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COTE D’IVOIRE: Procès Laurent Gbagbo – La CPI à la barre?

Enfin le jugement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Après moult audiences préliminaires et deux reports, le procès «tant attendu» s’est ouvert jeudi 28 janvier 2015 à la Haye, aux Pays-Bas, où est détenu, depuis le 30 novembre 2011 dans le centre pénitentiaire de Scheveningen, le père-fondateur du Front populaire ivoirien (FPI).

 

Un procès qui sera sans nul doute inscrit dans l’anthologie de la justice internationale à trois égards : d’abord la durée : trois à quatre ans, selon les fins connaisseurs de la procédure en la matière. Autant que son épilogue interviendra presque à la fin de l’ultime mandat de l’actuel chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, principal ennemi juré de l’illustre pensionnaire des geôles de la CPI.

Selon certaines sources proches du dossier, il faudra à la procureure Fatou Bensouda, la première à prendre la parole, près de 552 heures, donc pas moins d’un moins, pour présenter ces milliers de preuves : vidéos, archives écrites, écoutes téléphoniques… ça sera donc éprouvant, aussi bien pour l’accusation, la défense que les juges.

 

Ensuite la qualité de l’accusé : c’est en effet la première fois qu’un ancien chef de l’Etat comparaît devant cette juridiction internationale. Arrêté en avril 2011 au terme d’une grave crise postélectorale qui a fait 3 000 victimes, Laurent Gbagbo est poursuivi depuis pour quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtre, viol, actes inhumains et persécution.

Enfin les enjeux : l’affaire est certes judiciaire mais elle n’en demeure pas moins politique. Elle sera une tribune rêvée pour Laurent Gbagbo, qui, dit-on, piaffe d’impatience, pour révéler à la face du monde la face cachée de la crise ivoirienne. Comme celle liée au bombardement du camp militaire français de Bouaké en novembre 2004, au charnier de Yopougon et à bien d’autres épisodes sanglants et sur lesquels on n’a entendu jusque-là que la version des vainqueurs. Des « vérités » qui risquent de gêner, voire compromettre, bien des personnalités et des gouvernements, aussi bien en Afrique qu’en Occident. Ainsi de l’actuel locataire du palais de Cocody, Alassane Ouattara, du président de l’Assemblée ivoirienne, Guillaume Soro, les deux considérés à tort ou à raison comme les figures tutélaires de la rébellion qui a fait le feu en septembre 2002. Rebaptisé Forces nouvelles, ce mouvement militaro-politique et régionaliste est, lui aussi, sérieusement suspecté de crimes atroces sur lesquels on attend depuis la CPI.

 

Ainsi également de l’ancien président Jacques Chirac, de ses ministres Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie, et de l’ex-locataire de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, considérés par d’aucuns comme les instigateurs d’un complot contre « un panafricaniste qui voulait se retirer du giron françafrique ».

 
 

Et que dire de l’ex-président Blaise Compaoré, aujourd’hui en exil à Abidjan, parrain supposé ou réel des rebelles ivoiriens ?

Ne serait-ce que sur ces aspects, la politique va s’inviter au procès. Et comme on ne le sait que trop, quand la politique entre au prétoire, la justice en sort.

 

Dans un tel entremêlement d’enjeux où la raison d’Etat prospère souvent au détriment du droit, la vérité sera-t-elle au rendez-vous ?

C’est là que la sémillante procureure, la Gambienne Fatou Bensouda, joue sa crédibilité et, par-delà sa personne, celle de toute la CPI, accusée de tropisme africain trop marqué du fait que ses « clients » sont jusque-là issus du continent noir alors que de grands bourreaux de l’humanité continuent de se la couler douce du seul fait de la puissance de leurs pays ou de la magnanimité des « Grands » à leur égard.

Nul doute qu’a Addis-Abeba, l’affaire sera suivie de près car le procès s’ouvre au moment où se tient un Sommet de l’Union africaine dont on connaît l’aversion contre cette justice internationale.

On se rappelle qu’à plusieurs reprises, des chefs d’Etat africains ont menacé de rompre les amarres avec la Haye.

 

Le procès Gbagbo leur en donnera-t-il l’occasion et la raison ? On attend de voir.

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