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SIDA: La religion n’est pas un obstacle au traitement du VIH

Religion et contagion

Les prédicateurs qui promettent la guérison divine sont souvent accusés de détourner des personnes séropositives désespérées de leur traitement antirétroviral (ARV) susceptible de prolonger leur vie, et de mettre leur santé en danger. Cependant, de récentes recherches suggèrent que les croyances religieuses ne sont pas un obstacle au traitement.

Une enquête publiée en juin dans la revue médicale HIV Medicine a révélé qu’il était peu probable que de fortes croyances religieuses concernant la foi et la guérison chez les Noirs africains résidant à Londres constituent un obstacle au dépistage du VIH et au traitement par ARV. Les 246 participants ont déclaré être chrétien, y compris les catholiques romains ou musulmans. Seuls 1,2% d’entre eux ont affirmé n’appartenir à aucune religion.

D’après un rapport de 2011 de l’Agence de protection de la santé britannique, les Noirs africains seraient le groupe ayant le plus de risques d’être atteint du VIH. D’après les estimations, sur les 47.000 hétérosexuels séropositifs vivant au Royaume-Uni, 19.300 femmes et 9.900 hommes étaient d’origine africaine.

Selon les auteurs du rapport, «les analyses n’ont montré aucun lien entre la religiosité (mesurée par la fréquence des services religieux suivis et l’observance des attitudes ou des croyances religieuses) et le dépistage tardif du VIH. Il n’y aurait pas non plus de lien entre la religiosité et les variations dans le comptage CD4 [une mesure de la résistance du système immunitaire] ou dans la charge virale [la quantité de virus dans le sang] au cours des six mois suivant le diagnostic ou au début de la thérapie antirétrovirale. Toutefois, les participants qui assistaient à des services religieux au moins une fois par mois étaient plus enclins à croire que la «foi seule pouvait guérir du VIH», par rapport à ceux qui allaient moins fréquemment à l’église. Quelque 5% pensaient que la prise d’ARV révélait un manque de foi en Dieu, mais ces croyances n’ont pas eu d’incidence sur le traitement ou le dépistage du VIH.

Ces résultats confirment ceux d’études africaines précédentes montrant que la décision de commencer un traitement était généralement liée au niveau d’éducation et de connaissance des ARV, plutôt qu’à la religion.

En Afrique, où les organisations religieuses jouent un rôle majeur dans les soins et le soutien aux personnes séropositives, les chefs religieux encouragent les membres de leur communauté à prier, mais ces derniers n’abandonnent pas leur traitement pour autant.

«Nous encourageons les fidèles [séropositifs] à se rassembler pour prier comme partie de leur thérapie. Ils partagent leurs expériences, leurs prières, et s’encouragent mutuellement à suivre religieusement leur traitement», a déclaré Révérend Macdonald Sembereka, coordinateur national de la branche au Malawi de INERELA+, un réseau international et interconfessionnel de chefs religieux qui sont confrontés au VIH ou sont personnellement touchés par le virus.

Les croyants atteints du VIH affirment que la prière et la fraternité les aident à prendre les ARV aux effets secondaires souvent désagréables, pouvant provoquer des vertiges, des nausées et augmenter l’appétit.

«Même quand nous ne sommes pas ensemble, nous prions tout le temps les uns pour les autres, car, en plus de la médecine, nous avons aussi besoin de la grâce de Dieu et les prières nous aident à prendre nos médicaments», a déclaré Florence Wekesa, une infirmière séropositive et membre du groupe de soutien des travailleurs de la santé pour les personnes atteintes du VIH dans le district de Busia, dans l’ouest du Kenya.

M. Sembereka a déclaré que le discours de certains religieux sur la guérison miraculeuse relevait de la stigmatisation, ce que son organisation essayait de combattre en prêchant la complémentarité de la spiritualité et de la science. Il a indiqué que, grâce à un meilleur accès au traitement et une meilleure connaissance du VIH, l’influence des chefs religieux qui sont de mauvais guides avait diminué.

«La prière et le traitement sont complémentaires. Nous ne pouvons pas ignorer l’efficacité du traitement lorsque nous avons de solides preuves scientifiques qu’il fonctionne», a-t-il dit.

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