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IMMIGRATION ET FOOTBALL: Ces jeunes footballeurs africains qui finissent clochards en Europe

Talents… « footus » en l’air! 

Ils sont nombreux les jeunes africains à caresser le rêve de devenir une star mondiale du football. Pour y parvenir, des milliers d’entre eux tentent de rejoindre clandestinement l’Europe pour trouver un club. Mais, à l’arrivée, beaucoup finissent dans la rue, voyant ainsi leur rêve se transformer en cauchemar. 

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Georges Weah, Roger Milla, hier ; Didier Drogba, Samel Eto’o, Mickaël Essien, ou encore Yaya Touré aujourd’hui ! Quel est ce jeune africain qui n’a pas rêvé de marcher sur les traces de ces idoles du ballon rond ? D’empiler des buts, de signer des contrats juteux comme eux, de frémir à l’hymne de la Champions League, de faire le tour d’honneur dans un Arena, Camp Nou, San Siro, ou un Bernabeu plein à craquer, au son de « we are the champions » ? Probablement, aucun ! Combien sont-ils à avoir parfois sacrifié leurs études primaires ou secondaires pour faire le voyage d’Afrique en Europe, des rêves plein la tête ? Ils sont nombreux, très nombreux, mais à l’arrivée ils sont peu, si peu, à entrevoir un tout petit bout du chemin qui mène vers la gloire. Pour le reste, bonjour la galère. Au lieu de fouler les pelouses de leurs rêves fous, ils vont vite, très vite, voire leur rêve virer au cauchemar. Ils vont alors se retrouver seuls, et le plus souvent en situation irrégulière.

En effet, depuis des décennies, nombreux sont les jeunes joueurs africains à avoir cru aux mensonges de managers véreux qui leur ont promis des monts et merveilles pour devenir stars du football. Malgré toutes les restrictions de la Fifa  sur la qualité d’agent de footballeur, les cris d’alarmes d’anciennes victimes du système, de nombreux jeunes africains continuent aujourd’hui encore de tomber dans le piège des marchands d’illusion. Dans son édition de samedi, le quotidien suisse Le Matin a fait état des mésaventures d’un jeune ivoirien tombé dans le piège d’un agent. Il s’appelle Amane. Il avait 6 ans lorsqu’il a quitté Abidjan en bus pour rejoindre Tanger (Maroc), rapporte le journal. « Un faux agent lui a fait miroiter un futur glorieux contre une somme d’argent conséquente, payée par son oncle. Après avoir traversé le désert, puis le détroit de Gibraltar en barque, l’ado s’est retrouvé en Espagne. Après un test infructueux à l’Atletico Bilbao, livré à lui-même, il prend le train pour Paris. Mais son espoir de rejoindre le PSG fait long feu et se transforme » en cauchemar.

Du rêve de château à la vie dans un sous-sol  d’un centre commercial 

Le malheur ne venant pas seul, la vie du jeunot va très vite basculer dans la rue, où il va devoir vivre, survivre. Abandonné par son agent qui, le découvre-t-il, portait un faux nom, Amane se retrouve paumé dans un centre commercial du quartier de la Défense, qui deviendra sa «maison». Durant des semaines, il vivra dans un sous-sol insalubre avec les clochards, tout en continuant de s’entraîner, se nourrissant de «baguette et d’eau, parce que les deux ensemble, ça cale». 

Des Amane, il y en a eu ces dernières années. On se souvient de l’histoire d’une bande de sept copains venus du Cameroun, âgés entre 15 et 17 ans à l’époque. Un jour de 1999, ils débarquent en France, des rêves de star pleins la tête.  Parmi ces jeunes, il y avait Aloys Nong, qui est le seul à avoir eu la chance de mener une carrière professionnelle par la suite. Dans une interview avec le quotidien La Libre (Belgique), il racontait leur calvaire, il y a quelques années : « Nous étions munis du fameux visa touristique qui n’était valable que 2 semaines. Finalement, je suis resté 2 ans en France en situation irrégulière. Au début, nous étions logés dans la maison d’un des associés du recruteur. Un jour, ce dernier en a eu marre et nous a demandé de partir. Soit nous rentrions au pays, soit nous trouvions refuge dans notre famille. Ainsi, j’ai vécu chez le petit frère de mon papa». 

Mais, un jour, Nong, chanceux, fut recontacté par les recruteurs, afin qu’il passe un test au FC Liège en Belgique. « J’ai donc quitté la France et je suis arrivé à Liège. Cela s’est bien passé et le club m’a proposé un contrat de travail. Avec ce dernier, j’ai pu rentrer au Cameroun pour régulariser ma situation et revenir en Belgique (…) Je suis le seul à avoir fait du football mon métier. Les autres sont toujours en Europe soit dans la restauration ou encore le bâtiment. Personnellement, j’ai eu beaucoup de chance». 

« Ces managers vendent du rêve aux enfants et à leurs parents »

Si ce n’est que ces dernières années que le phénomène a eu des échos dans les médias, cela fait pourtant des années que des jeunes africains se font avoir par des agents sans scrupule, prêts à tout pour gagner de l’argent quitte parfois à faire du trafic d’êtres humains. Aloys Nong : « Cela a toujours existé et je pense que, malheureusement, ce fléau n’est pas près de prendre fin. On le sait, l’Afrique recèle d’énormément de jeunes talents. Ainsi, il est facile pour des managers louches de se faire de l’argent sur les jeunes joueurs avides d’expérience en Europe. Le mécanisme est simple, ces managers se déplacent en Afrique pour y repérer des jeunes joueurs, ils leur promettent de devenir les nouveaux Roger Milla ou Samuel Eto’o. Ainsi, ces gens s’adressent directement à la famille en disant que le gamin a les capacités pour devenir un joueur professionnel à condition de partir pour l’Europe (…) Souvent, c’est à la famille de payer le billet d’avion vers le Vieux Continent. Mais en Afrique, les gamins qui jouent au football sont souvent issus de familles défavorisées. Ainsi, les parents sont obligés de faire de gros sacrifices pour permettre à leur enfant de partir pour l’Europe (…) Comment voulez-vous qu’un gamin qui quitte son pays où il fait 35° pour arriver dans un autre où la température est négative, réussisse directement à se faire remarquer ? C’est impossible. Ces managers vendent du rêve aux enfants et à leurs parents

Comme quoi, il faut vraiment avoir de la chance pour devenir Drogba ou Eto’o et croiser les stars du monde entier sur les pelouses européennes. On peut avoir les rêves les plus fous, les talents les plus recherchés, mais à chacun son destin ! Par conséquent, sus aux vendeurs de rêves, aux marchands d’illusions.

Jean OLOHOU  

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