur supériorité et après avoir sablé le champagne à Abidjan. Or le talent n’est rien sans le travail et… l’humilité, qui est quand même la marque des grands : voyez les Zidane, Messi, Platini, Pelé, Eto’o…

C’est d’abord cette morgue, cet ennemi intérieur, que les protégés de Zahoui ont dû vaincre avant de défaire leurs adversaires successifs, et on les aura vus plus appliqués et plus modestes, ne regardant jamais de haut leurs vis-à-vis. Les Éléphants, version 2012, avaient beau dire qu’ils étaient partis pour chercher la coupe, ils se sont toujours bien gardés de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et c’est une belle leçon de modestie qu’ils ont administrée à eux-mêmes.

Cerise sur le gâteau ivoirien, ce qui n’était qu’un amas de stars roulant sur l’or et aux ego parfois surdimensionnés a, au fil des ans, formé une équipe au vrai sens du terme, un groupe, voire une famille après avoir subi le contrecoup des vicissitudes politiques qui ont secoué leur pays ces dix dernières années ; au point que pour certains, la courbe ethno-régionale et même religieuse, qui a dessiné des lignes de clivage dans la société ivoirienne, avait également gagné le onze national.

Hélas, cette victoire sur eux-mêmes dans la bataille de la modestie n’aura pas été suffisante pour décrocher la lune lors de l’ultime rencontre, puisqu’ils ont buté sur des Chipolopolos outsiders de charme qui ont su contenir et faire déjouer leurs adversaires, cela, d’autant plus crânement qu’ils n’étaient pas donné vainqueurs et que gagner aurait été un bonus pour eux. La peur de perdre et ses corrollaires que sont la pression et la crispation étaient, à l’évidence, dans le camp ivoirien.

A dire vrai, Chris Katongo et ses coéquipiers, qui gravissent pour la première fois le toit de l’Afrique footballistique, méritent leur couronne, mais on est malheureux pour cette génération Drogba, talentueuse mais qui n’y parvient jamais, chutant en 2006, 2008 et 2010 respectivement en finale, en demi-finales et en quarts ; presque toujours à la porte des étoiles.

Et on a bien peur que ce fût sa dernière chance sur les stades, dans la mesure où ils ne sont plus tout à fait jeunes, à commencer par le capitaine, qui affiche 34 ans au compteur. Faut-il donc se résoudre à croire que cette génération Drogba, pour exceptionnelle qu’elle soit, doit être maudite et qu’il est écrit quelque part qu’elle ne brandira jamais le trophée continental ?

En fait, on est d’autant plus malheureux pour eux qu’au-delà de la performance sportive, les retombées politiques auraient été immenses pour une Côte d’Ivoire qui se relève lentement mais sûrement des profondes brûlures de son histoire récente.

Et le sport en général, le football en particulier, étant un facteur de rapprochement entre les hommes, nul doute que cette coupe aurait contribué à cicatriser plus rapidement la plaie encore béante et aurait été un ferment de la délicate oeuvre de reconstruction humaine entreprise depuis des mois.

Drogba n’est-il d’ailleurs pas membre de la Commission « dialogue-vérité-réconciliation », que préside Charles Konan Banny?

Mais le coach Hervé Renard et ses poulains en ont décidé autrement, au grand dam d’Alassane Dramane Ouattara, qui n’a pu contenir son chagrin dimanche soir au stade de l’Amitié de Libreville.

 

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