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AZEDDINE EL HACHEMY: Le chef marocain sculpteur des fruits

Chef… d’oeuvres!

Des bidonvilles de Casablanca aux chefs-d’œuvres créés avec des fruits, à Rieti. « Alitaliya.net », le site arabophone de notre groupe éditorial « Stranieri in Italia » a recueilli les propos d’Azeddine El Hachemy, qui raconte le fascinant parcours qui l’a porté du Maroc vers l’Italie, où il a pu, grâce à son courage et sa tenacité, réaliser en toute honnêteté son rêve de vie, sans nullement se laisser tenter par les raccourcis de la délinquance facile.

Azeddine El Hachemy est né à Casablanca. Il a 36 ans dont 15 passés en Italie. Il y est arrivé comme passager clandestin, après un voyage aventureux en bateau, en train et à pied. Il est actuellement chef cuisinier.

L’histoire d’Azeddine El Hachemy est fascinante, comme celles de tant d’autres immigrés partis à l’aventure, le coeur plein d’espoirs et de rêves.

«Quand je suis arrivé je n’avais sur moi que de l’eau et quelques biscuits, mais aussi l’espoir et le désir de devenir quelqu’un,  « Dans mon petit coin, en fait, après de nombreuses années de dur labeur, j’ai réussi à devenir un chef».  Aujourd’hui Azeddine travaille dans un restaurant de Rieti. La passion pour la cuisine est née en lui, depuis son enfance.

«Je cuisinais pour mes amis pour me payer les excursions à la mer», raconte Azeddine qui cependant, ces dernières années, a développé une habileté extraordinaire dans la décoration de fruits et légumes. Parmi ses nombreuses créations, il y a une pastèque transformée en un visage de femme marocaine avec le voile traditionnel, fruit de son désir de pouvoir, à sa manière, «honorer mon pays d’origine, qui demeure une partie importante de moi».

Et Azeddine de retarcer sa vie: «Mon voyage était dans mon destin. Quand j’étais gosse, ma grand-mère me disait que ma place était loin du Maroc. J’ai quatre sœurs et un frère, nous habitions dans une baraque. Je voyais mon père tous les 6 mois car il était dans l’armée. Je me sentais presque comme un fardeau. Je descendais au port pour aider les pêcheurs et gagner 2 euros par jour. Je ne voyais aucun futur pour moi mais les paroles de mon ami Hamid ont fait naitre en moi le désir de m’en aller. Mais chaque fois que j’étais sur le point de partir, je pensais à ma mère et le fort lien que j’avais avec elle me freinait. Ça a été ainsi jusqu’à un samedi de Mars 1996. Je vendais des cigarettes devant le port, Hamid est venu et m’a dit que, ce soir-là, serait parti pour l’Espagne un navire appelé « Fès ». Nous nous sommes embarqués en cachette, enfermés dans container pendant 15 heures. Puis nous sommes descendus dans un camion qui allait vers Malaga.

Mais le voyage se termine mal, Azeddine est arrêté par la police espagnole, enfermé dans un centre d’accueil et réexpédié au Maroc.

«Mais j’avais vu l’Europe pour la première fois et ça m’a follement plu», dit Azeddine qui, en effet, un an après, tente à nouveau la traversée, cette fois sur un navire en partance pour Marseille: «Caché sous des sacs de pommes de terre, nous avions avec nous deux paquets de biscuits et deux bouteilles d’eau d’un demi-litre, dont nous en avons ensuite perdue une».

De la France, un autre voyage d’aventure vers l’Italie avec un compagnon. «Après avoir quémandé un peu de sous, nous avions réussi à acheter un billet de train à Vintimille, mais on nous a conseillés de descendre à Monte-Carlo et de marcher jusqu’à San Remo parce qu’il y avait des controles. Et c’est ce que nous avons fait, parcourant le tunnel à pied».

Azeddine atteint Turin («c’est la ville que nommaient mes compatriotes»), mais il se retrouve dans un état de détérioration.

«C’était plein de trafiquants de drogue; peu travaillaient régulièrement, c’était pire que dans mon quartier. Mais en été 97, j’ai réussi à m’en aller de là parce que tout le monde voulait aller à la mer, et je suis donc arrivé à Rimini, où j’ai rencontré un garçon qui m’a conduit à Pesaro, où j’ai commencé à travailler régulièrement».

Dès ce moment-là, le sort lui sourit. «Il y a eu la « sanatoria » (régularisation de masse) de 1998 et, après environ un an, j’ai réussi à obtenir le permis de séjour. Aujourd’hui, je peux affirmer d’avoir été chanceux parce que j’ai à mes cotés, Paola, une personne merveilleuse qui m’a donné trois petits anges: Jalilah, Jibrail et Ibrahim».

Lala Zineb Maarouf Dafali (Alitaliya.net)

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