Sacrée Constitution!
L’atteinte au sacré ne devrait finalement pas être criminalisée dans le texte de la Constitution tunisienne, contrairement à ce qui était annoncé. Une décision récemment entérinée par la Commission chargée d’écrire son préambule, et dont le texte sera débattu en novembre par les députés. La prudence reste cependant de mise, tant que le projet global n’est pas rendu public.
Cet article avait été proposé par une dizaine de députés et vivement soutenu par Rached Ghannouchi, le patron d’Ennahda, lors du congrès du parti en juillet. Mais finalement, l’instance de coordination et de rédaction de la Constitution a jugé qu’il fallait le supprimer.
La Constitution n’a pas à criminaliser les atteintes au sacré, résume un député, et surtout, un des articles fondamentaux dit déjà que la République « protège le sacré ». Une formulation plus consensuelle.
Même si plusieurs députés Ennahda justifient aujourd’hui pleinement l’abandon du texte, on sait que d’autres militent encore pour sa réintégration. La prudence est donc de mise tant que le texte final qui sera proposé en plénière début novembre n’a pas été rendu public.
D’autant que le doute plane une fois de plus sur les intentions du parti Ennahda. Ces jours-ci, des déclarations de Rached Ghannouchi enregistrées lors d’entretiens avec des salafistes circulent sur Internet. Il fait comprendre que l’islamisation de la société à long terme est son objectif, mais qu’il faut être patient.
La méfiance est de mise aussi parce que des procédures judiciaires contre des artistes accusés d’avoir porté atteinte au sacré sont toujours en cours.
