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SENEGAL: Le «soukerou koor», un calvaire pour certains maris

Maris aux paris taris? 

Le mois béni du ramadan est une période d’abstinence, de solidarité et de partage. C’est aussi une période de raffermissement des liens entre belles familles, selon la tradition sénégalaise. C’est dans ce contexte qu’est né «le Soukerou Koor» qui consiste, selon la tradition, à donner un présent à sa belle-famille.

altMais l’on se rend compte de nos jours que cette tradition est devenue une obligation chez les femmes mariées et une source de calvaire pour les pauvres époux. Du «Gagnila» aux autres tissus de luxe, en passant par des bijoux en or ou en argent, les femmes ne lésinent plus sur les moyens pour s’acquitter de cette tâche durant le moi béni du ramadan. Certaines plus nanties vont même jusqu’à offrir une maison ou une voiture à leur belle famille.

Si le sucre est choisi symboliquement, il n’en demeure pas moins qu’un mari ne s’aventurerait pas à en donner à la maman de son épouse, de peur d’être traîné dans la boue, ou de voir son ménage battre de l’aile. Par ailleurs, certaines femmes qui ont «la folie des grandeurs» se permettent à tout prix de séduire la galerie et s’engagent dans des dépenses faramineuses.

Moulée dans un ensemble wax, A. S., la quarantaine révolue, ne dira pas le contraire. Elle reconnait que le «Soukerou Koor» est une obligation. «Chaque année, je dépense plus de 300.000 CFA pour satisfaire à cette exigence. «Je veux simplement faire plaisir à mes beaux parents et mes belles sœurs. Cet argent provient de mes cotisations accumulées durant toute l’année, d’autant que je n’ai aucune autre source de revenu». Elle dit rendre grâce à Dieu car «avec mes gestes en leur endroit, je suis la plus appréciée et respectée par ma belle famille. Une femme doit être coquette».

Fama, pour sa part, ne partage ce point de vue. Trouvée devant le parking d’une entreprise de la place, cette jeune cadre, fraichement mariée, ne mâche pas ses mots quand elle nous dit sa désapprobation face à une telle pratique qui, selon toujours elle, est insensée et scandaleuse.

«À la limite, c’est de l’arnaque». Et cela, vu la proportion inquiétante qu’elle est en train de prendre dans la société. «Je ne suis pas contre le fait que l’on donne un cadeau à sa belle famille dans la mesure du possible, mais c’est le fait d’en faire une obligation que je trouve exagéré. Pourquoi gâcher des millions pour des futilités alors qu’il y a des priorités ailleurs?» s’indigne-t-elle.

Des femmes comme Fama suffisamment courageuses pour dire non à leurs belles-mères ne courent pas les rues. C’est le cas de Mme Seck, qui reconnaît vivre un véritable calvaire. «Avant, je travaillais et je gagnais bien ma vie. Je faisais de mon mieux pour faire plaisir à ma belle famille. Malheureusement, depuis que notre société a mis la clé sous la paillasse, je suis devenue la risée de ma belle famille. Simplement parce que je ne peux plus leur donner ce que je faisais à l’époque. C’est à peine si mes belles sœurs me saluent maintenant», se désole-t-elle.

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