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SAMUEL ETO’O: L’interview vérité – Coupe du monde, menaces de mort, carrière

Une carrière « Eto’onnante »!

La star du foot africaine, le camerounais, Samuel Eto’o Fils était en Guinée pour inaugurer un nouveau centre.

altAprès deux jours de séjour en Guinée, quelles sont vos impressions aujourd’hui?

Samuel Eto’o: Je tiens encore à vous dire merci de m’avoir reçu dans notre pays. On dirait que je suis à Yaoundé ou encore à Douala. J’ai vu, j’ai compris que ce que j’ai réussi à conclure dans ma carrière a été vu et surtout apprécié par beaucoup de frères africains. Ce qui veut dire quelque part que j’ai bien fait mes devoirs. Certainement j’ai eu une très bonne note. C’est pourquoi vous avez tenu à être là aujourd’hui. Vous avez dit tout à l’heure que j’ai accepté que la star guinéenne, Bobo Baldé soit là. Non! C’est mon frère. C’est un ami. En dehors du football, on a partagé autre chose. C’est vrai que depuis quelques mois, on s’est perdus de vue. Je suis très content. J’ai dit au ministre que tu m’avais déjà invité dans notre pays, je n’avais pas eu le temps de venir. Je suis content de venir dans notre pays. Merci encore.

Qu’est-ce qui te motive réellement à investir en Guinée dans le football à la base?

Samuel Eto’o: En venant en Guinée, pour ceux qui connaissent ma petite histoire, je suis convaincu que l’Afrique a le potentiel pour gagner la coupe du monde demain mais tout ça, nous devons avoir une certaine base. Nous avons déjà beaucoup de chance parce que nos mamans nous ont permis d’avoir un certain talent, alors que les européens apprennent le football dans des écoles de football. Par contre, nous, nous sortons des rues pour nous retrouver dans des grands stades. Et je dis grand bravo à tous ces enfants d’Afrique. Quand j’ai eu l’opportunité de venir ici, je me suis dit que je viens écouter et voir pourquoi pas demain faire ce que j’ai eu à faire dans d’autres pays africains, un centre de formation ici. Je pense que si le niveau du football africain augmente, nous aurons plus de chance d’avoir une sélection africaine demain championne du monde, et moi, c’est mon souhait. J’ai encore quelques années dans le football, mais il ne faut pas se fermer les yeux, peut-être que je n’aurais pas la chance, moi en tant que footballeur, d’avoir cette coupe du monde, qui est le rêve absolu de tout footballeur pourquoi pas nos jeunes frères. Alors, il faut accompagner leur rêve. Je pense que la base, pour moi, est la plus importante.

Quelle est la teneur de vos échanges avec le ministre des sports, Sanoussy Bantama Sow?

Samuel Eto’o: J’ai écouté attentivement ce que son excellence m’a dit. On a dit une discussion très très brève mais très importante pour moi. J’ai écouté aussi le président, que je tiens encore à féliciter. J’ai vu un magnifique stade tout à l’heure et j’espère peut-être que j’aurais la chance de jouer contre mes frères. Et le score sera peut-être 0-0. Félicitation ! Continuez à apporter le rêve de tous ses athlètes au plus haut possible. C’est tout ce que nous demandons chers frères. Nous autres grands frères de ces petits frères, nous allons essayer d’apporter notre contribution pour que votre travail soit, disons, facile parce que rien n’est facile. Il ne faut pas le penser, c’est vraiment difficile de gérer, c’est vraiment difficile d’accompagner le rêve des milliers de jeunes. Je regardais à travers la fenêtre de ma chambre, je disais au ministre : et sur une plage, je voyais des jeunes qui jouaient au football, et ça, c’est beau. Si nous pouvons les mettre dans un cadre plus adapté, je crois que ce sera l’idéal.

Peut-on connaitre le critère de choix des pays qui profitent de tes projets? En ce qui concerne le cas particulier de la Guinée, quel sera le coût de ton investissement? Nous avons également entendu que tu es menacé de mort au Cameroun. Quelles sont les raisons?

Samuel Eto’o: Je commencerais par la première question et je m’arrêterais là, si tu me le permets cher frère. Souvent, le plus important, sachez que le rêve n’a pas de prix. Et le plus important pour mener n’importe quel projet, c’est une stabilité politique. Il faut la paix dans toute chose. Nous sommes à Conakry. Si nous voulons que nos enfants et petits frères puissent rêver, il faut que cette stabilité-là, il faut que cette paix, pour que ces enfants puissent travailler dans de très bonnes conditions. Sachez que ce sont vos enfants. Ce sont nos petits frères. Et nous avons le devoir de les accompagner parce que ce sont eux qui représenteront notre pays demain, notre continent. Maintenant, pour parler de prix, c’est aller très très vite. Nous allons nous arrêter là aujourd’hui.

Vous étiez tout à l’heure avec le Chef de l’État guinéen, Alpha Condé, au palais présidentiel. Certaienement que vous avez eu des échanges. Comment l’avez-vous trouvé?

