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Luca Neves, jeune rappeur d’origine cap-verdienne, né et élevé en Italie et expulsé comme sans-papier

Le jeune artiste dénonce: «Je suis né et j’ai grandi à Rome. L’Italie veut maintenant me chasser ».

Luca Neves, alias Fat Negga est un fils d’immigrés. La nationalité italienne lui a été refusée, son permis de séjour a expiré, et est arrivée le décret d’expulsion. «Je suis italien, ce n’est pas seulement mon combat à moi« . 

Luca Neves a été au Cap-Vert une seule fois, quand il était petit, en vacances avec ses parents. Actuellement, l’Italie voudrait le renvoyer là-bas pour une période indéfinie, pour lui faire purger sur une île de l’Atlantique, un exil honteux de fils non reconnu. « Ils veulent me buter de mon pays avec un coup de pied au cul. Ils peuvent user la force mais ils ne gagneront pas. Plutôt, je me mords la langue et je me noie dans mon sang« , déclare-t-il à notre groupe éditorial « Stranieriinitalia.it ». 

C’est un rappeur (sur scène, il est Fat Negga) qui donne l’impression d’exagérer avec la puissance de ses mots, mais une fois connue son histoire, on comprend sa colère et de désespoir. 

Il est né, il y a 28 ans, à l’hôpital Regina Elena, dans la banlieue de Rome. Il est fils d’immigrés cap-verdiiens. Son père a travaillé toute un vie dans un manège, avant de finir sur un fauteuil roulant à cause d’une série de problèmes de santé; sa mère, une femme au foyer, n’est plus vivante. Quand il était gosse, tout son monde était à Trigoria.

« Nous vivions dans le manège et je jouais avec les poussins de Rome. Je rencontrais souvent Totti et Aldair; parfois, De Rossi a meme accompagné à la maison maman et moi, avec les sacs des achats« , raconte-t-il. Dans la capitale, il a fait toutes les écoles, de la crèche à l’école de gestion hôtelière, où il est devenu chef et a commencé à travailler. 

Entre-temps, pour l’Etat, il restait un étranger, d’abord inséré dans le permis de séjour de ses parents (ils ont toujours été en règle), puis avec un permis de séjour propre. À 19 ans, il est allé à la commune pour demander la nationalité italienne, mais cette même bureaucratie qui d’habitude prend toujours tout le temps qu’elle veut, lui a répondu qu’il était trop tard: «J’aurais du présenter la demande à 18 ans« . La demande a été rejetée.

À ce point, suivant un script connu de plusieurs membres des secondes générations, il a tenté de nouveau au Ministère de l’Intérieur. Il a recueilli des documents pour prouver, simplement, ce qu’il était: un jeunequi ewst  né et a grandi en Italie, désireux de devenir italienne, conformément à la loi. «J’ai remis tous les papiers possibles, ils ne m’ont plus fait savoir quoi que ce soit« . 

Pour l’Etat italien, Luca Neves restait un étranger, avec la circonstance aggravante d’être majeur. Tandis que la famille était frappée par les maladies et les décès (outre sa mère. il a aussi perdu son frère), il n’a pas pu trouver un emploi légal lui garantissant le renouvellement du permis de séjour. C’est ainsi que lui, qui n’a eu à afaire avec la migration, est devenu, pour la loi , un immigré sans-papier. 

Trois ans plus tard, après un contrôle de police à la gare Termini, il a écopé d’un décret d’expulsion, avec l’ordre de quitter l’Italie dans les 20 jours. « Je devais m’en aller de moi-meme? ». Luca Neves a ignoré le décret d’expulsion, sans lui donner d’importance. Il y a quelques semaines, il s’est présenté à la police pour dénoncer la perte de sa carte d’identité et de son passeport. Un agent a interrogé le terminal et a écarquillé les yeux, puis sagement il a fait mine de rien. 

« Cela me semblait absurde, je ne suis pas un criminel. Je lui ai demandé ce que je devais faire, il secoua la tête et m’a répété que je dois aller au Cap-Vert; il a suggéré de demander là-bas, à l’ambassade italienne, un visa d’entrée pour l’Italie. Entre autre, il n’y a pas d’ambassade italienne au Cap-Vert: je devrais aller à Dakar, au Sénégal« .

En fait, avec une expulsion au dos et les frontières étanches, la possibilité de prendre ce visa est très mince. Luca Neves resterait au Cap-Vert on ne sait jusqu’à quand et vivant on ne sait comment, parmi des Cap-Verdiens qui, dit-il, «me considèrent Italien. Je connais la langue de mes parents, mais j’ai un accent bizzarre. Je suis italien, l’Italie est en moi, je ne peux pas y échapper et pourtant, l’Italie veut me chasser« . 

Actuellement il vit suspendu tout comme sont suspendus les talents et les passions qu’il pourrait donner à l’Itaie. « Ici, j’ai beaucoup de bonnes choses à faire« . Comme Fat Negga, il se faisait apprécier: après plusieurs singles de succès, il avait commencé à enregistrer un album, et a été invité à s’exhiber en Italie et en Europe. « Maintenant, j’ai même peur de prendre un train, pour ne pas croiser la police« . 

Reste également bloqué le format Tv « Chef Negga KS », une émission de cuisine « à l’instant », combinant les trois ou quatre ingrédients qu’on trouve dans le frigo, que Neves avait créé et proposé, apparemment avec succès, à Sky. «Il fallait signer des contrats et des accords libératoires et moi, je suis sans papier« .  Pour l’instant, des plats imaginatifs du polyvalent rappeur chef cuisinier romain, il ne reste que des photos sur Instagram. Quant à travailler dans un restaurant, même vieille histoire: pas de permis de séjour? ça bosse seulement au noir…

Luca Neves, qui est né et a grandi en Italie, ne peut pas vivre en Italie. à la lumière du jour. Il craint qu’un jour ou une nuit, les flics frappent à sa porte pour le trainer hors de l’Italie. Ils tournent parmi les avocats pour savoir comment sortir de cette situation, réconforté du soutien de nombreuses personnes qui ont pris à cœur son cas. Parmi les artistes qui le connaissent, s’est également déclenchée une mobilisation à coups de rimes pour soutenir son combat. 

Il est fâché, désespéré, mais ne cherche pas de raccourci. La mère d’un ami a offert de l’adopter, et une amie lui a dit: «Je t’épouse, comme ça tu prends la nationalité». 

« Je remercie tout le monde, ils me donnent la force de continuer. Mais moi, je veux gagner cette bataille tete haute, parce que je suis Italien. Et je veux gagner, aussi pour tous les autres qui pourraient être dans ma même condition« .

« Tous les autres« , ce sont ce million de fils d’immigrés qui, selon certains, ont plus ou moins les mêmes droits que les enfants italiens. Rien de plus faux. Les enfants d’Italiens ne risquent pas l’expulsion. Luca Neves aussi se tourne vers la réforme de la Loi de la Nationalité italienne comme une bouée de sauvetage, au milieu des vagues où il est en train de se noyer: « Je souhaite qu’ils bougent. La réforme serait mon salut, elle me donnerait une vie meilleure, dans mon pays« .

Elvio Pasca

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