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R. D. CONGO: Dieudonné Kabongo meurt sur scène

Ce comédien, conteur, humoriste et musicien s’en est allé… à la Molière!

Cet artiste polyvalent à savoir Dieudonné Kabongo est décédé sur scène au centre Armillaire à Jette (région bruxelloise) le mardi 11 octobre dernier. Il avait 61 ans. Il s’est fait connaître en compagnie de Mirko Popovitch (l’actuel directeur d’Africalia), dans le spectacle « Méfiez-vous des tsé-tsé », un face à face entre colonial et colonisé. Il a participé à plusieurs films dont le Damier, Ti amo, Pièces d’identité, etc.

Un comédien peut-il rêver plus belle mort ? Dieudonné Kabongo s’est effondré en scène, à Jette, où il participait à une représentation des « Nouvelles de l’Espace » un spectacle de Jean-Louis Leclercq. Comme Molière, il a quitté la vie sur une dernière pirouette, face à ce public qu’il aimait tant et qui le lui rendait bien et qui n’aura pas eu le temps de le remercier, de lui faire une ovation.
D’autres multiplient les tournées d’adieu, n’en finissent pas  de se retirer sur la pointe des pieds mais à grand bruit. Dieudonné lui, massif et sans concessions comme il était, s’est écroulé d’un bloc et c’est bien la seule fois où il n’a fait rire personne.

Comment et où le remercier ? Où est il à présent? Au paradis des ancètres, quelque part du côté du Katanga, sa terre natale ? en compagnie de Molière et des autres, dans un coin du ciel réservé aux gens de son espèce, ces parias qui naguère ne pouvaient pas être enterrés en terre chrétienne ? dans une médiathèque où les fans revoient le film de Raoul Peck sur Lumumba où il incarnait un Mobutu implacable, plus austère que nature?

Peut-être hante-t-il aussi les coulisses de ces théâtres où on le vit si souvent, les petits cours du off d’Avignon où il officiait parfois à l’heure du thé, les scènes  de Bruxelles et de Boistfort, la commune où il s’était intégré depuis si longtemps ?
Mais saura-t-on vraiment qui était Dieudonné ? Tellement congolais, avec son grand rire, son regard malicieux, ses aphorismes et ses souvenirs de la colonisation «il paraît que vous m’avez découvert… »

Tellement belge aussi, réaliste, surréaliste, spectateur amusé et parfois inquiet de nos querelles tribales, de nos paradoxes qu’il savait croquer comme pas deux. Dieudonné, en privé, comme tous les grands comiques, était souvent grave. Il évoquait le destin du Congo, la guerre, les injustices, suivait au jour le jour les péripéties politiques ; il aimait aussi parler de la Belgique, de la vie et des amis; il savait aussi se taire, écouter en silence et puis, alors qu’on ne s’y attendait pas, lâcher une vanne désopilante. Il ne parlait jamais de sa santé, de ses finances, de son avenir, comme s’il affectait de vivre dans l’instant, et cela alors que l’on connaissait son affection pour sa famille, ses soucis, ses combats…

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