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R.D. CONGO: Assassinat de Patrice Lumumba – Vers un procès en Belgique?

Justice à Patrice!

La justice belge s’est déclarée compétente, mercredi 12 décembre, pour lancer une enquête sur l’assassinat, en janvier 1961, de Patrice Lumumba, premier chef du gouvernement du Congo-Kinshasa indépendant.

altUne commission d’enquête belge avait déjà conclu, en 2001, à la «responsabilité morale» de la Belgique dans cet assassinat. Cependant, les héritiers de l’ancien Premier ministre veulent aller plus loin et souhaiteraient que cette enquête puisse permettre de juger ceux qui ont été mêlés à l’opération.

C’est un premier pas que vient de franchir la justice belge, 50 ans après les faits. Ce sombre épisode de l’histoire du Congo commence le jour de son indépendance. Le 30 juin 1960, Patrice Lumumba, alors premier chef du gouvernement, prononce un discours virulent contre la colonisation belge.

«Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Hommage aux combattants de la liberté nationale! Vive l’indépendance et l’unité africaine! Vive le Congo indépendant et souverain!» avait-il déclaré lors d’un sévère réquisitoire devant le roi Baudouin de Belgique, lui-même.

La rupture de Lumumba avec l’ancien colonisateur belge est claire. C’est à partir de ce discours, retransmis à la radio, que tout va s’accélérer. Des troubles anti-belges éclatent, poussant la Belgique à dépêcher des troupes dans différentes régions du Congo, notamment au Katanga qui décide de faire sécession, avec le soutien de la Belgique. Les semaines qui ont suivi le discours de Patrice Lumumba finissent aussi de convaincre les autorités belges qu’il faut écarter ce Premier ministre gênant.

Et c’est au moment où le bras de fer politique entre le président congolais, Joseph Kasa-Vubu, et le Premier ministre Patrice Lumumba bat son plein que Joseph Désiré Mobutu – chef d’état-major – prend le pouvoir. Peu de temps après, Lumumba est placé en résidence surveillée et coupé de sa base. Il réussit à s’échapper et essaye de déplacer ainsi ses activités vers Stanleyville (l’actuelle Kisangani) où l’attendent ses fervents partisans. Mais il est arrêté en cours de route. Il finit par être transféré à Elisabethville – l’actuelle Lubumbashi – dans la province du Katanga où une mort certaine l’attendait. C’est dans ce territoire sécessionniste contrôlé par Moïse Tschombe qu’il a été torturé et exécuté le 17 janvier 1961.

L’ombre de la CIA plane sur cet assassinat mais, depuis, la responsabilité de la Belgique a pu être démontrée. Responsabilité des politiques au sein du gouvernement belge de Gaston Eyskens mais aussi d’anciens policiers et fonctionnaires actifs, à l’époque des faits, et encore en vie, qui auraient également une responsabilité dans la mise en oeuvre concrète de l’assassinat.

Dans son livre-enquête « L’assassinat de Lumumba« , paru en 2000, le sociologue Ludo de Witte a décortiqué les responsabilités dans la mise à mort du Premier ministre congolais et démontre une implication claire des autorités belges de l’époque. Ludo De Witte revient sur cet assassinat et sur la responsabilité des autorités belges.

L’enquête, que la justice belge s’apprête à lancer, fait suite à une plainte déposée par la famille du héros de l’indépendance congolaise. Les héritiers de Patrice Lumumba veulent que la Belgique aille donc au-delà de la responsabilité morale.

Roland Lumumba, l’un des enfants de Patrice Lumumba, qui dirige la fondation qui porte le nom de son père, considère cette décision de la Belgique comme étant une première victoire sur le chemin de la vérité. Selon lui, cette enquête doit permettre de punir la dizaine de Belges, encore vivants, qui serait impliquée dans ce crime mais également toute personne qui a été mêlée à cette histoire.

De son côté, Adolphe Muzito, ancien Premier ministre et membre du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) se dit confiant en la justice belge et rappelle les dommages que cet assassinat a également causés à l’Etat et au peuple congolais, car Patrice Lumumba a été assassiné alors qu’il exerçait ses fonctions de Premier ministre.

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