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AFFAIRE FIRMIN MAHE: Echos des audiences des proches du jeune ivoirien pour le meurtre duquel sont accusés 4 militairtes français

La position sur les dépositions

Au procès des 4 militaires français accusés du meurtre de l’Ivoirien Firmin Mahé, en 2005, les proches de la victime ont enfin fait leur apparition, lundi 3 décembre. Pour eux, il y a eu méprise: un innocent a été exécuté tandis que le véritable criminel recherché à l’époque, du nom de Nestor Mahé, a été arrêté et se trouverait aujourd’hui toujours en détention.

altIls sont arrivés en silence, presque incognito. Des chuchotements se sont fait entendre dans la salle, où certains ont demandé à leurs voisins: «Qui est-ce?» Puis, en file indienne, derrière leur avocat, Me Fabien Ndoumou, les proches de Firmin Mahé ont traversé la salle, solennellement, sans prononcer le moindre mot. Ils se sont assis, les uns à côté des autres, sur le banc réservé à la partie civile. Un banc qui était désespérément vide depuis le début du procès, le 27 novembre…

De fait, les proches de Mahé n’avaient pu, faute de passeports biométriques puis de visas, se rendre en France. Arrivés vendredi dernier de Côte d’Ivoire, ils sont venus dès lundi matin pour témoigner. Pour sa famille, il est clair que Mahé a été victime d’une erreur, liée à une homonymie.

Est-ce un nouveau tournant dans ce procès, qui se tient depuis le 27 novembre dernier? Aux yeux de l’avocat de la partie civile, certainement. «C’est un soulagement», déclare Me Ndoumou.

Plutôt silencieux jusque-là, l’avocat d’origine camerounaise en retrouve même son latin. Il utilise désormais un micro et se fait entendre par un public très attentif, même s’il est moins nombreux que les jours précédents pendant les témoignages des militaires français accusés.

La première à passer à la barre est Madeleine Nonahin. Pasteure, elle s’occupe aujourd’hui du fils de Firmin Mahé, Gaël, et vit à Abidjan, dans le quartier de Yopougon. Tunique noir et grande jupe beige, petite, elle est un peu impressionnée par la cour. Et stressée: elle se trompera d’ailleurs sur son âge et sur le mois de la mort de Firmin Mahé.

Le président de la cour, Olivier Leurent, commence par lui montrer une première photo de Firmin Mahé et lui demande si elle le reconnaît.

Réponse: «La photo est un peu floue». Madeleine Nonahin se retourne vers son avocat, cherchant du regard un soutien, avant de se faire rappeler à l’ordre par le président de la cour: «Vous regardez la cour d’assises, s’il vous plaît, pas la partie civile».  Face à une seconde photo, elle déclare: «Je ne le reconnais pas».

Le président insiste: «Mais c’est quand même un membre de votre famille! Vous n’êtes pas sûre de vous?».

En fait, au cours de leurs interrogatoires successifs, aucun des proches de la victime présents au procès ne réussira à identifier Firmin Mahé sur 2 des 4 photos présentées par la cour, affirmant que ce n’était pas lui. L’un des deux clichés a pourtant été prise quelques heures avant sa mort.

Du coup, trois des avocats de la défense ont demandé au président de la cour l’«irrecevabilité de la partie civile».

La suite de l’interrogatoire de Madeleine Nonahin a été consacré à la relation qu’elle entretenait avec Firmin Mahé et aux occupations de ce dernier. «Était-il un coupeur de route?» demande le président de la cour.

Madeleine Nonahin répond: «Je le connaissais très bien, ce n’est pas un coupeur de route. Il était plombier. Il y a eu erreur sur la personne». Concernant le fait que plusieurs «indics» ont formellement identifié son «petit oncle» comme le chef de file des «coupeurs de route» de la région, elle ajoute: «Lors d’une crise, comme celle de l’époque, beaucoup de choses se passent. Ce sont peut-être des ennemis qui en ont profité pour le dénoncer injustement…»

Me Morin, l’avocat d’un des militaires français accusés, Lianrifou Ben Youssouf (le chauffeur du blindé dans lequel Mahé a été tué), l’interroge à son tour. Il demande si ses conversations avec Firmin Mahé incluaient le phénomène des «coupeurs de route» et l’existence d’un «Mahé» qui, lui, en serait un. «On ne parlait pas de ces choses-là !… Je n’étais pas au courant de tout dans sa vie, comme il n’était pas au courant de tout dans la mienne», répond-elle. Avant d’ajouter, sûre d’elle, presque avec impertinence: «Mais le vrai Mahé est vivant et toujours emprisonné!» Car pour elle, le véritable criminel recherché à la même époque a été arrêté. Il s’appelerait Nestor Mahé et serait toujours incarcéré. L’interrogatoire terminé, Madeleine Nonahin rejoint son banc.

Puis vient le témoignage d’Édith Zadié François, qui était concubine de Firmin Mahé au moment des faits et présente aux côtés de ce dernier, le 13 mai 2005, jour de son arrestation et de sa mort. Avant de venir à la barre, elle se tenait un peu à l’écart, visage serré, peu bavarde… Elle n’a visiblement pas confiance. Sa version des faits, sa conviction que Mahé était innocent, elle la réserve à la cour, pas aux journalistes présents. Elle lâchera: «Ils l’ont tué « cadeau », pour rien. Tout ça, ce ne sont que des mensonges».

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