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MALI: Vers une scission en douce du pays?

Que nous nous… affranchissions des scissions! 

Le 3ème round des discussions de paix inter-malien intervient dans un contexte marqué par une recrudescence des violences armées dans le Nord-Mali. 

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À la veille du retour des parties maliennes à Alger, deux documents contenant les propositions de plans de sortie de crise ont été publiés par la presse malienne et internationale. Ces deux documents émanent du gouvernement malien et de la coalition des groupes politico-armés (touareg, arabes et minorités ethniques du Nord-Mali), en négociations de paix sous la médiation algérienne depuis le début de l’été dernier.

Après avoir établi une feuille de route le 24 juillet 2014, dans laquelle les parties en conflits se sont engagées à négocier de «bonne foi» dans le respect de l’unité territoriale et du caractère laïc et républicain de l’État malien, les Maliens se retrouvent donc à Alger pour décider de l’issue de cette crise qui a commencé il y a 60 ans et qui n’a jamais pu se régler par la voie des armes.

Le coup d’État de 2012 contre l’ancien président Ahmadou Toumané Touré a donné lieu à une nouvelle rébellion touarègue, sous le conduite du Mnla, qui a saisi l’occasion de cette crise institutionnelle à Bamako pour réclamer l’indépendance de l’Azawad, ce vaste territoire du Nord-Mali, devenu aussi le sanctuaire des groupes terroristes islamistes d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), d’Ansar Eddine et du MUJAO (Mouvement Unifié Jihadiste en Afrique de l’Ouest). Ces groupes islamistes ont profité de ce chaos institutionnel et sécuritaire pour étendre leur territoire.

Mais l’intervention militaire française a freiné leur avancée, ouvrant aussi la voie à l’entame d’un long et sinueux processus de négociations entre les rebelles et les autorités de transition de Bamako, sous la médiation de la CEDEAO (Communauté Economique de Développement des États de l’Afrique de l’Ouest), qui a abouti à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu le 24 mai 2013 à Ougadougou (Burkina Faso). Depuis, du chemin a été fait dans ces pourparlers, malgré les violations régulières de cet accord. La volonté du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, de poursuivre les discussions de paix à Alger a été favorablement accueillie par l’Algérie, dont l’implication active dans le règlement pacifique de la crise politico-sécuritaire malienne remonte à des décennies. L’Algérie a réussi ainsi à réunir les principaux acteurs maliens autour d’une même table pour trouver une solution durable à la crise malienne. Ce qui ouvrira également de meilleures perspectives pour la stabilité de l’ensemble de la zone sahélo-saharienne et toute la région de l’Afrique de l’Ouest. C’est ce qui explique, par ailleurs, l’engagement de la communauté internationale (ONU, Union Européenne, Union Africaine et CEDEAO) aux côtés de l’Algérie dans la gestion de ce dossier explosif. Mais cela suffira-t-il pour ramener la paix au Mali ? Sûrement pas si on décortique les propositions énumérées dans le plan de sortie de crise de la coalition des groupes politico-armés du Nord-Mali.

Certes, ces groupes ont cessé momentanément de réclamer ouvertement l’indépendance de l’Azawad, mais ils n’ont pas l’intention de rentrer chez-eux sans l’obtention d’un statut particulier pour ce territoire, peu importe le temps que prendront les discussions d’Alger. Sachant d’avance que les populations maliennes du sud du pays, les organisations politiques de Bamako et les organisations de la société civile sont toutes opposées à l’idée d’un statut particulier de l’Azawad. Le gouvernement malien propose un plan de sortie de crise dans lequel il est clairement question d’une décentralisation avancée sur le plan politique, juridique et institutionnel qui touchera jusqu’à la réorganisation des corps de l’armée et des services de sécurité.

Pourtant, le Président malien et son gouvernement sont pertinemment conscients que le Mnla et ses alliés sont loin d’accepter le projet de décentralisation de Bamako. Dans leur document qui est actuellement soumis à discussion à Alger, les groupes du Nord-Mali cherchent à obtenir le statut de fédération pour l’Azawad dans le cadre d’un nouvel État malien fédéral. «Le présent statut vise la reconnaissance par le gouvernement malien de l’État fédéré de l’Azawad comme partie intégrante du territoire de la future Fédération du Mali», lit-on dans le document de la coalition des groupes armés qui, comme on le constate, affirme son respect de l’unité territoriale du Mali. Mais en avançant dans la lecture dudit document, force est de constater que cette coalition rêve d’un Azawad où Bamako n’a quasiment aucun pouvoir sur les futurs choix politico-économiques au sein de ce territoire.

Dans le second chapitre du plan de sortie de crise, lié à l’«organisation institutionnelle de l’État de l’Azawad», il est stipulé que «l’État fédéré de l’Azawad s’administre librement à travers : un gouvernement de l’État de l’Azawad dirigé par un Président élu au suffrage indirect par les Assemblées régionales de l’Azawad». Ce dernier aura la charge de coordonner «l’action gouvernementale et engage directement l’État de l’Azawad par rapport aux partenaires techniques et financiers et conduit la politique de développement socioéconomique, financière, culturelle, environnementale, sécuritaire de l’Azawad». Ce point a déjà fait l’objet d’un rejet total de la part des populations maliennes et des principaux acteurs politiques à Bamako. Des marches de protestation ont même été organisées pour dénoncer ce que les opposants au dialogue d’Alger considèrent comme un «acte de haute trahison» d’IBK.

La coalition des groupes politico-militaires du Nord-Mali pousse les choses encore plus loin en demandant le transfert du siège de l’actuelle capitale Bamako à Mopti, une ville du centre du pays, comme capitale fédérale «pour un rapprochement des services publics fédéraux de tous les citoyens», lit-on encore dans ce document. Tout en dénonçant leur exclusion de la vie politique et institutionnelle, les dirigeants des groupes du Nord-Mali semblent vouloir répéter les mêmes erreurs que les précédents gouvernements maliens.

Car, ils cherchent directement à exclure les membres issus des autres communautés évoluant dans le sud du pays des futures institutions fédérales, comme on peut le lire dans une des propositions émises concernant ce chapitre. «Pour les besoins du fonctionnement adéquat de l’administration générale de l’État de l’Azawad, il est créé une Fonction publique de l’État de l’Azawad dont les agents seront des fonctionnaires originaires de l’Azawad et issus des recrutements si nécessaire», proposent en effet le Mnla et ses alliés qui demandent, par ailleurs, de «redessiner un drapeau fédéral». En résumé, nous sommes donc loin d’une simple redistribution des cartes pour un meilleur équilibre régional à travers le Mali.

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