in

Natale Forlani: Flux prioritaire aux immigrés déjà en Italie

“Pensons d’abord à qui est déjà en Italie et est chômeur”.


Rome: 09/06/2011 – Améliorer la programmation des flux d’entrée, avec des quotas correspondant enfin aux exigences réelles des entreprises et familles, et créer un système efficace de rencontre entre offre et demande de travail, en Italie ou directement dans les pays d’origine. Ce sont les objectifs les plus urgents de la Direction Immigration du Ministère du Travail et des Politiques Sociales, guidée depuis quelques mois par Natale Forlani. «Il y a tous les ingrédients pour les atteindre même sans modifications normatives, il faut maintenant les réunir pour les faire fonctionner», assure le nouveau Directeur sur notre site Stranieriinitalia.it.


Comment améliorer la programmation des flux?

Natale Forlani: Entre-temps nous avons des données démographiques sures: d’ici 2020, l’Italie perdra 4 millions de personnes en état de travailler, qui ne pourront pas être compensés par les chômeurs italiens, pour un problème d’insuffisante mobilité  sociale et territoriale. Puis il faut mettre au point un système de relevés des réels besoins numériques et qualitatifs, gérant au mieux les communications obligatoires qui entre autre nous fournissent des informations précises sur les travailleurs qui ont perdu le boulot.

 

La crise économique a fait perdre le boulot à des tas d’étrangers…

Natale Forlani:C’est vrai et justement ces travailleurs devraient être réinsérés en priorité, avant de recourir à de nouvelles entrées en provenance de l’étranger. Autrement on risque de dilapider un capital humain et professionnel et d’alimenter le travail au noir, élargissant le monde des gens disposés à travailler pour moins d’argent et moins de droits, au détriment des réguliers.

 

Est-ce la raison qui a jusqu’à présent bloqué un nouveau décret des flux?

Natale Forlani:Actuellement il n’y a pas besoin d’entrées génériques, les prochains flux iront aux travailleurs qualifiés. Avant il faut d’abord réassorber le chômage des étrangers déjà présents en Italie. Entre-temps, nous devons signer des accords avec les pays d’origine, considérant que les flux vers l’Italie sont en train de changer: il y a une baisse de l’Europe par exemple et une augmentation de l’Asie.

 

Entre-temps cependant il y a aussi des milliers d’irréguliers écartés de la dernière régularisation, réservée aux travailleurs domestiques…

Natale Forlani: Limiter la régularisation aux travailleurs domestiques fut un choix politique dont je prends acte. Nous devons maintenant chercher à examiner la situation de qui a perdu le boulot et clôturer rapidement les dossiers de la dernière régularisation, dépassant les critiques existant encore dans certaines provinces.


Aujourd’hui qui a perdu le boulot a seulement 6 mois pour en trouver un autre, puis il perd aussi le permis de séjour. N’est-ce pas une règle trop rigide?

Natale Forlani: En réalité, la loi parle d’un permis de séjour d’au moins 6 mois pour chercher du travail, et sur ce point, on pourrait intervenir, mais seulement face à un cadre précis du phénomène et à des conditions déterminées. Il me semble juste par exemple d’éviter que qui a perdu le boulot et est engagé dans des politiques actives d’emploi (comme des interventions de formation, requalification et  orientation n.d.r.). Mais on ne doit pas mettre en discussion le principe général selon lequel peut rester en Italie seulement qui a un revenu suffisant pour subvenir à ses besoins.

 

Qui peut faire rencontrer l’offre et la demande de travail et se dédier à la réinsertion des chômeurs?

Natale Forlani:Les régions, provinces, syndicats et associations de catégorie, à travers les organismes bilatéraux, agences de travail, en somme les opérateurs publics et privés autorisés à ce genre d’interventions. Les opérateurs sont là, il faut les mettre en réseau de manière efficace. Il est indiqué que les immigrés trouvent encore le boulot à travers le bouche à bouche et cela peut être le premier pas vers le travail au noir et l’exploitation; seulement 30% s’adressent aux services pour le travail.

 

Et dans le travail domestique? Difficile qu’une famille cherche une colf à travers une agence de travail…

Natale Forlani: Le travail domestique a une spécificité, qui mériterait un discours plus ample et solutions spécifiques. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui les principales causes du travail au noir dans ce secteur sont la complexité de la gestion du rapport et les coûts élevés pour les familles. Il faut alors un réseau de services où par exemple les patronats pourraient  faciliter la rencontre entre l’offre et la demande et épauler les travailleurs et les employeurs dans le rapport professionnel et ensuite il faudrait intervenir sur la détraction des dépenses.

Le « Plan pour l’intégration » du Gouvernement mise beaucoup sur la formation dans les pays d’origine. N’était-ce pas déjà prévu par la loi Bossi-Fini? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné jusqu’à présent?

Natale Forlani: Vu les investissements,  les résultats ont été inadéquats. Il faudrait une intervention normative, permettant aux sujets autorisés par la Loi Biagi d’opérer également à l’étranger et faire rencontrer l’offre et la demande. Mais il faut surtout changer la conception de la  formation dans les pays d’origine.

 

Comment?

Natale Forlani: Jusqu’à présent, le raisonnement a été: former les travailleurs à l’étranger et les insérer dans les listes de travailleurs disponibles, en attendant que quelque société les appelle. ça ne va pas:  que les entreprises disent quels boulots sont disponibles et ensuite on formera des gens qui peuvent répondre à cette demande spécifique, ont également appris un peu d’italien et d’éducation civique et qui, une fois finie la formation, ont déjà un boulot garanti. Autrement on ne fait que gaspiller des ressources et les seuls à en bénéficier sont les formateurs.

 

Et après la formation, qu’est-ce qu’on fait? On attend le décret des flux pour les faire arriver en Italie?

Natale Forlani: Le Plan pour l’intégration propose de faire entrer ces travailleurs formés à l’étranger hors des quotas, mais aussi de les faire arriver à travers les quotas; avec la normative actuelle, ce n’est pas difficile.

 

Vu les délais de réponse des «Sportelli Unici» aux demandes des familles et entreprises, ce ne sera pas une promenade. Combien de temps peut attendre une société qui a besoin de main d’oeuvre?

Natale Forlani: Les longs délais sont actuellement un problème, il faut renforcer l’administration. Les «Sportelli Unici» ne peuvent cependant pas être chargés de tous les contrôles des demandes. Ils devraient être un simple terminal, supporté par un réseau d’acteurs comme les associations de catégorie, les agences de travail et les centres pour l’emploi. Autrement le travail devient impossible à gérer.

 

Elvio Pasca

 

Immigration et formation: 10.000 entrées

Travailleurs domestiques: Plus de 1.000.000!