E…coute que coûte? Dans le cadre du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, plusieurs personnalités, militaires et civiles, ont été arrêtées puis inculpées. Au nombre de ces personnes, figurent les Généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Yipéné Bassolé. Certains éléments de l’enquête ont été publiés par certains médias. Il s’agit de l’enregistrement de la présumée conversation téléphonique entre Djibrill Yipéné Bassolé et le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Cet enregistrement a fait couler beaucoup d’encre et de salive au Burkina Faso et partout ailleurs. Dans une interview qu’il a accordée à notre confrère Savane FM, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida confirme l’authenticité de l’enregistrement en question. Voici le document retranscrit pour vous. La bande est-elle authentique ? Elle est authentique. Il n’y a pas de débat. Je ne discute pas là-dessus. Il ne faut pas douter de l’intelligence du peuple burkinabè. Tous ceux qui l’ont écoutée savent que l’enregistrement est authentique, à moins d’être de mauvaise foi. Donc, je veux dire que si vous vous engagez à faire venir des forces étrangères pour brûler votre pays, parce que vous rêvez du pouvoir, cela veut dire qu’il y a un problème… On peut avoir des ambitions, mais quelles que soient ces ambitions, l’intérêt de la nation, l’intérêt du pays doit passer avant. Je suis surpris. Je connais tous les deux très bien d’ailleurs mais je suis déçu. Le général Djibrill Bassolé vous avait mis en garde ! Il avait dit sur les médias internationaux, « je mets en garde ceux qui tenteraient d’exclure certains Burkinabè de la compétition électorale. » C’est une ambition démesurée. A un moment donné, il faut s’arrêter et s’interroger. J’ai mon ambition, je veux être président du Faso, mais à quel prix ? Faut-il brûler la moitié du pays pour être président? Il y a une limite à ne pas franchir. Je pense qu’il faut savoir raison garder, quelle que soit l’ambition qu’on a. Nos pays, nos peuples sont sacrés. Il ne faut pas compromettre la vie des uns et des autres parce qu’on veut être président du Faso. Donc, ça ne va pas entre vous et Guillaume Soro ? On dit qu’il vous a invité à Lomé et vous n’êtes pas allé le rencontrer. Je pense que nous étions amis jusqu’à une certaine date. Quand je suis sorti de prison, j’ai demandé à Guillaume Soro pourquoi il n’avait pas condamné le coup d’Etat. Il m’a dit qu’il n’y avait pas pensé, mais s’est dit disposé à le faire. Il m’a même demandé un texte ; un texte que j’ai rédigé dans mon bureau. Je le lui ai envoyé par mail. Le lendemain, quand j’ai vu qu’il n’avait pas encore condamné, j’ai cherché à comprendre. Et c’est là qu’ il me dit qu’il en a parlé au président Ouattara qui a trouvé que cela n’en valait pas la peine. Mais je lui ai dit que nous avons assez d’éléments qui prouvaient son implication dans ce coup. Mais à ce moment vous saviez ce qui se passait non ? Oui ! Je le savais. Vous vouliez le tester ? Non ce n’était pas pour voir sa réaction. Je pense que tout le monde peut faire une erreur. C’est suffisamment grave ce qui se disait dans la bande sonore! On dit de tuer des personnes dont Salif Diallo ? Même moi-même, il disait de me tuer. Mais dans la partie qui est publique, on n’entend pas le nom de Yacouba Isaac Zida ! Il a dit de viser des cibles fortes. Surtout le PM ! Mais peut-être que cela signifie le Premier ministère ! Non non ! Vous voulez entendre ce que vous voulez. C’est donc votre personne qui était visée ? Oui. C’est ma personne qui était visée. Mais cela n’est pas grave. Il a le droit de viser ma personne. (… ) Ce qui est important, c’est que j’ai essayé toujours de le raisonner. Mais à un moment, quand je me suis rendu compte qu’il y avait un entêtement, je lui ai dit qu’il avait fait un choix qui allait lui être fatal.