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ACCAPAREMENT DES TERRES: Le combat des paysans maliens

A moi ta terre… et toi par terre!

Au Mali, de plus en plus de paysans se disent victimes d’accaparement des terres. Expropriés dans la violence des champs qu’ils cultivent depuis parfois plusieurs générations, ils se retrouvent sans ressources et, souvent, sans recours possible. Face à eux, des autorités qui affirment agir légalement au nom de l’Etat, et des opérateurs économiques qui pèsent davantage que les chefs de village. Témoignages de Yaya Konaré, paysan chassé de son champ, Massa Koné, militant qui défend les victimes d’accaparement, et du colonel Moussa Sinko Coulibaly, le nouveau ministre malien de l’Administration territoriale.

altYaya Konaré est un paysan de Yélékébougou, à une trentaine de kilomètres de Bamako. Il a été exproprié de son champ en mai 2010, lorsque ses terres ont été attribuées par l’État à une entreprise chinoise, Covec, chargée des grands travaux réalisés dans la capitale. «Dès qu’elle est arrivée, l’entreprise Covec a coupé tous les karités de mon champ. Cela faisait des décennies que je cultivais ce champ, et mes arrière-grands-parents travaillaient déjà sur ces terres. Je cultivais des haricots, du mil, du sorgho ou du maïs. C’est de ça que je vivais. Un jour, ils sont arrivés alors que j’étais en train de travailler dans mon champ. Ils m’ont dit que cet espace leur appartenait, qu’ils avaient fait une demande auprès des autorités et que leur demande avait été acceptée. Ce jour-là, il y avait des représentants chinois de l’entreprise Covec, accompagnés par le maire. Moi, je n’avais été prévenu de rien, je n’avais même pas reçu une lettre.

Massa Koné est secrétaire général de l’UACDDDD (Union des Associations et des Coordinations d’Association pour le Développement et la Défense des Droits des Démunis), qui regroupe plus de 120 associations, dans tout le Mali.

«Aujourd’hui, nous traitons 65 cas d’accaparements de terres au Mali. Des milliers d’hectares de terres qui ont un accès facile à l’eau et qui sont gérées par une agence de l’Etat, l’Office du Niger. Mais c’est un phénomène en explosion. Aujourd’hui, toutes les terres arables du pays sont concernées. Ce sont les entreprises privées qui sont à l’origine du phénomène, mais toujours avec la complicité de l’État. Ce sont les autorités nationales qui s’accaparent d’abord les terres, sous prétexte que la terre appartient à l’État. Ensuite, ces autorités redistribuent les terres à des opérateurs économiques, des entreprises privées, des agences immobilières… Coutumièrement, ces terres sont leur lieu de travail et leur source de vie. Et la plupart du temps, ils n’ont pas de titre de propriété, car le Mali n’a pas atteint ce niveau en termes de politique foncière. Cela dit, le droit coutumier existe depuis le temps colonial, il a même été ratifié en 1987 par le président du Mali Moussa Traoré. Mais il n’est jamais respecté»

Le colonel Moussa Sinko Coulibaly est le ministre malien de l’Administration territoriale. Issu de la junte militaire qui a mené le coup d’État du 22 mars, il a été nommé au mois d’août au sein du gouvernement d’union nationale.

«Il faut rappeler que toutes les terres appartiennent à l’État. Il n’y a pas d’accaparement des terres au Mali, et il n’y a pas de corruption à ce niveau. Cela n’existe pas», soutient-il.

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