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ENVIRONNEMENT: S.O.S. Lac Tchad

De Lac à… flaque?

Il faut sauver le Lac Tchad. Cet appel, le énième, lancé à l’occasion de la récente conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20) laisse toujours indifférents les dirigeants des puissances du G8 et du G20, tout comme les argentiers de Bretton Woods et autres bailleurs de fonds.


Les appels pour la sauvegarde du Lac Tchad se sont multipliés tout au long de la dernière décennie afin de faire face à ce que la FAO (Food and agricultural organisation) a qualifié sans ambiguïté en 2008 de « menace d’une véritable catastrophe humanitaire et écologique».

Au Brésil, le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby, a pris l’initiative d’une réunion portant sur la recherche des voies et moyens pour sauver le lac Tchad menacé d’assèchement. Le Cameroun a mis en exergue sa proposition de «formation d’une coalition de partenaires publics et privés, sous l’égide des Nations unies pour la mise en place d’un Plan de Sauvetage du Lac Tchad».

La superficie du Lac Tchad s’est rétrécie en 50 ans des deux tiers, allant de 25 000 km2 en 1963 à 2 500 km2 actuellement. Deux raisons sont avancées:

D’abord le réchauffement climatique: Pour la NASA, au rythme du réchauffement climatique, le Lac Tchad disparaîtra dans 20 ans;

Ensuite la pression démographique: Plus de 30 millions de personnes (agriculteurs, éleveurs et pêcheurs) vivent actuellement autour du lac, s’installant progressivement sur toutes les superficies asséchées. L’irrigation s’étend jusqu’aux confins des sources d’eau que sont les fleuves Logone et Chari, la source venue du Niger appelée Komadougou-Yobé étant à ce jour à sec. Dans ce contexte, les sols se sont dégradés, les pâturages raréfiés. Faute de fourrage, les cheptels de boeufs, de chèvres et de moutons ont beaucoup diminué. Quant au poisson, il n’y en a plus assez: de 80 000 tonnes par an en 1960 à moins de 50 000 tonnes en l’an 2000 et moins de 25 000 tonnes aujourd’hui. La conjugaison de ces facteurs est en partie à l’origine de la famine qui sévit régulièrement dans la zone concernée y compris la partie extrême- nord camerounaise. Elle est aussi à l’origine de nombreux conflits, de problèmes frontaliers et de migrations transfrontalières.

Le Tchad, le Cameroun, le Niger, le Nigéria, la RCA rejoints plus tard par la Libye, ont créé en 1964 la CBLT (Commission du Bassin du Lac Tchad) afin de gérer et de réguler au mieux ledit lac et éviter ainsi des frictions. Pour sauver le Lac Tchad, la CBLT préconise depuis une vingtaine d’années, une solution audacieuse et coûteuse du nom de «Projet-phare Transaqua», visant à détourner l’eau du fleuve Oubangui via son affluent le Chari pour remettre le Lac Tchad à niveau dans sa superficie initiale. Ceci pose évidemment des problèmes complexes pour frayer un lit de 1350 km, traverser des pays, déplacer des populations etc., sans omettre bien sûr les équations financière et scientifique du projet.

Voilà pourquoi, lors de la 3ème session du 8ème Forum mondial du développement durable, tenu à N’Djamena(Tchad), d’autres solutions ont été avancées:

– laisser faire car l’assèchement serait cyclique;

– ou ponctionner des eaux souterraines pour alimenter le lac;

– ou bombarder les nuages et créer une pluie artificielle au dessus du Lac Tchad…

La plaidoirie visant à faire du Lac Tchad un patrimoine de l’Humanité est encore poliment écoutée, si possible.

Des voix s’élèvent alors pour dire que le problème doit être pris à bras le corps par les pays membres de la CBLT avant tout. Avec une volonté ferme et compte tenu des richesses cumulées du sol et du sous-sol, surtout le pétrole dont ils sont tous plus ou moins détenteurs et sur la base desquelles pourrait voir le jour une taxe régionale CBLT. Reste à savoir s’il s’agit une fois de plus d’un voeu pieux.

 

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