Les Maliens n’ADOptent plus Ouattara?
L’échange téléphonique que j’ai eu avec un concitoyen ivoirien et ami vivant à Bamako, depuis quelques années, est édifiant sur la tension qui règne dans la capitale malienne, depuis le coup d’Etat militaire contre le Président Amadou Toumani Touré.
Les Maliens se mobilisent, souvent très bruyamment. Avec à la clé des manifestations de rue. Les uns pour soutenir la junte militaire au pouvoir dirigée par le Capitaine Sanogo. Les autres, pour exiger une transition conduite par une personnalité civile. Au-delà de ce chassé-croisé, une situation semble marquée de façon significative mon ami. Ecoutez-le plutôt: «Il y a ici à Bamako, et on m’a dit que c’est pareil dans d’autres villes du pays qui ne sont pas occupées par la rébellion, un sentiment anti-français et anti-Alassane Dramane Ouattara (ADO) très fort. Les Maliens accusent Ouattara d’ingratitude. Ils disent qu’ils l’ont soutenu pendant la crise en Côte d’Ivoire et aux élections présidentielles pour qu’il prenne le pouvoir. Maintenant qu’il est au pouvoir, il s’associe à la France pour vouloir tuer les Maliens», soutient-il.
A ma question suivante: «Comment disent-ils avoir aidé Ouattara à prendre le pouvoir?». Voici la réponse de mon ami: «Ils disent que certains de leurs frères ont pris les armes pour Ouattara et y ont perdu la vie. Et puis, à l’élection présidentielle, des Maliens ont pris le risque de voter en Côte d’Ivoire pour Ouattara alors que c’était interdit».
Ces révélations de mon ami bamakois sur la colère des Maliens envers Alassane Dramane Ouattara permettent de lever un coin de voile sur deux réalités inéluctables: primo, les Maliens avouent qu’ils ont combattu au sein de la rébellion armée pro-Ouattara qui a endeuillé la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002. Secundo, ils révèlent qu’ils ont fraudé sur la nationalité ivoirienne pour voter pour Ouattara en octobre et novembre 2010.
Tout cela, les observateurs attentifs de la vie politique ivoirienne le savaient. Mais ce qu’ils ignoraient, c’est comment et quand cette vérité cachée serait portée sur la place publique. C’est dorénavant chose faite. Malheureusement, c’est la vie de paisibles ressortissants ivoiriens et français vivant au Mali qui se trouve menacée par ces sentiments anti-français et anti-Ouattara exacerbés. Alors qu’ils n’ont rien à voir avec ce que Sarkozy et Ouattara ont fait en Côte d’Ivoire puis au Mali.
