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BENIN: Le vaudou est toujours debout

Le vaudou… vaut double? 

Religion traditionnelle par excellence, le vaudou est une composante intrinsèque à la culture africaine. Et malgré les préjugés négatifs qui reposent sur lui, pour certains jeunes, le vaudou est toujours debout.

altA peine revenu du collège, Adrien Adandé, 18 ans, troque son uniforme scolaire contre son costume de prêtre vaudou. Une marrée humaine l’attend déjà pour des consultations mystiques. Adrien a pris la relève de son père, celui-là même qui l’a initié avant de tirer sa révérence. « Déjà enfant, j’étais le seul fils de mon père qui s’intéressait à ce qu’il faisait dans le couvent, Chemin faisant, il m’a appris les choses et m’a montré les secrets« , raconte-t-il.

Grâce à sa ténacité et son assiduité, le jeune élève-prêtre vaudou a su maîtriser tous les rituels au point de présider aujourd’hui les plus grandes cérémonies vaudous. Ce qui lui vaut les moqueries de ses camarades de classe.

« Mes amis me taquinent en m’appelant féticheur, explique Adrien. D’autres me fuient de peur que je leur fasse du mal avec mes gris gris. Mais je ne démords pas. Je concilie parfaitement mes études et mes occupations cultuelles. »

Le jeune Adrien est certainement l’exception qui fait la règle. Rares sont les jeunes scolarisés qui s’intéressent encore aux religions traditionnelles. « Avec la mondialisation, l’expansion des religions dites révélées et surtout l’expansion des églises évangéliques, les jeunes se sont détournés des couvents, tournant ainsi dos à leur croyance originelle« , explique Barnabé Hounza, 23 ans, étudiant en philosophie. « Ce qui créer un tort pour ces jeunes qui n’ont plus de repères culturels et identitaires« , ajoute Tiburce Santos, 20 ans.

Adeptes de religions importées, les jeunes béninois tendent à renier les religions traditionnelles qu’ils jugent rétrogrades et diaboliques. Pour Ahmed Kassim, 19 ans, « le vaudou, c’est l’oeuvre du diable. Celui qui veut aller au paradis doit se garder de s’adonner à ces pratiques sataniques. »

Si certains jeunes s’en cachent, d’autres, en revanche, n’hésitent pas à arpenter les couloirs des temples vaudous pour trouver des solutions rapides aux difficultés qui les assaillent au quotidien. Face à des problèmes d’emploi, de réussite sociale, de promotion professionnelle, beaucoup de jeunes ont recours aux prêtres vodous. « Ce que nous ne trouvons pas à l’église, nous allons le chercher dans les couvents traditionnels et ça marche! », lance Joël Akingbé, 23 ans.

« Avec le développement de l’arnaque sur Internet, nombreux sont ces jeunes qui viennent me voir pour que je leur fasse des rituels afin qu’ils réussissent leurs arnaques et ne soient pas démasqués« , témoigne Hounnon Dranvodoun, prêtre lui aussi.

Une situation déplorable que n’apprécie guère Gustave Bonou, un jeune de 25 ans. « Au lieu d’utiliser le vaudou pour de sales besognes, les jeunes gagneraient à mieux connaître ses principes qui sont salvateurs et contre ces mauvaises pratiques. » Pour ce faire, Henri Tchokki, 19 ans, conseille aux jeunes « de ne plus dénigrer le vaudou. Imprégnons-nous de ses concepts, bases de notre spiritualité profonde et de notre identité, en tant qu’Africains, en tant que Béninois. »

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