in

BURUNDI: Les tambourinaires changent de sexe!

Qu’est-ce que « sexe » ça?

Du jamais vu: des femmes tambourinaires au Burundi. Certains hommes burundais voient ce phénomène comme un pas en avant vers l’égalité des sexes, mais d’autres le considèrent comme une trahison de la culture et de l’histoire du Burundi.

altUne femme maçonne, mécanicienne, chauffeur, … Les hommes burundais croyaient avoir tout vu et semblaient avoir tout accepté. Mais aujourd’hui, ils n’en reviennent pas : des femmes tambourinaires !

Tous les métiers sont ouverts aux femmes

Une première dans l’histoire du Burundi. La scène insolite est à retrouver dans le nord-est du Burundi, dans la province de Kirundo, dans la commune de Busoni. Des femmes à l’allure fière qui utilisent leurs muscles pour exhiber leurs talents de danse, tambour battant, dans chaque cérémonie officielle.

Les participantes ne trouvent rien d’étonnant à leur prestation : « Quand nous parlons de l’égalité des genres, cela doit se manifester dans tous les domaines. Il n’y a plus de danse réservée aux hommes au même titre que désormais tous les métiers sont ouverts aux femmes« , affirme Immaculée, l’une des tambourinaires, sourire aux lèvres.

Les hommes de Busoni sont d’accord, ils sont presque unanimes : « Nous sommes contents de voir nos femmes jouer et danser au tambour. C’est un pas en avant pour notre société« , témoigne Élias, sexagénaire.

Étienne, lui, de passage dans cette commune aux femmes révolutionnaires, est plutôt perplexe, mais ne trouve rien à redire à cette tradition insolite : « Une femme qui joue et danse au tambour ? C’est du jamais vu au Burundi!

La pilule reste difficile à avaler

À quelques centaines de kilomètres de là, en province Ngozi (le nord du Burundi), tout comme à Bujumbura la capitale, la pilule reste difficile à avaler pour les hommes.

« Depuis quand le tambour est-il pour les femmes ?« , se demande Cyrille, déçu. Jean-Pierre, lui, choqué, va plus loin et parle d’une insulte : « Le tambour est le symbole du pouvoir et de la souveraineté. Jamais dans la culture burundaise, et ce depuis des temps anciens, on n’a vu une femme tambourinaire. Une chose pareille est une insulte pour notre culture. »

Pourquoi cette résistance chez la gente masculine? La réponse est peut-être dans l’histoire du tambour au Burundi. En effet, dans le Burundi ancien, le tambour était battu uniquement par des hommes dans de grandes cérémonies et en présence du roi.

Personne d’autre n’avait ce privilège. Le tambour incarnait le pouvoir et la souveraineté du roi. Il y avait des tambours simples qui résonnaient dans différentes festivités et d’autres qui étaient « sacrés » comme le Karyenda qui, selon la légende, représentait « l’âme du Burundi », et symbolisait le pouvoir et la royauté. Le Nyabuhoro, lui, était considéré comme garant de la sécurité du pays.

Cetains symboles réservés traditonnellement aux hommes seraient-ils menacés par ces tambourinaires d’une nouvelle époque ?

En attendant, Immaculée et ses amies ont bien l’intention de continuer à faire résonner haut et fort leur tambour pendant les cérémonies officielles de la petite ville du nord du Burundi.

BAD: 50ème anniversaire – Après la croissance, la transformation économique

GORGUI SY DIENG: « Je viendrais jouer pour mon pays »