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CÔTE D’IVOIRE: Cacao – Retour à la stabilisation

L’objectif gouvernemental est de conforter le rang de la Côte d’Ivoire comme premier producteur mondial.

Le gouvernement ivoirien a créer un organisme public de régulation de la filière cacao. Cette réforme est un tournant dans la vie économique et politique du pays. Onze ans après la disparition de la Caisse de stabilisation, l’Etat fait officiellement son retour dans la filière du cacao.

 

La réforme instaure une structure publique de gestion de la filière. Le rôle de ce nouvel organisme sera d’organiser la vente par anticipation du gros de la récolte ivoirienne de cacao. On parle aujourd’hui de 70 à 80 % de la récolte vendue d’une année sur l’autre.

L’objectif est de s’assurer un prix de vente permettant d’établir un prix minimum garanti à l’avance aux 800 000 paysans ivoiriens qui produisent du cacao. Equivalent à la moitié au moins des cours mondiaux du cacao, ce prix vise à donner un peu de visibilité aux planteurs, à leur permettre de se projeter dans le futur. Ce qui pourrait leur permettre d’investir dans leurs plantations, de se fournir en engrais et en produits phytosanitaires. In fine, l’objectif gouvernemental est de conforter le rang de la Côte d’Ivoire comme premier producteur mondial. Lors de la récolte 2010-2011 qui s’est terminée le 30 septembre dernier, les paysans ivoiriens ont battu des records avec un million cinq cent mille tonnes produites. C’est près de 40 % de la récolte mondiale.

 

En instaurant cet organisme public de régulation, les autorités ivoiriennes ne font que revenir, peu ou prou, à ce qu’était le fonctionnement de l’économie cacaoyère depuis l’indépendance jusqu’à la fin du XXe siècle. Célèbre dans toute l’Afrique, la Caisse de stabilisation, plus connue comme la « Caistab », était chargée de vendre la récolte par anticipation au marché mondial et d’assurer un prix fixé à l’avance aux paysans. Le système fonctionnait comme des vases communicants : quand les cours mondiaux étaient élevés, la Caistab engrangeait de grosses sommes qu’elle reversait aux paysans quand les cours internationaux baissaient.

Mais il ne suffit pas de décréter une réforme pour qu’elle soit appliquée. En l’occurrence, la création d’une « Caistab » réformée ne suffira pas. Encore faudra-t-il qu’émerge une organisation forte du monde paysan. « L’inconnue de cette réforme, analyse François Ruf, c’est la participation réelle de paysans réels. On continue peut-être à organiser la filière sans trop les consulter ».

Cependant, le gouvernement promet que le nouvel organisme annoncé ne sera pas un « monopole d’Etat ».

Selon le ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly, l’Etat, « premier protecteur des paysans », doit avoir un droit de regard et faire en sorte que le jeu de la concurrence se fasse. Et pour qu’il se fasse, au-delà d’une organisation syndicale, les planteurs ivoiriens devront se fédérer en coopératives pour peser dans les circuits économiques. Un long travail les attend.

 

 

 

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