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CORNE DE L’AFRIQUE: Un imbroglio humanitaire et politique

A nouveau dans la spirale infernale de la sécheresse et de la famine aggravée par les conflits locaux et régionaux.

Les instances internationales qui avancent d’ores et déjà le chiffre de 12 millions de personnes menacées de famine en Erythrée, en Ethiopie, en Somalie, à Djibouti, dans le nord du Kenya et jusqu’en Ouganda tentent de mobiliser les bailleurs de fonds, pourtant avertis, depuis au moins 6 mois, de la catastrophe annoncée.

 

Déjà victime au début des années 1970 de famines similaires qui avaient notamment provoqué la chute de l’empereur éthiopien Hailé Sélassié, puis en 1984/1985 les marches de la faim et la mort au bord des routes, la région n’a jamais réussi à mettre sur pied des programmes de prévention et des réserves d’eau susceptibles de contrer les effets récurrents de la sécheresse.

Mis en cause, les conflits latents ou avoués : ainsi l’Ethiopie et l’Erythrée frappées de plein fouet dans les années 1980 se sont affrontées tout d’abord dans une guerre ouverte qui s’est soldée par l’indépendance érythréenne. Celle-ci a privé Addis-Abeba de tout débouché sur la mer forçant la grande puissance de la Corne de l’Afrique à se tourner vers Djibouti qui a souvent profité des malheurs de ses voisins. Ce pays abrite aujourd’hui aussi bien des forces françaises qu’américaines qui cherchent à la fois à combattre le terrorisme international et à protéger les puissances pétrolières du Golfe.

L’Ethiopie, qui s’est battue contre la Somalie et a gagné la guerre de l’Ogaden (sud-est éthiopien) bénéficie du soutien américain et estime avoir un droit de regard sur les pays de la région.

L’Erythrée, qui a elle aussi perdu les batailles contre l’Ethiopie, joue les mouches du coche afin d’affaiblir le régime d’Addis-Abeba, qui connaît toujours des conflits entre les principales ethnies qui la peuplent.

Autre facteur déstabilisant, la mainmise sur des terres éthiopiennes comme soudanaises, par aussi bien des Arabes du Golfe, des Asiatiques et des compagnies étrangères y compris occidentales pour y cultiver des denrées alimentaires ou des biocarburants (voir encadré).

 

Les chiffres des victimes de la famine concernant l’Ethiopie et l’Erythrée sont encore imprécis en raison de l’absence de nombreuses ONG qui ont été empêchées d’agir librement. Il semble toutefois que la Somalie est cette fois-ci la plus touchée.

Victime depuis plus de 20 ans de violences et de conflits, elle comptait en 2010 plus de 1,4 million de déplacés de l’intérieur et plus de 600 000 réfugiés dans des pays voisins, Kenya en tête, suivi du Yémen, chiffres en pleine expansion.

Des dizaines de milliers d’entre eux ont risqué leur vie en effectuant la dangereuse traversée du golfe d’Aden depuis le nord de la Somalie vers ce pays du sud de la Péninsule arabique, qui lui-même connaît des troubles.

Cette région est aussi sillonnée par les pirates qui aggravent l’insécurité. « Il y a une sorte de réseau d’activités criminelles entre les pirates et les trafiquants », estime le HCNUR (Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés).

La Somalie a souffert des affrontements entre clans et chefs de guerre, souvent attisés par ses voisins. Le pays avait fini par être dominé par les shebabs, membres des tribunaux islamiques se réclamant d’al-Qaïda.

Mogadiscio, la capitale, a cependant été reprise en janvier 2007 par une alliance entre forces éthiopiennes – soutenues par les Etats-Unis – et le gouvernement fédéral de transition. Depuis, la situation de guerre civile perdure, les shebabs occupant des régions entières et décidant si oui ou non des ONG ou même le CICR peuvent s’occuper des populations affamées.

 

L’ONG Survival International relève le paradoxe de la mainmise sur des terres éthiopiennes comme soudanaises, par aussi bien des Arabes du Golfe, des Asiatiques et des compagnies étrangères y compris occidentales pour y cultiver des denrées alimentaires ou des biocarburants. Des tribus indigènes sont spoliées de leurs terres agricoles les plus productives qui sont allouées à des compagnies étrangères qui pratiquent une agriculture intensive d’exportation alors que des milliers de personnes souffrent de la famine en cette grave période de sécheresse qui affecte le sud de l’Ethiopie.

 

La Banque mondiale estime que 3,9 millions d’hectares ont été cédés au Soudan et 1,2 million en Ethiopie entre 2004 et 2009. Cette ruée touche de nombreux pays africains, y compris le Ghana, le Mozambique, la Namibie, le Cameroun, la RD-Congo ou le Congo-Brazzaville.

Les populations locales, qui n’ont jamais été consultées, ont été réduites au silence avec l’interdiction toute opposition à la spoliation de leurs terres.

 

T. D.

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