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ASSOCIATION AFRO-ITALIENNE: Grand succès des 2èmes Journées Culturelles – Interview au président Oumar Seck

Témoignant sa présence, sa vigueur et son esprit  d’initiative, à travers ses projets culturels et sociaux, l’Association Afro-Italienne continue de marquer le territoire, ciblant la consolidation d’un parcours participé d’insertion et d’intégration interethniques, pour une fructueuse cohabitation entre la population italienne locale et la Diaspora, africaine et non seulement. Votre journal Africa Nouvelles a de nouveau interviewé le président sortant Oumar Seck qui, conformément au statut, après un unique mandat, s’apprête à passer le témoin bientôt. 

 

Les 2èmes Journées Culturelles de l’Association Afro-Italienne ont été un succès. Quel en est le bilan?

Le premier samedi, on a organisé un tournoi de football avec six pays: le Sénégal, l’Italie, la Gambie, le Mali. la Côte d’Ivoire et la Guinée. C’est un tournoi qui a été très bénéfique et le trophée a été gagné par la Guinée. Avant ce tournoi, on avait organisé, avec l’autorisation de la commune, un pique-nique en public dans un jardin public, pour consolider la fraternité entre africains et italiens parce que l’Association Afro-Italienne regroupe des Africains et des Italiens. La semaine d’après, a eu lieu la Semaine Culturelle au cours de laquelle a été organisé un Marathon de Littérature africaine et Italienne, avec la participation du maire de Cassina, Massimo Mandelli et de ses assesseurs, qui ont pris part à la lecture des textes sur l’Italie et les valeurs de l’immigration, avec aussi la présence du brillant professeur écrivain italo-sénégalais Pap Khouma et du talentueux Modou Guèye de l’Association « Sunugal ». La salle était pleine et les Italiens étaient très contents de voir les Africains parler de leur propre culture, de leur propre littérature. On a expliqué aux Italiens nos réalités; on a même passé en revue les textes du livre   « Afrique, Mon Afrique » de David Diop, traduit et développé par Pap Khouma, pour expliquer le travail que les Africains sont en train de faire.

A propos de la conférence, peux-tu en faire un compte-rendu?

Elle a été organisée avec la D.ssa Francesca Moccia, conseillère juridique et avocate principale de notre association. Je tiens à la remercier particulièrement et de souligner que ça fait deux ans qu’elle assiste les membres de l’association et prodigue sa précieuse activité, de manière bénévole, sans nous demander quoi que ce soit; quand il faut aider les personnes dans le bon sens, elle est toujours prête à le faire. Prévue pour deux heures, la conférence s’est transformée en échanges et réponses, poussant jusqu’aux 4 heures. Des réponses très claires ont été données aux nombreuses questions notamment sur les droits et devoirs ainsi que le parcours d’intégration.

Il y a eu aussi des remises de trophées de la part de l’Association… 

Oui, le même jour, s’est déroulée la remise des trophées: à des membres qui accompagnent l’Association Afro-Italienne dont « Sunugal » avec Modou Guèye, aux équipes de football qui ont participé au tournoi, et surtout à la Section des Femmes. Par ce prix, on voulait préciser que la vision que les Occidentaux ont de la Femme africaine est différente de la réalité. Souvent, on dit que la Femme africaine n’a pas de décision de choix, mais ce n’est pas ça.

Peux-tu nous illustrer le rôle et les activités de cette Section Féminine de l’Association?

Il y a une Section Féminine où les femmes s’organisent entre elles, font des chaines de solidarité et des réunions chaque mois, pour voir comment développer leur vie ici en Italie, tout en aidant aussi leurs parents, familles, amis et connaissance restés au pays. On leur a dédié ce trophée qui a été remis par l’Assesseur à la Culture, Laura Vecchi, en présence du maire de la ville. A rappeler que cette année, on a aussi eu l’honneur de la présence de la première députée de la diaspora, Mame Diarra Fame, qui a fait le déplacement pour la manifestation et a apporté son soutien financier pour la réussite de notre manifestation. Enfin la journée s’est clôturée par une soirée avec des danses et des tamas.

