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SENEGAL: Vers une présidentielle anticipée?

Le président Wade « disposé à partager le pouvoir avec l’opposition et à tenir une élection présidentielle anticipée« ?

Sous la pression de la rue et des critiques à l’étranger, le texte a finalement été retiré. Dans son discours de ce jeudi, le président Wade a considéré que le projet de loi en question « n’a probablement pas été suffisamment expliqué»

 

S’adressant « à la nation » sénégalaise pour la première fois depuis qu’il a été obligé par l’opposition et la société civile de retirer, le 23 juin, un projet de loi constitutionnelle censé modifier le scrutin présidentiel de février prochain et qualifié de « monarchique », le President Abdoulaye Wade a, devant des élus locaux, des députés et des sénateurs de la mouvance présidentielle, déclaré: « Je suis même prêt  à associer l’opposition à l’exercice du pouvoir. Mais, c’est une facilité, un gage de bonne volonté et d’ouverture, et non une obligation. Si cela doit [nous] acheminer sereinement vers des élections apaisées, démocratiques, transparentes et irréprochables, pourquoi pas? Mieux, maintenant, si l’opposition est pressée et si elle est certaine de détenir la majorité, je peux envisager une élection présidentielle anticipée, si cela est nécessaire pour la cohésion sociale et la concorde nationale« .

Et de préciser que « la Constitution me donne le pouvoir d’organiser une élection présidentielle par anticipation, dans un délai [compris] entre 60 jours au maximum et 40 jours au minimum.  Si l’opposition le veut, dans 40 jours, nous pouvons faire des élections présidentielles. Ceux qui veulent le pouvoir ici et tout de suite devraient y trouver leur compte. En ce qui me concerne, je suis à l’écoute. En ce qui me concerne, je reste, en principe, attaché au respect du calendrier électoral, qui fixe au 26 février 2012 le premier tour du scrutin présidentiel ».

 

Laissant entendre qu’il briguera un troisième mandat présidentiel, à l’occasion de l’élection de 2012 pour laquelle il est disqualifié selon l’interprétation donnée de la Constitution par de nombreux constitutionnalistes, Abdoulaye Wade, tout en se montrant convaincu de la victoire, a toutefois rassuré que, si à l’issue d’une élection anticipée ou tenue à la date normale, le peuple décide de confier le pouvoir « à un autre que moi, je féliciterai le vainqueur« .

 

En réponse à ceux qui l’accusent de préparer à sa succession son fils Karim Wade, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie, Me Wade a tenu à rappeler: « Etant moi-même arrivé au pouvoir par la vertu des urnes, je ne saurais envisager un autre mode de dévolution du pouvoir autrement que la volonté librement exprimée des citoyens y compris le legs à mon fils comme le disent certains« .

Le chef de l’Etat sénégalais a affirmé qu’il tient le gouvernail du pays jusqu’à l’élection présidentielle du 26 février 2012, et en référence allusive aux manifestations du 23 juin, il a mis en garde « ceux qui seraient tentés encore de vouloir continuer à troubler l’ordre public« .

En tel sens, il a en outre averti qu’il va donner des instructions fermes aux forces de sécurité, pour que « force reste à la loi« .

 

Il a également annoncé qu’il demandera au ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom de « rencontrer les ambassadeurs des pays de l’Union Européenne (UE) et des Etats-Unis qui, selon lui, ont saisi le gouvernement à propos du redécoupage administratif, objet de malentendus entre lui et l’opposition. Cette rencontre permettra d »‘examiner cette question du découpage administratif et leur (les ambassadeurs) montrer que cela ne peut avoir aucune incidence sur le processus électoral« 

 

Au cours des manifestations des 23 et 27 juin qui ont fait une centaine de blessés, il avait alors été émis deux principales doléances qui s’adressaient tout particulièrement au président Wade: ne plus toucher à la Constitution et de ne pas se représenter à la présidentielle, en respect précisément de cette Constitution.

 

 

Les manifestants ont obtenu gain de cause pour la Constitution mais pas pour sa candidature. Le fameux 23 juin, de vives protestations s’étaient faites entendre dans le pays suite, notamment, au projet de loi du chef de l’Etat prévoyant de faire élire, au scrutin présidentiel, un président et un vice-président avec un minimum de 25% des voix dès le premier tour. (Il s’agit de la réforme dite du «quart bloquant».)

 

 

Le discours prononcé par le président sénégalais n’aurait-il finalement eu qu’un but: mobiliser les militants du PDS, le parti au pouvoir, pour 2012… autour du candidat Wade.

 

Au lendemain de l’intervention de Wade, l’opposition, se disant « déçue mais pas surprise« , a appelé à amplifier les manifestations.

Pour elle, en réaffirmant sa candidature au scrutin présidentiel, le président Wade «est resté sourd au message du peuple sénégalais. Abdoulaye Wade n’a pas parlé aux Sénégalais mais à son camp. Il a répondu au peuple en chef de parti et non en chef d’Etat, restant sourd au message que le peuple sénégalais a voulu exprimer le 23 juin 2011», résume un communiqué du Parti Socialiste sénégalais.

 

Nafi Digo

 

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