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CAMEROUN: Nouveaux enlèvements de religieux au Cameroun

Non aux attaques à la religion!

De nouveaux enlèvements ont eu lieu dans la nuit du 04 au 05 avril 2014 à Tchéré, localité située dans l’arrondissement de Méri, à 15 kms près de Mora, après Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.Au total, deux prêtres et une Sœur religieuse, ont été enlevés.

altLes adversaires du Président Paul Biya du Cameroun trouveront que ce dernier n’a pas que la peau dure ; il a aussi beaucoup de chance! En effet, avec le récent rapt de trois religieux occidentaux, à savoir deux prêtres italiens et une sœur canadienne, il faudra encore compter sur sa médiation pour sortir du guêpier.

Selon le ministre camerounais de la Défense, tout a été mis en œuvre pour obtenir la libération au plus tôt des otages. Les religieux, avaient été enlevés dans la nuit du 4 au 5 avril dernier près de Maroua, dans l’extrême Nord du Cameroun.

En raison de l’omerta qui doit régner dans le milieu, les investigations ne seront point faciles

Le ministre Edgar Alain Mebe Ngo’o a soutenu que les ravisseurs étaient lourdement armés. Arrivés à la paroisse aux alentours de minuit, ils auraient rapidement arraché les résidents de leur sommeil, avant de mettre les lieux à sac, et de s’évaporer dans la nature avec leurs otages. Les autorités camerounaises s’étaient aussitôt rendues sur place. Toutefois, en raison de l’omerta qui doit régner dans le milieu, les investigations ne seront point faciles.

La zone est habitée en particulier par les mêmes communautés du Cameroun, du Niger et du Nigeria. Or, les frontières sont généralement poreuses en Afrique. La facilité avec laquelle le rapt s’y est opéré, confirme qu’il s’agit d’une zone de prédilection pour de telles opérations. La méthode utilisée correspond à celle de bandits désireux de faire des transactions. Les groupes terroristes s’adonnent à de telles activités, car la prise d’otages se révèle un fonds de commerce très rentable. Possible donc qu’on vende les otages à des tiers. Il peut également s’agir de groupes terroristes capables de tout : paiement de rançons ou échanges de prisonniers. Dans tous les cas, des exemples l’ont montré par le passé : s’en prendre à des religieux, fait toujours mouche. Il s’agit de véritables symboles, et l’Occident les abandonnera difficilement dans les geôles de bandits, surtout pas entre les mains de groupes islamistes.

L’identité des assaillants est pour l’instant inconnue. Mais, de sérieux soupçons pèsent sur la secte religieuse Boko Haram. En effet, le rapt du week-end dernier rappelle celui de novembre 2013 du père français Georges Vandenbeusch. Détenu au Nigeria par la secte islamiste Boko Haram, il avait été relâché le 31 décembre dernier, par «compassion», selon les autorités françaises. Pourtant, aux dires du père Georges lui-même: «Ces gens-là n’éprouvent pas de compassion» pour quelqu’un.

L’enlèvement du week-end dernier ne constitue donc pas le premier dans cette même région de l’extrême Nord du Cameroun. Le 19 février 2012, y avaient également été enlevés, sept Français d’une même famille, les Moulin-Fournier. Les otages, dont quatre enfants, étaient en excursion dans un parc national. Après avoir revendiqué leur enlèvement dans une vidéo, Boko Haram les avait libérés en avril, en échange de celle de prisonniers de Boko Haram au Nigeria et au Cameroun. L’inquiétude gagne les rangs car, la secte islamiste qui est pourchassée au Nigeria, semble vouloir faire du Nord-Cameroun sa base de repli. Régulièrement, elle défie les forces armées camerounaises détachées dans la région.

Nul doute que Biya se fera courtiser à nouveau sur ce dossier

Si Boko Haram est suspectée, quelle signification donner aux enlèvements d’Occidentaux, de religieux en particulier ? Boko Haram s’en prend en général à tous ceux qui incarnent l’Occident, ou tendent à en promouvoir les valeurs. Or, l’école et la religion sont de véritables symboles. Ce sont des institutions par lesquelles l’Occident secrète des valeurs jugées cardinales. Capturer des religieux, c’est s’attaquer à des cibles de choix, c’est tenter de stopper tous ceux qui, comme les religieux, disséminent les valeurs que combat férocement l’organisation.

Assimilée à une organisation terroriste en Occident, la secte dénonce constamment la société de consommation et ses échecs en Afrique. Elle n’a de cesse de s’opposer aux valeurs morales, matérielles et religieuses que les Occidentaux véhiculent à travers différentes institutions sociales. Difficile à traquer et à neutraliser, Boko Haram fait office de géniteur d’une forme de nébuleuse du djihadisme transfrontalier en Afrique subsaharienne. Etant donné que les auteurs de rapts se font en général invisibles, et traînent à faire connaître leurs intentions, on s’en remet bien souvent à des leaders de la sous-région jugés influents. Est de ceux-là, le chef de l’Etat camerounais que certains Occidentaux vouent aux gémonies. On a beau assimiler son régime à une dictature impitoyable, on fera appel aux services du président Paul Biya. Il semble constituer l’homme providentiel dans la résolution de certains problèmes sécuritaires générés par l’activité terroriste de Boko Haram. Nul doute qu’il se fera courtiser à nouveau sur ce dossier. Comment se passer de cet homme-clé?

Aussi longtemps que des Occidentaux s’exposeront dans des zones sensibles au nom de la religion, de la coopération, du tourisme ou de l’aventure, il faudra s’attendre à certaines formes de marchandage qui révoltent la conscience humaine. Dans ce sens, les prises d’otages constitueront toujours du pain bénit pour des régimes décriés en Afrique comme en Occident, tel celui de Paul Biya du Cameroun.

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