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TUNISIE: Arrestation d’Amina «Femen» durant les émeutes du Congrès d’Ansar Echariaa à Kairouan

Cont-Amina-tion… religieuse?

Accès bloqués, rues et ruelles désertes, avions survolant l’espace kairouanais, une grande alerte parmi les militaires et les forces de sécurité et une ville complètement isolée de son environnement extérieur. Kairouan ressemblait à une forteresse se préparant à défendre son territoire contre une attaque étrangère.

altLe congrès d’Ansar Echariaâ aura-t-il lieu? Telle est la question que se posaient des gens priant pour qu’il n’y ait ni dégâts matériels ni pertes en vies humaines. Les négociations entre Ansar Echariaâ occupant les mosquées «Errahba» et «El Fath» et certains cheikhs de la ville se poursuivaient alors que se sont déclenchées dans les alentours de la mosquée Okba-Ibn Nafaâ des rixes entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes qui, curieux de connaître les derniers agissements de la place des Martyrs mais empêchés d’y accéder par les policiers, ont procédé à des jets de pierres. Ce qui a contribué à l’usage par les forces de sécurité de bombes lacrymogènes afin de dissuader les assaillants d’avancer vers la place des Martyrs.

Gravement atteints par la fumée dégagée par ces bombes lacrymogènes, les gens attablés dans les terrasses des cafés en face de la Médina ont été contraints de quitter les lieux, tout en s’indignant de la réaction «exagérée» de la part des agents de sécurité. Après ces altercations et là où l’on s’attendait à ce qu’un calme provisoire se rétablisse, ont éclaté d’autres actes de violence. C’était cette fois-ci en réaction contre la présence d’Amina «Femen» à Kairouan. La jeune féministe en visite dans la ville pour manifester contre les salafistes et Ansar Echariaâ a auparavant inscrit l’expression «Femen» sur un rempart de la vieille ville.

Ce qui a constitué une grande provocation à l’égard de plusieurs Kairouanais qui revendiquaient sa condamnation. La jeune activiste au sein du réseau «Femen Tunisie» a été arrêtée avant de se déshabiller en public. Une action suite à quoi il a été procédé à l’arrestation de trois jeunes appartenant à Ansar Echariaâ.

Hommage et dénonciation

Les Kairouanais rencontrés au gré d’un petit tour dans la ville se sont montrés satisfaits des prestations des militaires et des forces de sécurité, insistant sur l’impératif de faire respecter la loi par tous les citoyens. Toutefois, ils dénoncent énergiquement le manque de visibilité, l’égoïsme et les calculs partisans, aux dépens de l’intérêt supérieur de la patrie et des Tunisiens. Pour Jamel, la cinquantaine, l’enjeu qui pèse le plus aujourd’hui est d’ordre économique, le reste «c’est de la littérature». Comme il le pense, la religion est après tout une affaire personnelle et l’homme n’a point besoin d’intermédiaire pour ce qui est de sa relation avec son Créateur. «Durant ces derniers jours, les gens vivaient une frustration totale et s’inquiétaient pour l’avenir de leurs activités économiques. Car, en définitive, le gagne-pain prime sur tout le reste».

L’interlocuteur note, de surcroît, que les salafistes et les membres d’Ansar Echariaâ qu’il connaît sont des gens modérés et que leur diabolisation par plusieurs médias n’a fait qu’attiser les tensions. «C’est un témoignage que je vous livre tout en étant neutre et objectif. Il faut qu’on reconnaisse nos torts. Il nous manque aujourd’hui la juste mesure, un peu de recul par rapport aux différents évènements et agissements de la scène politique et sociale et une vision globale des choses. Il nous faut toutes ces conditions pour réussir à bâtir l’Etat démocratique dont nous rêvons tous».

Tarak abonde dans le même sens, mais en haussant le ton. Pour lui, il s’agit d’une pièce de théâtre dont les réalisateurs ne sont autres que «les alliés de l’ancien régime et la nouvelle sangsue du peuple». L’homme pense également que les évolutions dangereuses que vit le pays sont orchestrées par des parties étrangères. «Nos gouvernants ne sont que des pions entre les mains de certaines grandes puissances qui mènent tout un projet dans la région maghrébine et arabe. Et nous autres ne serions à notre tour que des pions entre les mains de ces gouvernants en panne de projets pour la promotion et la prospérité de la nation».

Pour Walid, enseignant, tout le malheur du pays vient de ses dirigeants, aussi bien les anciens que les nouveaux. «Voilà une anecdote qui peut vous éclairer davantage sur les dessous de l’échec et de l’inertie de toute une nation. Au IXe siècle, Fatima Al Fehriya, Kairouanaise avide de savoir, a atteint la ville de Fès au Maroc en quête de nouvelles connaissances. Héritière d’un riche kairouanais, elle était à l’origine de la fondation de l’université des Karaouiyines. Toute une série de noms parmi les plus grands sont associés à cette université : les grands précurseurs tels les philosophes Avenpace et Averroès, le géographe Ali Idrissi, mais aussi Maimonide et Ibn Khaldoun, pour ne citer que ceux-là. Aujourd’hui, des siècles après, nous en sommes à des débats stériles et au degré zéro de la pensée. A méditer, bien évidemment».

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