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CAMEROUN – FRANCE: Visite de Paul Biya à Paris – L’accueil qui fâche

L’écueil de l’accueil?

Reçu à l’aéroport d’Orly par Bruno Gain et Lejeune Mbella Mbella, le chef de l’Etat a subi un affront au goût d’une certaine opinion.

altPaul Biya n’est pas Thomas Sankara. A l’occasion du sommet France-Afrique de Vittel, en octobre 1983, l’ancien chef d’Etat burkinabé (assassiné le 15 octobre 1987) est accueilli à sa descente d’avion, à Paris, par Guy Penne, conseiller aux affaires africaines du président François Mitterrand. Le bouillant capitaine ne supporte pas cet affront protocolaire et refuse d’assister le soir même au dîner offert, en l’honneur des chefs d’Etat africains, par son homologue français.

Lundi dernier, Paul Biya, qui effectue une visite de travail en France du 28 janvier au 02 février 2013, a été accueilli au bas de la passerelle, à l’aéroport d’Orly, ni par un ministre, ni par un secrétaire d’Etat, encore moins par le président français, mais par l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, accompagné pour la circonstance de son homologue camerounais, Mbella Mbella, qui fait partie de la suite officielle de Paul Biya.

Pas de quoi refroidir le président camerounais, dans le froid hivernal parisien. Tout sourire, M. Biya va serrer, plus loin, la main aux ambassadeurs du groupe africain en France, aux membres de sa suite officielle, au personnel de l’ambassade du Cameroun, mais également à la foule de ses partisans venus lui souhaiter la bienvenue. Cependant, Paul Biya était loin de se douter que l’accueil qui lui a été réservé en France va déclencher une vive controverse.

«Il devait rebrousser chemin au vu du déshonneur qui lui a été infligé. Pas seulement à lui, mais également au peuple camerounais», s’emporte un militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir).

«En diplomatie, les symboles comptent. Un tel accueil montre que la France n’a pas d’égards vis-à-vis de son hôte. Dans la tradition diplomatique, c’est la première fois que cela se passe de la sorte», fulmine un enseignant à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), réputé proche du pouvoir.

Pour sa part, Laurent Thousard, 2e conseiller à l’ambassade de France au Cameroun restitue le dispositif d’accueil querellé dans son contexte: «les règles protocolaires, s’agissant du format d’une visite de travail, ont été strictement respectées. Le chef de l’Etat camerounais a été accueilli à sa descente d’avion par l’ambassadeur de France au Cameroun, accompagné de l’ambassadeur du Cameroun en France. Etaient également présents à l’aéroport, un représentant de la présidence de la République française, des représentants de la police, de la gendarmerie, des aéroports de Paris, de l’armée de terre, de l’armée de l’air, etc. Le tapis rouge lui a été déroulé et il a eu droit au piquet d’honneur de la garde républicaine. Le protocole a mis un véhicule à sa disposition et, de l’aéroport à son lieu de résidence, il s’est déplacé en convoi».

Bref, le diplomate français soutient que le président Biya a eu tous les honneurs correspondant au format choisi pour sa visite en France : la visite de travail.

«Il ne s’agit pas d’une visite d’Etat ou d’une visite officielle, mais bien d’une visite de travail, qui vient en troisième position en terme de hiérarchisation protocolaire. Même dans le cas de la visite d’Etat et de la visite officielle, la règle n’impose pas au président de la République française d’aller accueillir son homologue à l’aéroport. Quel que soit le format de la visite, la règle prévoit que le président accueille son hôte sur le perron du palais de l’Elysée. Il peut arriver, à titre exceptionnel, que le président de la République, en fonction de son tempérament, aille accueillir son hôte au pied de l’avion, à l’aéroport. C’était notamment le cas de Jacques Chirac».

Dans son élan de dédramatisation, M. Thousard explique que «l’accent est mis, dans le cadre de cette visite, sur le volet économique et commercial de la relation entre la France et le Cameroun. D’où le forum France-Cameroun qui se tient le 31 janvier. L’entretien avec le président Hollande procède de ce que, la partie française a estimé qu’il n’est pas sain que le président Biya vienne à Paris et qu’il ne soit pas reçu à l’Elysée par son homologue français. Soyez en sûrs: les relations franco-camerounaises sont excellentes. Elles sont au beau fixe».

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