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BOKO HARAM: Mort annoncée d’Abubakar Shekau – Vérité, mensonge ou manipulation ?

À sa… « prochaine » mort? 

En dehors de toute source indépendante, faut-il croire la seule version des militaires nigérians selon lesquels Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, serait mort dans de récents combats? Il y a vraiment de quoi être perplexe. Trop de choses ont été dites par le passé, et qui se sont révélées fausses par la suite. De plus, les officiels nigérians n’ont donné aucune précision quant à la date et au lieu du décès de leur ennemi public numéro un. 

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A deux reprises, depuis 2009, des sources sécuritaires ont annoncé la mort du leader de l’organisation terroriste. Mais, c’est bien la première fois que de façon officielle, la mort du leader de Boko Haram est évoquée. Des rumeurs ont d’abord circulé à ce sujet plusieurs jours durant. Les spéculations étaient alimentées par l’armée selon laquelle, « un chef terroriste de haut rang, gravement blessé », avait été capturé au cours d’affrontements à Konduga, dans le nord-est du Nigeria.

Le porte-parole de l’armée a fait remarquer que des habitants des communautés locales « ont corroboré les informations sur l’identité de Bashir Mohammed, alias Abubakar Shekau, alias Abacha Abdullahi Geidam, alias Damasack, etc. ». Dans tous les cas, l’armée nigériane se dit « déterminée à châtier quiconque prétendra s’exprimer sous l’identité de Shekau ou en son nom », a indiqué le général Christ Olukolade.

Une telle annonce de la mort d’Abubakar Shekau, manque de sérieux. Elle a de quoi rendre sceptique, en attendant que des sources indépendantes confirment la mort du chef des illuminés de l’islam radical au Nord-Nigeria. Cette sortie des militaires nigérians relève du théâtre filmé. Digne de Hollywood, elle semble procéder d’une stratégie visant à démoraliser les membres du groupe terroriste, et donc, au finish, à affaiblir Boko Haram. Le choix d’une telle stratégie est-il en rapport avec le laxisme qui se constate dans la gestion des troupes, et la mollesse qui se dégage des prises de décisions ? Si tel est le cas, ce genre de stratagème ne se révèle pas toujours aussi payant. Il faut plutôt craindre qu’il ne provoque davantage de courroux et donc de frayeurs de la part d’une organisation qui saura toujours trouver quelqu’un pour assurer la succession de son leader.

D’ailleurs, en quoi la mort d’Abubakar Shekau a-t-elle un impact sur la vie d’une organisation du genre de Boko Haram et les motivations de ses membres ? L’hydre pourrait bien repousser de plusieurs têtes, rendant ainsi le mouvement encore plus difficile à contrôler et donc à neutraliser. Dans les organisations terroristes, en général, rarement le remplacement du chef a donné du répit à ceux qui combattent les groupuscules du genre de Boko Haram. Lorsque le leader vient à passer de vie à trépas, celui qui le seconde se révèle bien souvent encore plus agressif et intraitable!

En tout cas, par cette annonce, l’armée nigériane fait honte à ce stade du combat contre Boko Haram. Honte parce qu’elle n’éclaire ni l’opinion nationale, ni l’opinion africaine quant aux investigations relatives à l’identification des sites où se trouvent détenues les 200 lycéennes. Celles-ci, faut-il le rappeler, sont entre les griffes du mouvement terroriste depuis plusieurs mois déjà. Et nul ne semble savoir avec précision où se situe leur lieu de détention, encore moins si elles sont toujours sur le territoire national et dans quel état. Les officiels de l’armée nigériane feraient bien de se taire, puisqu’ils sont incapables de faire la lumière sur ce dossier. Du reste, se glorifier en invoquant la mort du chef de Boko Haram n’arrangera rien. Cela ne fera que compliquer les choses.

En effet, une organisation dont l’évocation du seul nom fait frémir au Nigeria, pourrait tirer profit de cette annonce pour exceller dans la barbarie et l’ignominie. Si la mort d’Abubakar Shekau se confirme, ses partisans qui n’auront de cesse d’en faire un martyr, chercheront probablement à le venger. Pour certains partisans, même mort, leur leader continuera de vivre, et en paix, dans l’Au-delà. Pourquoi donc ne pas demeurer fidèles à ses idéaux, et donc poursuivre la lutte, se demanderont-ils ? D’autant que dans une organisation comme Boko Haram, mourir pour la cause équivaut indubitablement à prendre un visa pour le paradis.

Par conséquent, il faut éviter de se laisser manipuler par des dirigeants militaires désemparés et qui pourraient n’avoir pas dit la vérité. L’armée nigériane devrait respecter davantage l’opinion publique, puisqu’elle n’a vraiment pas été à la hauteur face à Boko Haram. Chaque jour, elle voit son image ternie davantage, à cause de ses échecs répétés face aux islamistes. Il faut rapidement y trouver des solutions. Dans un passé récent, cette armée avait fait la fierté du Nigeria et des Etats ouest-africains. Aujourd’hui, elle a intérêt à se réhabiliter rapidement, tant au niveau de son opinion nationale qu’aux yeux de l’opinion africaine.

Il lui faut faire preuve de plus de sérieux. Il y a énormément de travail à faire pour sortir le pays du trou. Par exemple, veiller à l’observation stricte de la discipline. Les militaires nigérians ne parviendront à vaincre Boko Haram que par leur propre cohésion. Jamais, elles ne l’emporteront par le mensonge et la désertion, encore moins en usant de l’arme de l’intox contre l’ennemi.

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