Tu es le président sortant. Comment adviendra la succession?

Je finis mon mandat, le 31 octobre; on a déjà écrit et lancé les lettres de démission de mon staff sortant. Cela pour toujours respecter et donner aussi une image positive, en disant que les règles fixées dans le statut de l’Association Afro-Italienne à sa création ont été respectées: à savoir que le Président est élu pour un mandat de deux ans, non renouvelable. Dès la création, on voulait se différencier de plusieurs autres associations, c’est-à-dire laisser d’autres personnes apporter leurs propositions, faire des innovations; parce que souvent, les présidents ont malheureusement tendance à penser être les seules et uniques personnes ayant de bonnes idées. C’est une transparence qui permet à chacun de nous de voir si on a bien travaillé ou pas. Les élections auront lieu le 1er novembre, qui est la date de notre assemblée générale. Ce jour-là, on élira les nouveaux président, secrétaire général et trésorier; après, ce sera la procédure du règlement intérieur de l’Association Afro-Italienne qui va continuer. En tant qu’ancien président, c’est à eux de me dire qu’est-ce que je peux faire pour accompagner encore l’Association, puisque j’en faisais partie mais je n’aurai pas de responsabilité. Je serai un conseiller par rapport à l’expérience qui a déjà été accumulée durant ces deux premières années sous ma présidence.

Quelles autres initiatives ont été accomplies par l’Association?

On a signé plusieurs conventions concernant divers secteurs: formation, cuisine, santé, assurances, banque. 

Commençons par la formation…

Oui, on a misé sur la formation des étrangers, destinée au début à ceux de l’Association;  vu qu’il y a d’autres immigrés  dans la zone qui ne sont pas membres, et que notre Association est non-profit, pour la solidarité et le service social, on a ouvert donc aux non associés aussi. On a fait des formations de base en informatique avec des experts du secteur. Ce, pour expliquer que l’informatique ne se limite pas aux messages sur les réseaux sociaux. Et on a été surpris de voir que si certains avaient un niveau plus élevé de ce qu’on pensait, beaucoup d’entre nous au contraire avaient un niveau très bas du point de vue informatique. A noter en particulier, une « maman » sur la soixante qui a impressionné les professeurs, de par sa volonté d’étudier et connaître pour pouvoir cheminer toute seule, de manière autonome. C’était pas évident.

Et en ce qui concerne les conventions concernant la cuisine…

On a fait des conventions avec des écoles de formation et on a commencé à y envoyer nos membres, certaines femmes, à mieux connaître les problèmes de cuisine et de gestion alimentaire. On a entamé cette chaine qui va coïncider sûrement avec le nouveau bureau.

En quoi consistent les conventions relatives à la santé?

Vu le coût élevé des frais de traitement, on a signé des conventions auprès de structures sanitaires et cabinets dentaires, permettant à nos membres des réductions jusqu’à 30%.

Et pour les conventions concernant les assurances?

On a aussi signé des conventions permettant à nos membres  des tarifs réduits dans tous les domaines: vie, véhicules…

Côté bancaire, quelle convention a été faite?

On a fait une convention avec la banque UBI, pour créer une carte télébancaire rechargeable reportant le logo de l’Association; ce qui permettra une majeure publicité au profit de l’Association et certains avantages auprès de l’institution bancaire.

Quelles activités fait l’Association Afro-Italienne vers l’Afrique?

On a adopté des villages au Sénégal. On a récupéré et envoyé 250 table-bancs, réfectionnées par des membres spécialisés dans ce domaine. Elles ont été acheminées au Sénégal à un tarif mesuré, grâce à un autre membre propriétaire d’une société de transit. On a envoyé aussi 12.000 cahiers au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ces aides sont destinées aux zones rurales pour aider les plus nécessiteux à améliorer leur vie.

