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COTE D’IVOIRE: Bernard Dadié, écrivain satirique et défenseur de la culture africaine

Dédié à Dadié!

Les écrits de Bernard Binlin Dadié ont le double don de peindre la culture africaine et de susciter le sourire. Dans «Un Nègre à Paris», il raconte la découverte de la capitale française par un Africain. Dans cette chronique à la limite satirique, ce dernier fait la connaissance d’une autre culture dans laquelle il décèle ce qu’il appelle des tares.

Bernard Dadié est le véritable touche-à-tout de la littérature africaine. Romancier, essayiste, nouvelliste, conteur, dramaturge poète, chroniqueur, Bernard Dadié, tête de file des écrivains ivoiriens sait apparemment tout faire, révèle Coudy Kane, critique littéraire, chercheuse, chef de la division transcription et rédaction de l’Assemblée Nationale, chercheur à l’Université Cheick Anta Diop.

Né en 1916 à Assinie (sud-est de la Côte d’Ivoire), fils d’un ancien combattant de l’armée française devenu planteur (fondateur de l’association «Syndicat des Planteurs Africains»), il commence ses études à Grand-Bassam avant de les poursuivre à l’École normale William-Ponty de Gorée, au Sénégal. À partir de 1937 et jusqu’en 1947, il sera bibliothécaire-archiviste à l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) de Dakar, qui deviendra plus tard l’Institut fondamental d’Afrique noire. Après la fondation, en 1946, à Bamako, du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), sous l’impulsion de l’Ivoirien Félix Houphouet-Boigny et du Soudanais Mamadou Konaté, parmi d’autres, Dadié entre au Comité directeur.

Chargé de la presse (il a travaillé pour «Le Réveil», journal du RDA) et de la propagande, il s’engage alors dans un journalisme militant pour dénoncer les injustices du système colonial. Membre du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), il est arrêté en 1950. En prison, Dadié a écrit son «Carnet de Prison» dans lequel il évoque la lutte africaine.

Bernard Dadié est, selon Mme Kane, reconnu pour ses écrits et ses efforts dans la défense de la culture africaine. Il a grandi sous l’influence française et les effets de la colonisation sont un thème principal de ses écrits. Il a publié des textes anticolonialistes et des contes qui montrent la beauté de l’Africain. Il valorise son peuple avec ses mots. Il a été le lauréat en 1968 du Grand prix littéraire d’Afrique noire.

Dadié a servi comme Ministre des Affaires culturelles de 1977 à 1986 (sous l’ère Boigny) et a fait des efforts pour promulguer les arts africains.

Parmi ses oeuvres, «Un Nègre à Paris» retient le plus l’attention. L’histoire raconte un nègre qui récupère un billet pour Paris et va découvrir la vie parisienne qu’il explique, dans ce livre, à son ami, africain lui aussi. Il compare la capitale française à son pays natal : l’Afrique. Comme tout parisien, il traverse la ville avec le métro qui l’impressionne beaucoup, il dit que les parisiens se bousculent, ne discutent pas, ne regardent personne: c’est l’individualisme.

Il observe les parisiennes sur les bancs, toutes coiffées de la même manière, les touristes anglo-saxons, les nombreux couples qui parlent dans les cafés, la quantité de sel consommée par les parisiens: toutes les choses qu’un Parisien trouverait normal ! Il décrit Paris du point de vue d’un étranger. Une description qui frise «une certaine forme de racisme et c’est que la critique appelle la satire sociale», évoque Mme Coudy Kane.

Il regarde la façon dont marchent les Parisiens, leurs activités du dimanche… Il se moque du Parisien, ainsi il dit que s’il ne lit pas son journal, il va manquer sa journée, ne va pas avoir sa place dans une conversation. On l’a aussi informé sur la tradition du pourboire à Paris qu’il n’arrive pas à comprendre tout à fait. Ensuite, il entre dans un bar mais se dit que le serviteur n’aime pas sa tête car il ne veut pas venir prendre la commande : il découvre le racisme.

Dans son oeuvre autobiographique «Climbié», publié en 1953, il décrit le parcours d’un jeune assimilé du village jusqu’à la poursuite de ses études à l’extérieur.

Entre autres productions de Dadié, on note des chroniques «Les Villes» (1933), «Patron de New York» (1956) des Scénarios «Monsieur Thôgô-Gnini» (1970), des recueils de poèmes «Afrique debout» (1950) des contes comme «Le Pagne noir» (1955).

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