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ETHIOPIE: Accaparement des terres – Témoignages des protestations des populations déguerpies par la force

«A toi ma terre, et moi… parterre! Pourquoi taire?»

Dans son rapport (73 pages), intitulé «What Will Happen if Hunger Comes?’: Abuses against the Indigenous Peoples of Ethiopia’s Lower Omo Valley»  (Que se passera-t-il si la faim survient?: Violations des droits humains des populations autochtones de la basse vallée de l’Omo en Éthiopie), Human Rights Watch a dénoncé le fait que le gouvernement éthiopien déplace de force des communautés d’éleveurs autochtones dans la basse vallée de l’Omo, sans procéder au préalable à des consultations et à des indemnisations adéquates, afin de faire place à des plantations de canne à sucre gérées par l’Etat.


Human Rights Watch a interrogé plus de 35 résidents de la vallée en juin 2011, ainsi que, depuis cette date, 10 responsables parmi les bailleurs de fonds et au moins 30 autres témoins, sur le . À l’époque de la visite de Human Rights Watch, des unités militaires se rendaient régulièrement dans les villages pour intimider les habitants et étouffer la contestation des projets de création des plantations de canne à sucre. Régulièrement, les soldats volaient ou tuaient du bétail. Voici quelques-uns des  témoignages des protestations des populations déguerpies recueillies.

Un homme de la tribu Mursi (Mai 2011).

«Il va y avoir de gros problèmes dans ces régions si tout le bétail est donné au gouvernement. Que vont manger ces gens, maintenant que la sécheresse affecte durement la Corne de l’Afrique? Maintenant que le barrage est construit, il n’y a plus d’eau dans le fleuve, les terres ont été confisquées, le bétail donné au gouvernement, que va-t-il arriver à ces pauvres gens en période de famine? Ceux qui veulent éliminer les communautés pastorales font trois repas par jour. Que va-t-il arriver si la faim survient?»

Un homme de la tribu Bodi (Juin 2011).

«Les gens ne sont pas d’accord avec le gouvernement sur la canne à sucre mais ils ont peur qu’il ait recours à la force pour les déplacer, donc ils ne disent pas grand-chose. [Nous avons] très peur du gouvernement ici. Si vous exprimez des réserves, vous allez en prison.»

Un villageois Mursi (Juin 2011).

«Il va y avoir un problème à la saison sèche. Maintenant il y a de l’eau mais quand il n’y en aura plus, si nous ne pouvons pas retourner à l’Omo, il faudra que le gouvernement nous apporte de l’eau. Sinon, [nous] et notre bétail mourrons. Nous irons à l’Omo de toute façon car sans cela nous mourrons, ils peuvent nous tuer là-bas s’ils le veulent

Un homme de la tribu Mursi décrivant l’importance du bétail (Décembre 2011).
«Qu’est-ce que je vais manger? Ils m’ont dit de vendre tout mon bétail sauf une seule bête. Qu’est-ce que je peux faire avec un seul animal? Je suis un Mursi. Si la faim survient, je tranchele cou d’une vache et je bois son sang. Si nous les vendons toutes, comment allons-nous manger? Quand nous nous marions, nous donnons et recevons des vaches en dote. Avec quoi allons-nous nous marier? Qu’allons-nous manger? Quand la faim viendra, que donnerons-nous à manger à nos enfants? Si nous n’avons que des poules, comment ferons-nous pour faire de la soupe ou avoir du lait …? ‘« Cette terre est ma terre » ,disent les Ethiopiens des hauts plateaux. ‘Cours vers la forêt comme un babouin. »

Un homme décrivant ce qu’il est advenu de terres cultivées par des tribus Bodi et Kwegu et qui ont été dégagées (Décembre 2011)
«Ils [les responsables gouvernementaux] ont arraché leurs jardins [aux Kwegu et aux Bodi]. Ils ont détruit les plantations sur une large surface et déraciné leur sorgho. Le sorgho était presque mûr; ils l’ont arraché avec un camion et jeté. Les jardins des Kwegu ont été retournés et certains membres de la tribu Kwegu n’ont plus rien. Si on arrache leur sorgho, que vont-ils manger? Que vont-ils donner à leurs enfants?»

 

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