Y a-t-il quelques activités dans le proche futur?

Le 6 octobre, une conférence est organisée avec deux éminents  professeurs Tafsir Adourahmane Gaye et Chérif Mamine Aidara venant du Sénégal, sur le thème «L’Islam et le monde», dans le cadre d’un tour européen,  pour expliquer comment l’Islam doit fonctionner aujourd’hui. C’est le moment de parler aux jeunes relativement à la situation actuelle, de les éduquer contre les interprétations extrémistes religieux

En somme, ta présidence laisse un bel héritage à l’Association Afro-Italienne…

Je ne l’appellerais pas héritage, c’est une continuation. Quand il y a une équipe qui gagne, c’est tous les joueurs qui gagnent. On a la chance d’avoir un vice-président, un trésorier et un adjoint qui vont au-delà de leurs rôles. Et ce qui est extraordinaire, c’est que dans toutes les démarches qu’on a faites,  chacun a œuvré pour l’Association, puisant dans ses propres ressources, sans demander à quiconque «est-ce que vous pouvez me donner ceci ou cela». On s’entraide tous, à tous les niveaux. Par exemple, en cas de décès du parent d’un membre, on essaie de récolter une petite somme, aller trouver la famille, parler avec eux, faire du social.

Et en ce qui concerne les relations avec les autres associations? 

Nous œuvrons à consolider nos relations avec d’autres associations. Cette année, on a participé par exemple à la marche de Firenze, contre les dérives xénophobes, avec l’Association de Bergamo. On va souvent à l’Association « Sunugal » voir ce qu’ils ont fait, car je ne me gêne pas de copier le positif.

Quelque suggestion à donner au prochain Comité directeur?

Je demanderais qu’on travaille plus sur l’immigration et l’intégration. Aujourd’hui, toutes les bouches parlent de l’immigration, en négligeant les aspects positifs. L’immigration est racontée avec une manipulation qui amplifie des faits divers, généralisant l’homme de couleur. Je suis noir et fier de l’être: je n’accueille pas cette définition, vu qu’entre l’homme blanc et moi, c’est plutôt à lui qu’on devrait la coller, pour ses transformations de caméléon, selon ses états d’âme. Il faut respecter les règles de ce pays, faire connaître aux immigrés leurs devoirs et accompagner nos frères de la diaspora dans leur parcours d’intégration. En France, en Belgique ou en Suisse par exemple, les étrangers occupent des postes élevés, dans tous les secteurs; ce n’est pas le cas, ici en Italie. Il faut éduquer nos enfants à s’élever intellectuellement, sans se contenter juste du salaire.

A toi, l’espace pour les remerciements conclusifs?

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué au succès de l’Association Afro-Italienne. Elles sont  nombreuses et l’espace ne suffirait pour tous les citer. Sans donc chercher à faire du tort à personne, je cite le maire Massimo Mandeli; il était même présent pour nous aider à aménager l’espace de la manifestation. Et il a participé avec nous à la marche intitulée «Milano Senza Muri» (Milan Sans Mur). C’est quelqu’un qui tient beaucoup à l’intégration des immigrés sur le territoire de son administration. Merci aussi à Laura Vecchi (Assesseur à la Culturel) qui, elle aussi, nous a beaucoup aidés, à notre avocate Francesca Moccia ainsi qu’à Modou Guèye et l’Association « Sunugal », à Pap Khouma, à Ousmane Diop et sa société de transit, sans oublier la « Coopérative Esperanza » de la présidente Maria Grazia Massa Andrea, qui nous a offert le siège de l’Association Afro-Italienne, et encore l’agence de voyage « Ballon Store » d’Alioune Ndoye qui, chaque fois qu’un de nos membres y achète un billet, reverse une partie à l’Association Afro-Italienne. Enfin également un merci particulier pour les besognes entreprises par la Section des Femmes qui a pleinement mérité le trophée qui lui a été attribué.

Milton Kwami & Fatou N. S. Wade

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