Tony…truand?
Ceux qui avaient planifié le démembrement de l’ex-République du Zaïre de Mobutu en 1996 sont loin d’avoir désarmé. Ils poursuivent l’exécution d’un agenda caché bien ficelé et restent déterminés à atteindre leurs objectifs, quoiqu’il arrive et quoi qu’il en coûte.
On a beau souligner à leur intention la lourde facture humaine (plus de 6 millions de morts et d’autres millions de déplacés), rien n’y fait. On a beau leur rappeler la destruction méchante de la faune, de la flore et l’exportation massive des minerais de sang pillés en territoire congolais, on ne parvient pas à émouvoir une seule âme.
Fiché comme l’un des principaux architectes de la déstabilisation de notre pays en 1996, l’ancien Premier Ministre britannique, Tony Blair, vient de se rappeler au souvenir de tous les Congolais en accordant à la BBC une interview qui a pris la tonalité non seulement d’une provocation, mais surtout d’une insulte à la mémoire des millions des victimes des invasions rwanda-ougando-burundaises de notre pays.
Au moment où on nous déclare que la paix serait en route grâce à l’Accord-cadre du 24 février, voilà que Tony Blair, qui continue d’assumer des missions importantes sur le plan international – il est notamment le Représentant du Quartet au Moyen-Orient – se charge de nous envoyer des signaux inquiétants. Sa lecture du dossier congolais devrait faire réfléchir tous les compatriotes naïfs, qui s’imaginent que le Congo serait sorti de l’auberge par la seule magie du deal politique d’Addis-Abeba.
A entendre parler l’ancien chef du gouvernement britannique, les Congolais meurent comme des mouches, sur le sol de leurs ancêtres, par leur propre faute, à cause des activités des milices internes. Le Rwanda que tous les observateurs neutres – y compris ceux des Nations – ont épinglé comme l’un des pays agresseurs de la RDC, est félicité parce que, semble-t-il, il utiliserait judicieusement l’aide internationale et lutterait efficacement contre la pauvreté.
Tony Blair, qui n’ignore sans doute pas comment on peut causer des blessures d’amour-propre aux tiers, se charge malheureusement de remuer le couteau dans nos plaies, en refusant d’indiquer la destination que prennent les recettes générées par la vente illicite, par Kigali, des stocks de minerais de sang qui sortent, nuit et jour, de notre pays grâce aux soi-disant rebellions et autres milices instrumentalisées par le Rwanda et l’Ouganda.
La nième sortie médiatique de Tony Blair, pour accomplir la sale besogne de l’avocat du diable sur la scène internationale, vient de confirmer, une fois de plus, ce que des millions de Congolaises connaissent déjà, à savoir l’existence d’un vieux plan de balkanisation de leur pays. Ils savent aussi que le projet est piloté par des personnalités anglo-saxonnes qui se font passer pour des spécialistes des questions congolaises.
S’il y a un bouclier que les filles et fils de ce pays devraient bien tenir pour faire face aux velléités de dépeçage de leur mère-patrie, c’est celui de la cohésion nationale, qui leur fait pour le moment gravement défaut. Aussi faut-il souhaiter que le chemin du Dialogue National tant évoqué ces temps derniers soit préalablement débarrassé de tout ce qui l’encombre : contentieux électoraux de novembre 2011, restrictions des libertés d’opinion, d’association et de réunion, chasse aux sorcières, corruption érigée en système, impunité, justice à la tête du client, violations des droits de l’homme, non satisfaction des besoins sociaux des bases, deals politiques entre gouvernants et seigneurs de guerre, etc. Sans véritable « Union sacrée » entre Congolais, leur puissant désir de vivre à jamais dans un Etat indépendant et uni risque, à la longue, d’être ébranlé, ce qui ouvrirait de larges brèches à ceux qui n’attendent que ça.