Samuel Eto’o: Oh, je ne permettrais pas de juger un Chef d’État. Vous n’allez pas me demander ça. Mais les gens qu’on a eu, c’est dans la même lignée que son Excellence Monsieur le ministre. Nous sommes tous heureux et excités de savoir que nous pouvons peut-être faire quelque chose. Et c’est ça le plus important. Sachez que eux qui profiteront de ça, ce sont nos petits frères ou nos enfants. Le président ne peut qu’être heureux. Voilà tout !

Vous évoluez à présent en Russie. On sait que ce transfert vous rapporte sur le plan financier. Avez-vous l’envie de revenir dans un autre championnat européen plus en vue? 

Samuel Eto’o: Déjà, pour vous parler de la Russie, le bonheur se trouve partout. J’ai eu la chance, moi, de rêver et de gagner pas mal de titres dans ma carrière. J’ai pratiquement gagné tout ce qu’un joueur peut rêver de gagner, il me manque juste la coupe du monde. J’ai 31 ans aujourd’hui. Ma décision, quand j’ai pris la décision d’aller en Russie, c’était pour montrer à tout africain qu’avec le rêve, le travail et beaucoup d’amour dans ce qu’on fait, on peut réussir. Et je crois que sur le plan financier, c’était juste la reconnaissance de mon travail et de mon talent. Après, beaucoup l’ont critiqué en se cachant derrière l’idée qu’ils m’aimaient bien et qu’ils voulaient me voir jouer de l’autre côté de l’Europe. Mais je vais vous dire que je suis arrivé dans un club qui était presqu’amateur, aujourd’hui, nous allons jouer les huitièmes de finale de l’Europa League. Et ça, c’est ma plus belle victoire parce qu’avec certains clubs, j’ai gagné la Champion’s League, j’ai gagné aussi le championnat d’Espagne, la coupe d’Espagne, la coupe du monde des clubs. Mais imaginez-vous que si ce petit club à 12 mois venait à remporter Europa League, je crois que peu de joueurs auront, eux, telle victoire dans leur carrière. Bon, c’était un choix réfléchi. C’est un choix pour permettre à nos jeunes frères de rêver mais vraiment rêver parce qu’à chaque fois qu’on veut nous comparer, on nous compare entre nous. Je veux qu’on nous compare avec les autres parce qu’en Afrique, il n’y a pas que le Sida, il n’y a pas que les maladies. Il y a des talents. Il y a des gens qui réfléchissent. Il y a des gens qui ont des projets, qui ont réussi, qui conduisent certains projets et qui sont au même niveau que les étrangers. Moi, j’adore notre Afrique. Et je pense que notre Afrique a son mot à dire, surtout quand on a du talent. Voilà pourquoi je suis parti en Russie. Et je suis content d’être là-bas. Je ne sais pas si ma carrière va s’arrêter là-bas. Même si j’aurais pu jouer durant plusieurs années dans quelques années, j’arrête.

Le Cameroun n’a pu se qualifier lors des deux dernières coupes d’Afrique des nations de football. Êtes-vous aujourd’hui en mesure de vous qualifier à la coupe du monde 2014?

Samuel Eto’o: Pour ce qui est de l’équipe nationale du Cameroun, nous avons de très très bons joueurs. Mais comme vous le savez, dans toute chose, il faut une bonne organisation. Vous pouvez avoir le meilleur joueur au monde, si vous n’avez pas la meilleure équipe, vous n’allez pas gagner. Dian Bobo Baldé peut vous dire que la vraie star, c’est l’équipe, ce ne sont pas les joueurs. Nous, on a beaucoup de grands joueurs, beaucoup de bons joueurs je veux dire, il faut cette organisation-là, qui va nous permettre d’avoir ces stars, qui sera cette équipe.

Votre dernier projet de centre, c’était au Gabon. Quel intérêt pour la Guinée?

Samuel Eto’o: Je vais rectifier. Mon dernier projet, c’est au Kenya, plus précisément à Nairobi où nous allons ouvrir un autre centre de formation. Comme je le disait tantôt, je suis un enfant d’Afrique. Je ne choisis pas, je n’ai pas de préférence. Que ce soit la Guinée, le Gabon, le Cameroun, je suis un enfant d’Afrique, je me sens bien partout. Aujourd’hui, c’est la Guinée, demain, ce sera un autre pays. Ne vous posez pas, ne cherchez pas à voir le diable partout. C’est fait naturellement. Et puis, j’espère que Dieu me donnera longue vie pour amener ce projet dans la plupart des pays en Afrique.

Depuis votre arrivée ici, vous avez écouté. Quelle garantie les autorités vous ont-elles donné pour pouvoir concrétiser votre centre de formation en faveur des jeunes?

