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LIBYE: Après les élections – Ce que disent les analystes

Futur li-byen… ou pas bien?

Le récent kidnapping du président du Comité olympique libyen, Nabil Elalem, met en lumière la fragilité de la situation sécuritaire en Libye, où les armes sont omniprésentes et où un certain nombre de milices semblent toujours être au-dessus de la loi. Lentement toutefois, le pays s’engage sur la voie de la stabilité.


Les premières élections libres des 200 membres du Congrès général national (CGN), qui avaient été retardées d’un mois, se sont relativement bien déroulées. Seuls quelques cas isolés de violence et de pillage de bureaux de vote ont été rapportés. Quatre-vingts sièges seulement étaient alloués aux partis politiques. Les 120 autres étaient réservés aux candidats indépendants.

L’Alliance des forces nationales (AFN), dirigée par Mahmoud Jibril (décrit par The Economist comme « un réformateur pragmatique qui souhaite la modernisation de l’État et se situe lui-même quelque part entre un progressiste laïc et un islamiste modéré »), a récolté 39 sièges, contre 17 pour le Parti de la justice et de la reconstruction (PJR) des Frères musulmans. Une multitude de petites formations se sont partagé les 24 sièges restants.
On ignore encore à quel(s) parti(s) les 120 indépendants décideront d’accorder leur soutien. Le CGN choisira un premier ministre avant les élections générales prévues l’an prochain.

En vertu d’un amendement constitutionnel adopté la semaine dernière par le gouvernement de transition, le nouveau Parlement ne sera plus responsable de la nomination des membres de la commission chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution libyenne. Le mandat sera confié à un comité composé de 60 membres élus directement par les électeurs libyens dans le cadre d’un vote distinct organisé plus tard; les trois régions historiques de la Libye pourront chacune choisir un tiers des membres.

Une majorité des deux tiers du nouveau Parlement sera cependant nécessaire pour procéder à cette annulation.

D’après Wolfram Lacher, un expert de la Libye auprès de l’Institut allemand de la sécurité et des affaires internationales (SWP, en allemand), basé à Berlin, l’exclusion des partisans de l’ancien régime de la vie politique, dont l’ampleur sera déterminée par la nouvelle Constitution, affectera la stabilité future de l’État.

Le rôle des minorités sera la principale pierre d’achoppement, car le statut de citoyen des Imazighen (Touaregs) et des Toubou, qui vivent dans le sud du pays, ainsi que le droit d’utiliser leur propre langue sont vivement contestés. Selon M. Lacher, le débat sur la décentralisation portera aussi sur les compétences budgétaires des différents niveaux d’administration.

La gouvernance locale jouera un rôle beaucoup plus important dans la nouvelle Libye. Les intérêts locaux pourraient d’ailleurs éclipser les activités du nouveau Parlement. Si M. Lacher estime que seule une faible minorité de Libyens sont en faveur d’une plus grande autonomie dans l’est, un point de vue que partage Sean Kane, chef d’équipe adjoint pour la Libye au Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre), ce dernier affirme néanmoins que l’attribution d’une plus grande autonomie aux régions pourrait jouer un rôle dans la reconstruction de la Libye.

Dans une récente déclaration, Human Rights Watch a dit que le nouveau gouvernement devra s’attaquer au problème généralisé des détentions illégales et des actes de torture perpétrés à l’encontre des partisans présumés de Kadhafi. En mai, Amnesty International a mis la communauté internationale en garde contre la menace que représentent les milices armées pour les droits de l’homme et la règle de droit.

Par ailleurs, seulement 15% des Libyens interrogés dans le cadre d’une étude réalisée pendant l’hiver 2011 par l’université d’Oxford souhaitaient la mise en place d’une forme quelconque de démocratie dans l’année à venir, alors que 42% d’entre eux exprimaient le désir de voir émerger un nouveau leader – ce qui n’est peut-être pas si surprenant après 42 ans de dictature.

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