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CASA DI MANSA: Un film sur le conflit en Casamance

52 minutes d’exorcisme pour un conflit de 32 ans! 

Pour son réalisateur sénégalais Christian Thiam, son œuvre se bat contre le tabou qui entoure le conflit au sud du Sénégal. 

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Pour son réalisateur sénégalais Christian Thiam, son œuvre se bat contre le tabou qui entoure le conflit au sud du Sénégal. Dédié à la mémoire du Professeur Assane Seck (on lui doit le nom de l’université de Ziguinchor), le film a été présenté au public, aux acteurs culturels et à la presse lors de sa sortie nationale ; en présence du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye. C’était mercredi 12 novembre. Christian Thiam y donne la parole aux témoins, aux acteurs et aux victimes de ce conflit.

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Le film du réalisateur sénégalais Christian Thiam fait appel à nos émotions, et cela va tellement vite que c’est quasi épidermique, c’est une décharge électrique que l’on prend en pleine poire, en plein cœur aussi. C’est un électrochoc. Il fait aussi appel à nos souvenirs, à la mémoire, à l’histoire. Le récit commence vraiment le 26 décembre de l’année 1982, il y a donc 32 ans. Au Sud du pays, on parle d’indépendance. Dès le prologue du film, Salif Sadio, membre du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) dit d’ailleurs, sur un ton sans équivoque, que c’est un droit fondamental et que «c’est non négociable».

1982, c’est aussi le point de départ de la rébellion armée, avec des victimes parmi les populations civiles. Victimes silencieuses lorsqu’un pied ou une jambe rencontre une mine sournoise. Il y a désormais des zones dangereuses et des lignes rouges à ne pas franchir. On compte des braquages et des prises d’otages.

L’année 1991, au Sénégal, montre aussi, selon le film de Christian Thiam, un chef de l’Etat dépassé, «impuissant face à la rébellion». Abdou Diouf, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nomme alors un Gouverneur militaire pour la région. Pour l’un des membres fondateurs du MFDC, le Professeur Assane Seck, mort en 2012, le Gouvernement d’Abdou Diouf «pensait pouvoir régler le problème par les armes». Puis en 2000, arrive le président Abdoulaye Wade qui parle de résoudre la question en 100 jours.

Dans « Casa Di Mansa« , ce conflit est aussi l’histoire d’une vieille rancœur et d’une longue frustration. Celle des «authentiques fils de la Casamance», parfois victimes de l’ignorance, de l’arrogance et du mépris des autres, comme ils disent.

Pourtant, la Casamance s’enorgueillit d’être la seule région à avoir résisté, la seule à «n’avoir jamais vraiment été absorbée dans l’ensemble colonial». Une résistance incarnée par une figure féminine comme celle d’Aline Sitoé Diatta. Ce que montrent ainsi les images, c’est que les femmes sont au cœur du conflit. 1500 d’entre elles participeront d’ailleurs à un sacrifice rituel à Oussouye, pour que revienne la paix. Dans le même esprit que lorsqu’elles accompagnent leurs enfants mâles dans le bois sacré, où ils deviennent des hommes, des personnes adultes.

Le film dure un peu moins d’une heure, 52 minutes pour être exact, que l’on a à peine le temps de sentir passer. Ni le temps de se retourner encore moins de s’égarer: l’intrigue est jalouse et le rythme des séquences, qui s’enchaînent de manière intempestive, ne vous y autorise pas vraiment. Et il faut s’accrocher! C’est un film qui vous met sous tension, sous pression, un documentaire haletant, conçu comme avec le bruitage d’un angoissant thriller ou d’une grande enquête judiciaire. Pas de temps morts et très peu de silences, le rythme s’emballe. La musique, elle, en rajoute une couche: avec des accents graves et de l’intensité dramatique en veux-tu en voilà. « Casa Di Mansa » nous laisse à peine le temps de penser, d’intérioriser ce que l’on ressent. Une démarche que l’on fait sans doute après coup, au bout de seulement 52 minutes.

C’est aussi un film bien écrit, bien structuré, où le réalisateur est aussi le narrateur. Il y a, dans chaque image, le souci constant de ne pas perdre le téléspectateur, celui de ne pas le laisser repartir avec des énigmes. Avec un souci minutieux de l’information et de la documentation, et de jolies ponctuations visuelles et sonores : l’eau, le bruit des pas ou encore ce «Je vous salue Marie» chanté qui donne l’impression que le film de Christian Thiam serait presqu’une fervente prière.

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