Samuel Eto’o: La paix appartient à tous. Ce n’est pas une affaire du président ou de quelqu’un d’autre. Moi, je ne fais pas la politique et je ne ferais jamais la politique. Et si jamais je deviens fou pour faire la politique, arrêtez-moi. Je sais jouer au football et je pense que chacun a son don dans la vie. Ce que je sais faire, c’est le football. J’apporte mon savoir-faire. Et pour cela, chers frères, cela nous appartient tous. La paix. Nous avons tous besoin de la paix pour être heureux, pour penser à manger. Quand il n’y a pas la paix, c’est compliqué. J’ai eu la chance de voyager dans certains pays qui ont été en guerre, je puis vous dire, chers frères, la paix est le bien le plus précieux dans le monde. Cela nous appartient tous. Ce n’est pas une affaire du Chef de l’État, c’est aussi votre affaire.

J’insiste sur le choix de la Guinée. Après le Cameroun, le Gabon et le Kenya, vous choisissez la Guinée. Est-ce que l’environnement vous convient-il pour y investir?

Samuel Eto’o: C’est la première fois que je vienne en Guinée. depuis hier, j’ai visité pas mal de choses maintenant, laissez-moi faire au moins mon choix. Laissez-moi faire mon choix. J’ai voyagé dans pas mal de pays d’Afrique et je puis vous dire que vous devez être fiers de votre pays parce qu’ailleurs, il y a vraiment la souffrance, quand on connait la guerre, chers frères, c’est difficile.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes talents désireux de réussir en football?

Samuel Eto’o: Je n’ai pas une potion magique. Mais moi, je peux tranquillement vous parler de ma vie. Et je pense que ma carrière, on peut dire que j’ai réussi, pas le côté financier que tout le monde relève toujours mais j’ai joué dans les plus beaux stades, ce qui était mon rêve. Mon rêve, quand j’étais plus jeune, c’était que mes parents puissent me regarder à la télévision, je ne m’imaginais pas que du jour au lendemain, je pouvais connaitre l’autre folie qui est d’être pauvre et devenir riche. C’est vraiment une folie, quand vous partez de l’Afrique où vous avez trop faim, vous manquez beaucoup de choses, vous arrivez en Europe et on vous présente peut-être un contrat où vous gagnez peut-être cinquante ou cent millions le mois, vous vous dites que cet argent ne va pas finir, c’est une folie pour nous. C’est vraiment une folie parce que vous n’avez pas connu ça, vous vous retrouvez du jour au lendemain très très riche. Et vous croyez vraiment être le roi du monde mais j’ai eu la chance, j’ai grandi dans une famille où mon père me disait toujours, défends tes idées quand tu penses que tes idées sont bonnes bats-toi pour écrire ton histoire. Et je me suis toujours battu pour écrire mon histoire, pour écrire mon rêve. Mon rêve était de devenir footballeur, de tutoyer les meilleurs, espérer être le meilleur un jour. Et j’ai travaillé pour ça. Et je vais vous dire que le travail, c’est la magie de la réussite. Donc, le travail, le travail, le travail.

Pour des raisons subjectives, tu n’as pas eu le Ballon d’Or, alors que tu le méritais. N’est-ce pas une victoire pour toi quand tu es le footballeur le mieux payé au monde?

Samuel Eto’o: Vous savez que le Ballon d’Or est un choix. Et si on regarde dans cette salle, on nous demande de choisir la plus belle femme, vous verrez que nous n’allons pas avoir le même choix. C’est pareil en football. Mais comme je vous l’ai dit que mon salaire est une victoire pour l’Afrique. C’est une reconnaissance de l’Afrique. C’est dire qu’il y a du talent en Afrique. C’est ça. Il y a beaucoup de grands joueurs que tu connais. Dian Bobo Baldé, c’est un grand joueur. Il connait les difficultés de notre métier. On ne vous donne pas un salaire parce que vous êtes beau. On vous donne parce que vous allez apporter un résultat, parce qu’il y a eu un résultat et on sait que vous savez faire certaines choses. C’est pourquoi on vous accorde certains salaires. Mais pour moi, c’est une reconnaissance à l’Afrique, c’est une victoire des africains. J’espère que les jeunes qui s’identifient à nous se diront : si tel a pu réussir, nous aussi, nous pouvons réussir. Et c’est vrai, ils peuvent réussir. Pour ça, il faut croire. Il faut que nous autres, nous les aidons, nous les mettons dans les conditions, mais moi, je ne vais pas jouer à la place de ces petits frères. Je ne vais pas jouer à la place de nos fils. Ils doivent jouer. Ils doivent savoir que pour devenir footballeur, il y a beaucoup de sacrifices, beaucoup de sacrifices. Il ne faut pas penser à devenir riche, il faut déjà penser à devenir le meilleur. Et quand vous êtes parmi les meilleurs, vous avez le salaire qui va avec. C’est comme ça mais si vous pensez à gagner l’argent, vous n’allez pas faire long feu. Il faut avoir l’amour pour tout ce qu’on fait.

BAH ABDOULAYE (Africa Top Sport)

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